Pas question de dévier de la ligne. Pour son centième jour à Matignon, Gabriel Attal a longuement défendu son bilan jeudi 18 avril au soir lors d'une émission spéciale sur BFMTV.
Le Premier ministre a répété le mantra "pas de hausses d'impôts" cher à Emmanuel Macron et à sa majorité. Pour preuve : l'engagement présidentiel d'une baisse de deux milliards des impôts pour les ménages "sera tenu", a assuré Gabriel Attal, qui l'assortit néanmoins d'une mesure d'économie équivalente.
Le Premier ministre n'a pas souhaité détailler la nouvelle enveloppe de 10 milliards d'euros d'économie attendue en juin, après celle décidée en février. Face à la dégradation budgétaire, en 2025, l'exécutif entend réaliser encore 20 milliards d'économies supplémentaires.
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Des collégiens scolarisés tous les jours de la semaine
Cette émission était programmée après une première séquence régalienne du Premier ministre, qui a annoncé, jeudi matin depuis Viry-Châtillon (Essonne), une série de mesures et une "concertation" de huit semaines pour faire face à la violence d'une partie de la jeunesse.
Il s'est voulu plus direct sur BFMTV en dénonçant "des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire un entrisme islamiste", prônant "les préceptes de la charia, notamment dans les écoles".
Parmi les premières mesures pour attaquer "le mal à la racine", le Premier ministre a affirmé : "Tous les collégiens seront scolarisés tous les jours de la semaine, entre 8 h et 18 h" car "la journée, la place est à l'école, à travailler et à apprendre".
Il a insisté sur la responsabilisation des parents, et rappelé qu'une commission rendrait d'ici à la fin du mois des propositions pour réguler la dépendance aux écrans, jugés en partie responsables de la "dérive" de certains jeunes.
Gabriel Attal, qui s'est entretenu avant son discours avec les équipes et les bénéficiaires de la MJC de Viry, a également annoncé que les élèves perturbateurs devraient être "sanctionnés" dans l'obtention de leurs diplômes scolaires. "La condition pour effacer cette mention" serait "la réalisation d'activités d'intérêt général et bien sûr, de se tenir à carreau", a-t-il précisé.
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Un durcissement de la condition d'affiliation pour réformer l'assurance-chômage
Gabriel Attal a par la suite énuméré trois leviers pour faire évoluer l'assurance-chômage : la durée d'indemnisation, la condition d'affiliation soit "combien de temps il faut avoir travaillé pour toucher l'assurance-chômage, c'est six mois dans les 24 derniers mois" et le niveau d'indemnisation.
"J'ai annoncé qu'on concerterait avec les partenaires sociaux sur ce sujet. C'est ce que va faire la ministre Catherine Vautrin, je le lui ai demandé, dans les prochains jours, les prochaines semaines, afin qu'on puisse faire cette réforme", a déclaré Gabriel Attal.
"Il y a un système qui s'est organisé pour des multiplications de petits contrats, des contrats courts, entre lesquels on bénéficie du chômage. 'Je travaille quelques mois, je touche le chômage quelques mois, je retravaille quelques mois, je touche le chômage'", a décrit le chef du gouvernement.
"C'est plutôt ça sur quoi je veux travailler, donc ça oriente plutôt sur les conditions d'affiliation. Maintenant les trois possibilités sont ouvertes et on y travaillera avec les partenaires sociaux", a expliqué le Premier ministre.
Il a rappelé qu'il avait annoncé en mars, avant même l'échec de négociations entre syndicats et patronat sur l'emploi des seniors, une réforme de l'assurance-chômage dès cette année, dans le but de relever le taux d'emploi en France.
"Si on avait le même taux d'emploi que les Allemands, on n'aurait quasiment pas de problèmes pour équilibrer notre budget", a affirmé Gabriel Attal, invité d'une émission au long cours pour marquer ses 100 jours à Matignon.
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Des propositions pour la justice
Sur le volet judiciaire, le chef du gouvernement s'est dit prêt à ouvrir le débat sur des "atténuations à l'excuse de minorité" dans les condamnations pénales et sur la possibilité de "mettre en place une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans, de sorte qu'ils aient à répondre de leurs actes immédiatement comme les majeurs".
Autant de mesures susceptibles de plaire à la droite dans un contexte des plus délicats pour la majorité, à la peine dans les sondages pour les élections européennes de juin prochain et sous la menace d'une motion de censure à l'Assemblée nationale déclenchée par Les Républicains.
Avec AFP