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En Argentine, les députés donnent un premier feu vert aux réformes ultralibérales de Javier Milei
Le train de réformes ultra-libérales du président argentin Javier Milei a obtenu un premier feu vert, mardi, à la Chambre basse, où les députés ont voté à 142 voix pour, 106 contre et cinq abstentions.

Une première étape avant le passage au Sénat. Les députés argentins ont donné mardi 30 avril un premier feu vert, sur le principe, au paquet de mesures ultralibérales du président Javier Milei, un projet fortement édulcoré depuis le revers subi au Parlement en février par une version initiale pharaonique. 

Après une session marathon de plus de 20 heures, la loi fondamentale a obtenu dans la matinée 142 voix pour, 106 contre et cinq abstentions. Il s'agit d'une décision "en général", avant un vote dit "en particulier" sur chacun des articles soumis à la Chambre basse.  

230 articles débattus 

Quelque 230 articles sont soumis au débat, au lieu des plus de 600 initiaux de la loi dite "omnibus", avec des bémols apportés sur la privatisation d'entreprises publiques – 11 prévues, dont Aerolineas Argentinas, au lieu de 44 au début – ou la flexibilisation du droit du travail, en version allégée.  

Le rétablissement de tranches d'impôt sur le revenu, que le gouvernement de centre-gauche précédent avait supprimées, ainsi qu'une batterie d'avantages fiscaux, figurent aussi au projet de loi, qui laisse de côté des aspects sociétaux controversés du texte débattu en février, comme la réforme du divorce.  

Malgré des accords passés avec des blocs de droite, le vote de chacun des articles n'est pas garanti, dans un hémicycle où le parti libertarien de Javier Milei n'est que le troisième groupe (38 députés sur 257).  

Il s'agit par ailleurs d'une première étape avant le Sénat, où l'arithmétique est encore plus délicate pour le parti présidentiel. 

À ce jour, les réformes de Javier Milei, président depuis décembre, ont subi deux revers au Parlement : en février quand les députés ont forcé le renvoi en commissions de la loi omnibus. Puis en mars, lorsque le Sénat a rejeté un autre volet, le "Décret de nécessité et d'urgence", méga-décret publié au début de sa présidence et à ce jour partiellement en vigueur. 

"Ruiner la population" 

Mais la "thérapie choc" d'austérité promise est, elle, bel et bien en place, entre dévaluation brutale du peso (plus de 50 %), libéralisation des prix et des loyers, fin des subventions aux transports, à l'énergie, gel des chantiers publics, etc. 

Une manifestation aux abords du Parlement, à l'appel de mouvements sociaux et de gauche radicale, s'est prolongée jusque tard dans la nuit lundi, mais sans incident, contrairement aux tensions et heurts de la session de février. 

"Ce que fait le gouvernement national, c'est tout simplement vendre la patrie, ruiner la population", s'est insurgé auprès de l'AFP Manuel Crespo, un enseignant de 29 ans.  

Une manifestation est prévue le 1er mai, jour de la fête du Travail, contre la réforme du travail et les mesures d'austérité du gouvernement. Les syndicats ont également appelé à une grève nationale le 9 mai, qui serait la deuxième depuis l'arrivée au pouvoir de Javier Milei en décembre. Le 24 avril, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays contre la suppression du financement des universités publiques. 

Premier excédent budgétaire

"Notre plan fonctionne", martèle régulièrement le président, qui cite la décélération continue de l'inflation depuis son arrivée (de 25 % mensuels à autour de 10 %), et un excédent budgétaire au premier trimestre, une première depuis 2008. 

Que les parlementaires "jettent la loi (omnibus), qu'ils jettent tout, nous allons réussir quand même malgré la politique", a-t-il récemment lancé, en mode défi et pour dédramatiser d'avance un éventuel nouveau revers législatif. 

Dans sa première intervention publique depuis la défaite de son camp péroniste (centre-gauche) à la présidentielle, l'ancienne présidente (2007-2015) Cristina Kirchner a ce week-end accusé Javier Milei d'infliger un "sacrifice inutile" aux Argentins au nom de l'équilibre budgétaire. "A quoi ça sert, si les gens crèvent de faim, perdent leur emploi et n'y arrivent pas en fin de mois ?" 

Avec AFP