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Prague et Berlin pointent la Russie après avoir été visés par plusieurs cyberattaques
Des institutions tchèques ont été visées par des cyberattaques préparées par un groupe lié à la Russie, a déclaré, vendredi, le ministère tchèque des Affaires étrangères. L'Allemagne a, de son côté, indiqué avoir convoqué le chargé d'affaires de l'ambassade russe pour des cyberattaques remontant à 2022 et visant notamment le Parti social-démocrate (SPD) au pouvoir.

C'est le dernier épisode de la guerre hybride menée par Moscou en Europe. Le ministère tchèque des Affaires étrangères a déclaré, vendredi 3 mai, que Prague avait été à plusieurs reprises la cible de cyberattaques orchestrées par un groupe lié aux services de renseignement militaire russes GRU.

"Certaines institutions tchèques ont été la cible de cyberattaques exploitant une vulnérabilité inconnue jusqu'alors dans Microsoft Outlook à partir de 2023", a déclaré le ministère dans un communiqué.

Se référant au "mode opératoire et aux objectifs de ces attaques", le ministère tchèque pointe le groupe russe APT28, aussi connu sous le surnom de "Fancy Bear".

Selon le ministre tchèque de l'Intérieur, Vit Rakusan, les infrastructures du pays ont enregistré "plusieurs dizaines" d'attaques de ce genre.

"Ces attaques ont été orchestrées par la Fédération de Russie et son service de renseignement GRU", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec son homologue allemande Nancy Faeser.

"La République tchèque est une cible" et est "perçue par la Fédération de Russie comme un pays ennemi", a-t-il ajouté.

"Comportement agressif de la Russie"

Le gouvernement allemand a, de son côté, indiqué avoir convoqué le chargé d'affaires de l'ambassade de Russie. Berlin accuse le même groupe de hackers russes d'être à l'origine de cyberattaques, notamment contre des membres du Parti social-démocrate allemand (SPD).

"Nos partenaires et nous-mêmes ne tolérerons pas ces cyberattaques et nous utiliserons tout l'éventail des mesures disponibles pour prévenir, dissuader et répondre au comportement agressif de la Russie dans le cyberespace", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Les cyberattaques menées en 2022 visaient notamment le Parti social-démocrate (SPD) au pouvoir, ainsi que des entreprises du secteur de la Défense, de l'aérospatiale, de la logistique et des technologies de l'information, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Il s'agit du résultat d'une "enquête commune" avec les autorités tchèques, a précisé un autre porte-parole allemand, alors que la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, se trouve à Prague pour rencontrer son homologue tchèque.

Les pays membres de l'UE "condamnent fermement" cette campagne de cyberattaques imputée à un groupe "contrôlé par la Russie", a indiqué vendredi le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, au nom des Vingt-Sept.

Propagande et sabotage

Le ministre tchèque des Affaires étrangères,  Jan Lipavsky, a ajouté auprès de l'AFP que "pointer du doigt publiquement un attaquant spécifique est important pour protéger les intérêts nationaux".

La République tchèque, qui fait partie de l'UE et de l'Otan, a apporté une aide militaire et humanitaire substantielle à l'Ukraine depuis le début de l'attaque russe contre ce pays en février 2022.

Plus tôt cette semaine, la police tchèque a déclaré voir dû classer l'enquête concernant deux explosions dans un dépôt de munitions de l'est du pays en 2014, en accusant le GRU de les avoir orchestrées.

Selon elle, la Russie a refusé de coopérer dans l'enquête sur ces explosions, qui ont provoqué la mort de deux employés locaux.

Un rapport du renseignement tchèque sur cette affaire avait provoqué des expulsions massives de diplomates de part et d'autre en 2021.

En mars dernier, le renseignement tchèque a déclaré avoir débusqué un réseau financé par Moscou pour répandre de la propagande favorable à la Russie en Europe, visant en particulier le Parlement européen avant les élections européennes de juin.

Le groupe se servait du site d'information Voice of Europe basé à Prague pour diffuser des informations visant à dissuader l'UE d'envoyer de l'aide à l'Ukraine.

Avec AFP et Reuters