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Le président polonais Andrzej Duda s'est déclaré favorable, lundi, à l'accueil de l'arme nucléaire sur son sol si l'Otan décide de renforcer son flanc Est, face au déploiement par la Russie de nouvelles armes à Kaliningrad et en Biélorussie. Le chef d'État a par ailleurs assuré qu'une telle proposition n'avait pas encore été formulée.

La Pologne prête à accueillir des armes nucléaires sur son sol. Le président polonais Andrzej Duda a déclaré lundi 22 avril que son pays est favorable à cette option si l'Otan - dont elle est membre - décide de renforcer son flanc Est face au déploiement par la Russie de nouvelles armes à Kaliningrad et en Biélorussie. 

"Si nos alliés décident de déployer des armes nucléaires dans le cadre du partage nucléaire sur notre territoire afin de renforcer la sécurité du flanc oriental de l'Otan, nous sommes prêts à le faire", a expliqué Andrzej Duda lors d'un entretien publié dans le quotidien populaire Fakt.

Interrogé sur cette hypothèse, le porte-parole du Kremlin a affirmé lundi que la Russie garantirait sa "sécurité" si cela devait se produire.

"Les militaires analyseront bien sûr la situation et, dans tous les cas, prendront toutes les mesures de rétorsion nécessaires pour garantir notre sécurité", a déclaré à la presse Dmitri Peskov.

Le président Duda, qui se trouve actuellement au Canada après une visite aux États-Unis, a souligné lundi soir qu'aucune décision à ce sujet n'avait été prise. 

Discussions avec Washington "depuis un certain temps"

Le partage nucléaire potentiel "renforcerait certainement notre position et notre sécurité", a-t-il dit aux médias polonais lors de son déplacement.

"C'est pourquoi nous soulevons la question, mais je tiens à souligner très fermement ici, pour qu'il n'y ait aucun doute, qu'aucune décision n'a été prise à ce sujet".

Dans son entretien au quotidien Fakt, le chef de l'État polonais a encore indiqué que la question d'un déploiement potentiel d'armes nucléaires en Pologne faisait l'objet de discussions entre la Pologne et les États-Unis "depuis un certain temps". "J'ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises", a-t-il déclaré. 

Andrzej Duda avait rencontré en mars son homologue américain Joe Biden. Selon lui, "la Russie militarise de plus en plus l'enclave de Kaliningrad. Elle est en train de transférer ses armes nucléaires en Biélorussie", deux territoires qui sont voisins de la Pologne.

En juin 2023, le président russe Vladimir Poutine avait annoncé avoir transféré en Biélorussie de premières armes nucléaires.

Cohabitation difficile avec Donald Tusk        

Mardi, le Premier ministre Donald Tusk doit rencontrer à Varsovie son homologue britannique Rishi Sunak et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Interrogé lundi par les journalistes à Varsovie, Donald Tusk a déclaré souhaiter "connaître toutes les circonstances qui ont conduit le président (polonais) à faire cette déclaration". 

Depuis la victoire électorale de la coalition pro-européenne de Donald Tusk en octobre, la Pologne vit une période délicate de cohabitation, Andrzej Duda étant un proche allié de l'ancien pouvoir nationaliste populiste.

"Je tiens beaucoup à ce que la Pologne vive en sécurité, à ce qu'elle soit aussi bien armée que possible, mais je voudrais aussi que toute initiative éventuelle soit, tout d'abord, très bien préparée par les personnes qui en sont responsables", a dit Donald Tusk.

Selon la Constitution polonaise, le président de la République est formellement le chef suprême des armées exerçant ses fonctions "par l'intermédiaire" du ministre de la Défense. Dans les domaines des politiques étrangères, il est tenu de "collaborer avec le Premier ministre et les ministres responsables".  

"J'attends avec impatience une rencontre avec M. le président Duda", a déclaré Donald Tusk. Les deux hommes politiques se sont souvent opposés sur le plan de la politique intérieure, mais leurs points de vue sur le soutien à l'Ukraine et sur la menace russe sont restés largement similaires.

Au sommet tenu à Vilnius en 2023, les Alliés ont réaffirmé que l'Otan ferait "tout ce qui est nécessaire pour assurer la crédibilité, l'efficacité, la sûreté et la sécurité de sa mission de dissuasion nucléaire, y compris continuer de moderniser ses capacités nucléaires et actualiser son processus de planification".

Avec AFP