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Enquête : le vrai du faux autour des rumeurs de cannibalisme en Haïti
Depuis début mars, des rumeurs selon lesquelles le cannibalisme serait courant en Haïti ont circulé sur les réseaux sociaux. Notre rédaction a enquêté : plusieurs vidéos, sur lesquelles se basent ces rumeurs, ont été sorties de leur contexte, même s’il existe également quelques cas de cannibalisme qui semblent avérés, entre 2019 et 2024. Mais cette pratique reste extrêmement rare, ce qui n’a pas empêché des comptes conservateurs hostiles à l’immigration, basés aux États-Unis et en République dominicaine, de relayer ces rumeurs de façon massive. L’une de ces publications, vue 17 millions de fois, a notamment été relayée par Elon Musk.

ATTENTION : certaines descriptions ou captures d'écran dans cet article peuvent choquer. 

Depuis le 29 février, Port-au-Prince, la capitale haïtienne, est en proie à une nouvelle vague de violences déclenchée par les gangs. Cette crise a poussé Ariel Henry, le Premier ministre par intérim, à démissionner, comme le réclamaient les gangs et une partie de la population. 

C'est au milieu de ce chaos qu'ont commencé à circuler des rumeurs prétendant que le cannibalisme – une pratique consistant à consommer de la chair humaine – serait courant en Haïti actuellement. Ces rumeurs se basent notamment sur trois vidéos, qui ont circulé massivement : deux viennent en réalité d'autres pays, et la troisième, bien qu'elle ait effectivement été tournée en Haïti, remonte à 2021 et n'a donc rien à voir avec la situation actuelle. 

Une vidéo tournée en Chine

Dans la première vidéo ayant alimenté ces rumeurs, on voit deux personnes qui semblent cuire à la broche, au-dessus de braises. 

Cette vidéo a notamment été partagée sur X le 11 mars par le compte @FernandovichG, où elle a été vue plus de 47 000 fois, puis le lendemain, par le compte @PredatorHunterz, avec la légende suivante : "Hey libtards [expression insinuant que les libéraux sont des idiots, NDLR] ! En laissant entrer des millions d'immigrants sans papiers et illégaux, cela signifie qu'on laisse entrer dans notre pays beaucoup de gens COMME ÇA ! [...] On laisse entrer [...] des cannibales dans notre pays !" Sa publication comptait plus de 600 000 vues avant qu'elle ne soit supprimée par X.

Enquête : le vrai du faux autour des rumeurs de cannibalisme en Haïti

Cette vidéo n'a cependant rien à voir avec Haïti puisqu'elle a été prise en Chine, au Chimelong Ocean Kingdom, un parc à thème situé sur l'île de Hengqin, en octobre 2018, dans le cadre de festivités liées à Halloween. Elle ne montre donc même pas une scène réelle de cannibalisme. En faisant une recherche d'image inversée, le média indien India Today et le média indonésien Turnbackhoax.id ont ainsi retrouvé plusieurs vidéos montrant la même scène (ici, ici, ici et ).

Une vidéo qui vient du Nigeria

Une deuxième vidéo a également été diffusée récemment pour affirmer que le cannibalisme serait courant en Haïti : on y voit un homme accroupi à côté d'une marmite, où semblent cuire des morceaux de corps humain.

Cette vidéo a été partagée le 11 mars sur X, par le compte @tornicleto2, avec cette légende : "Davantage d'images du cannibalisme haïtien. Cette fois un groupe d'Haïtiens fait bouillir un corps humain entier. Maintenant, vous comprenez pourquoi les Dominicains veulent garder leur frontière fermée". Sa publication, toujours en ligne, compte plus de 372 000 vues. 

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Mais là encore, cette vidéo n'a rien à voir avec Haïti et des faits réels de cannibalisme, puisqu'elle a été prise au Nigeria, lors du tournage d'un film en juin 2018.

Une vidéo bel et bien tournée en Haïti, mais en 2021

Une troisième vidéo a également circulé en mars, pour affirmer que le cannibalisme serait courant en Haïti actuellement : on y voit un homme portant un T-shirt coloré, avec de la fumée autour, qui semble mastiquer quelque chose. Il se penche ensuite pour soulever la jambe de quelqu'un qui brûle au sol, et semble lui arracher un bout de chair, qu'il met ensuite en bouche. 

Cette vidéo a notamment été partagée sur X par le compte @dom_lucre, le 10 mars, avec cette légende : "BREAKING NEWS : voici des images perturbantes du gang cannibale haïtien qui mange des parties du corps de l'une de ses victimes, alors qu'elle cuit sur le feu. Le chef du gang cannibale d'Haïti s'appelle 'Barbecue' [...]." Sa publication a été vue plus de 22 millions de fois, mais la vidéo a depuis été supprimée (archive ici). 

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Dans cette vidéo, on entend un homme dire, en créole haïtien : "Il est en train de manger la viande de l'homme qui se trouve au sol. [...] Au sommet du morne [colline] Badet, ils ont capturé un voleur de motos. Cet homme a, semble-t-il, perdu plusieurs motos, c'est pourquoi il mange la viande du cadavre du voleur. Le corps a été bien grillé par une partie de la population." Morne Badet est situé dans la commune de Pétion-Ville, dans l'arrondissement de Port-au-Prince.  

Or, un article d'un média haïtien, Le Filet Info, publié le 1er novembre 2021, semble revenir sur le même événement : "Un présumé bandit a été tué puis calciné [...] ce lundi, par des motards à l'angle des rues Geffrard et Villate, à Pétion-Ville. Cet individu est accusé d'avoir volé une moto et d'être spécialisé dans le vol de motos." Nous avons contacté Le Filet Info, qui nous a confirmé que le voleur évoqué dans son article était le même individu que celui dont la chair est mangée dans la vidéo.

Cette vidéo était d'ailleurs déjà en ligne le 3 novembre 2021, partagée par le compte @DespiertaPuebRD, basé en République dominicaine, et celui @DomdelExterior, qui se présente comme un compte de Dominicains à New York, avec ces légendes : "Est-ce que notre pays pourra cohabiter avec ce type de personnes ? [...]" (archive ici), "Jugez vous-mêmes contre quoi on se bat" (archive ici). Le compte @DomdelExterior diffuse régulièrement des messages hostiles aux Haïtiens. 

Contrairement aux vidéos précédentes, cette scène s'est donc bien déroulée en Haïti, à Pétion-Ville, mais elle n'est pas liée aux événements actuels, puisqu'elle date du 1er novembre 2021. Il s'agirait d'un acte de vengeance contre un voleur de motos. De plus, rien ne prouve l'implication des gangs ou de "Barbecue" – l'un des chefs de gangs les plus puissants du pays – dans cet événement, contrairement à ce qu'indique @dom_lucre.

Des rumeurs aussi alimentées par des articles publiés par la presse internationale

Outre ces vidéos qui ont circulé, plusieurs articles publiés en mars ont également contribué à diffuser la rumeur selon laquelle le cannibalisme serait courant en Haïti actuellement. Problème : aucun exemple précis – daté et localisé – n'est cité dans ces articles pour étayer cette thèse.

Le 5 mars, un article du Daily Express US affirme ainsi qu'un "journaliste sur le terrain [leur] a dit que du cannibalisme avait été vu dans les rues". C'est sur la base de cet article qu'est publié, le même jour, un article du tabloïd britannique Daily Star, qui titre : "Les gangs cannibales en Haïti 'mangent les gens qu'ils ont tués' dans les rues [...]". Le 11 mars, un article du Panam Post, un site Internet conservateur basé à Miami, aux États-Unis, titre également : "Haïti coule entre le cannibalisme et la terreur des gangs." 

Enquête : le vrai du faux autour des rumeurs de cannibalisme en Haïti

Le 12 mars, c'est au tour du média français 20 Minutes de publier un article intitulé : "Haïti : Des actes de cannibalisme dans le pays ? 'Il y en a toutes les semaines, aucun doute là-dessus'". Ces propos sont ceux de l'attaché de sécurité intérieure de l'ambassade de France à Port-au-Prince, qui affirme également qu'il existe "des centaines et des centaines de vidéos sur le sujet". Notre rédaction l'a contacté, de même que l'ambassade, pour connaître les preuves dont ils disposent pour affirmer que de tels actes se produisent "toutes les semaines", et pour leur demander de nous transférer ces "centaines de vidéos". Nos demandes sont restées sans réponse. 

Derrière la diffusion de ces rumeurs : des comptes conservateurs basés aux États-Unis et en République dominicaine

Ces rumeurs de "cannibalisme" ont été largement alimentées, ces dernières semaines, par des comptes basés aux États-Unis, hostiles à l'immigration et à Joe Biden, et favorables à Donald Trump. 

C'est le cas du compte @PredatorHunterz, qui compte plus de 12 000 abonnés, et qui a partagé la vidéo venant de Chine. C'est aussi le cas du compte @AuronMacintyre, un journaliste de Blaze media, un média conservateur américain, suivi par plus de 155 000 personnes, qui a partagé l'article du Daily Star en commentant : "Un gentil rappel que la frontière est ouverte et qu'il n'y a rien, au fond, pour empêcher les immigrants d'amener cette folie ici. En fait, quand ces immigrants arrivent à la frontière au sud, l'administration Biden les transporte souvent en avion directement au cœur du pays." Sa publication, toujours en ligne, a été vue plus de 17 millions de fois. Elon Musk, le patron de X, l'a retweetée, avec un simple mot, "exactement", vu plus de 16 millions de fois. Là encore, son tweet est toujours en ligne.

Quant à la vidéo qui montre un cas de cannibalisme avéré, mais qui date de 2021, c'est surtout le compte @dom_lucre qui a contribué à la rendre virale. Selon Conspiracy Watch, un site Internet qui documente les théories conspirationnistes, cet Américain partage régulièrement des contenus complotistes. Parmi les personnes ayant retweeté la publication de @dom_lucre, on retrouve notamment le président du Salvador, Nayib Bukele, connu pour ses méthodes impitoyables contre les gangs dans son pays, dénoncées par les organisations de défense des droits de l'Homme.

Parmi les comptes ayant relayé la vidéo de 2021, il y a aussi celui de @Michael_Yon, qui partage régulièrement des messages hostiles à l'immigration. Le 12 mars, il écrit ainsi : "Des cannibales sans frontières - amenés ici par nous… [...] les militaires américains et la police ne font RIEN pour arrêter cela et facilitent notre propre invasion et mort comme nation. [...] Ces sauvages coulent à flot à travers nos frontières, en Amérique [...]." Sa publication, qui compte plus de 16 000 vues, est toujours en ligne, mais la vidéo a été supprimée.

Ces différents comptes relaient ces rumeurs de cannibalisme pour présenter les Haïtiens comme des sauvages et appuyer leur thèse selon laquelle l'immigration serait dangereuse pour les États-Unis. Ils visent notamment à décrédibiliser le programme Humanitarian Parole lancé par Joe Biden en janvier 2023 pour permettre aux Haïtiens, entre autres, d'entrer légalement aux États-Unis, afin de lutter contre les dangers de l'immigration illégale. Fin janvier 2024, 138 000 Haïtiens étaient déjà arrivés légalement sur le sol américain grâce à ce programme. 

La diffusion de ces rumeurs semble s'inscrire dans le contexte de la campagne pour l'élection présidentielle américaine, alors que Joe Biden et Donald Trump sont déjà assurés d'obtenir l'investiture de leurs partis respectifs. Les fausses informations concernant l'immigration sont d'ailleurs courantes dans cette campagne. Le média de fact-checking Factchequeado a récemment listé les plus courantes : on retrouve le fait que la frontière serait "ouverte" ou encore la notion d'"invasion". De son côté, Associated Press a récemment expliqué pourquoi les accusations de Donald Trump selon lesquelles les migrants seraient transportés secrètement en avion sont infondées. 

Par ailleurs, les récentes rumeurs de cannibalisme sont également partagées par des comptes tenus par des personnes qui semblent originaire de la République dominicaine, comme @tornicleto2, suivi par plus de 33 000 abonnés, qui a relayé la vidéo du Nigeria et qui publie régulièrement des contenus racistes à l'égard des Haïtiens. Ce type de discours est fréquent en République dominicaine, où il existe un "racisme structurel" de l'État à l'égard des personnes d'ascendance haïtienne, selon Amnesty International. Ces dernières semaines, ce pays a renforcé les contrôles à la frontière avec Haïti, en raison de la crise sécuritaire chez son voisin.

"Ces rumeurs sont de l'ordre du dénigrement de notre pays, de la caricature. Il faut dénoncer ce nouveau narratif sur notre pays. Comme c'est toujours le cas, ces rumeurs sont véhiculées dans un moment où notre pays cherche sa voie politique", estime Litainé Laguerre, écrivain et étudiant en linguistique à Port-au-Prince.

Deux autres cas de cannibalisme qui semblent avérés en Haïti, en 2024 et 2019

Étant donné qu'il existe tout de même au moins une vidéo qui montre un cas de cannibalisme en Haïti, en 2021, notre rédaction a souhaité savoir s'il existait d'autres images semblables, pour savoir s'il s'agissait d'une pratique courante, comme certains l'affirment. 

Notre rédaction a échangé à ce sujet avec une vingtaine d'Haïtiens – des personnes travaillant dans le secteur des droits de l'Homme, dans le journalisme, et de simples citoyens –, ce qui nous a permis de vérifier seulement deux autres vidéos qui semblent montrer des cas de cannibalisme. Ces deux vidéos ne sont pourtant pas devenues virales sur X, contrairement aux précédentes. 

2024 : une scène impliquant un chef de gang

L'une de ces vidéos, qui a circulé sur WhatsApp, montre Beliose Louis-Jeune, dit "Bout ba", un chef de gang basé à Mariani, un quartier de la commune de Carrefour, dans le sud-ouest de Port-au-Prince : on le voit découper un morceau de chair sur un cadavre, puis entrer dans une maison pour le laver, le cuire, le découper et le mettre dans sa bouche. Cette scène s'apparente donc à du cannibalisme, même s'il est impossible de vérifier si le morceau mangé par "Bout Ba" correspond bien à celui qu'il a découpé : en effet, la vidéo est coupée à un moment et il sort brièvement du champ de la caméra à plusieurs reprises.

Enquête : le vrai du faux autour des rumeurs de cannibalisme en Haïti

Cette scène s'est bien déroulée en Haïti, puisqu'elle implique "Bout Ba". De plus, dans la vidéo, on entend du créole haïtien et on aperçoit l'inscription "Pap Padap" sur une maison (voir élément encadré en bleu dans la capture d'écran ci-dessus) : il s'agit d'un système de recharge de la compagnie de téléphone Digicel, qui se vend uniquement en Haïti. 

Cette vidéo aurait commencé à être virale le week-end du 24-25 février 2024, selon un article publié le 25 février. Nous n'avons d'ailleurs pas retrouvé d'occurrence avant. 

Selon cet article, la victime serait un certain Dieufort Dor, "un habitant qui aurait entrepris des démarches pour permettre un retour au calme à Mariani" et qui "serait accusé de trahison par les malfrats". Son nom est d'ailleurs mentionné dans la vidéo. Interrogé par notre rédaction, Darbenzky Michaelange Gilbert, directeur de l'Ordre des défenseurs des droits humains, donne une version similaire : selon lui, cet homme, qui "prônait la paix", a été "tué par le gang de Mariani qui lui reprochait son rôle de guetteur pour la police nationale haïtienne".

2019 : un partisan d'un ex-chef de gang, victime apparente de cannibalisme 

Une autre vidéo semble montrer un acte de cannibalisme en Haïti : on y voit un corps calciné, toujours en train de brûler, et plusieurs individus autour, dont des enfants, qui parlent en créole haïtien. L'un d'eux semble arracher des petites parties du corps, pour les mettre en bouche. 

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Le 15 mars 2019, de nombreux articles et messages sur les réseaux sociaux font état de cette scène, en indiquant qu'elle se serait déroulée à La Saline, un quartier de Port-au-Prince. Ces publications parlent d'un homme tué, brûlé, dont la chair aurait été mangée. Selon elles, cet homme était un partisan de Ti Junior, un chef de gang de La Saline tué en 2022. Selon le média Loop Haïti, on entendrait d'ailleurs ceci dans la vidéo : "Le voici Ti-Junior, le voici, votre soldat que nous avons déjà découpé en morceaux", "Ici nous ne jetons pas les cadavres, nous les rôtissons, nous les mangeons".

Cette vidéo est difficile à géolocaliser. Cependant, l'élément encadré en bleu, dans la capture d'écran ci-dessus, semble correspondre à la station-service National à l'intersection entre le boulevard La Saline et la route de Delmas (ici). Ces hommes pourraient donc se trouver sur le terrain vague situé à une centaine de mètres de là. 

Une pratique qui reste extrêmement rare en Haïti

Au final, notre rédaction est parvenue à vérifier seulement trois vidéos qui semblent montrer des cas de cannibalisme en Haïti, en 2019, en 2021 et en 2024 : cette pratique semble donc extrêmement rare. "Le cannibalisme ne relève pas de notre culture", "Haïti est un pays où les normes sociales ne tolèrent pas ces genres d'actes", insistent deux habitants de Port-au-Prince contactés par notre rédaction.

De plus, seule l'une de ces trois vidéos a été tournée cette année : rien ne permet donc d'affirmer que le cannibalisme serait monnaie courante actuellement.

Par ailleurs, sur ces trois vidéos, deux concernent des histoires liées aux gangs : d'après nos sources, les rumeurs de cannibalisme concernent pratiquement toujours les groupes armés. "Il y a des messages vocaux sur WhatsApp, qui fuitent, de menaces entre chefs de gangs rivaux, qui promettent de se dévorer", indique Marie Rosy Kesner Auguste Ducéna, du Réseau national de défense des droits humains. "Mais jusqu'à présent, nous n'avons jamais reçu de plainte formelle de personnes dont des proches auraient été mangés par des bandits."

Si le cannibalisme semble rare, alors que les rumeurs vont bon train, il est fréquent, en revanche, que les gangs mutilent et brûlent leurs victimes – membres de gangs rivaux, policiers ou simples citoyens.

Selon plusieurs de nos sources, le fait de mutiler les corps, voire d'en manger une partie, permettrait aux gangs de terroriser leurs adversaires et la population. "C'est pour montrer la violence dont ils sont capables", estime Meatherlinck Jerome St Juste, anthropologue haïtien. "Cela permet aussi de mettre sous pression les familles dont ils ont kidnappé des proches, pour qu'elles versent des rançons au plus vite", estime un habitant de Port-au-Prince. Selon nos sources, ces pratiques pourraient aussi s'expliquer par l'usage de drogues ayant des effets sur le cerveau, ou encore par des croyances relevant du vaudou et du fétichisme.

Selon Renan Hédouville, le Protecteur du citoyen en Haïti (ombudsman), "les chefs de gangs savent qu'ils peuvent opérer en toute impunité, car ils bénéficient de l'indifférence, de la complaisance, voire de la complicité des autorités politiques et de la police nationale", ce qui pourrait expliquer pourquoi ils filment régulièrement leurs actes violents, sans s'inquiéter de possibles répercussions judiciaires.