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Scandale des bébés adoptés en Belgique : la quête d’une vie
Publié le : 29/03/2024 - 11:24

De l’après-guerre jusqu’au milieu des années 1980, des milliers d’enfants ont été arrachés à de jeunes mères belges pour être vendus à des familles adoptives. Pour assurer encore plus d’anonymat, certaines mères avaient même été contraintes d’accoucher sous X dans le Nord de la France, l’un des seuls pays de l’UE à autoriser les accouchements sous le secret. Un système mis en place par l’Église catholique. Aujourd’hui, nombre de ces enfants cherchent désespérément leurs origines et tiennent à obtenir des réponses sur les responsabilités engagées dans ce scandale. Une enquête entre la France et la Belgique de notre correspondante Alix Le Bourdon.

Certains sont nés en Belgique, d’autres sont nés sous le secret dans le Nord de la France, où leurs mères ont été contraintes d’accoucher. Les nourrissons ont ensuite été vendus à des familles belges en mal d’enfant. Au total, ils seraient plus de 30 000 bébés à être passés par cette filière d’adoption douteuse, qui a opéré des années 1940 jusqu’aux années 1980 – voire 1990.

Les victimes de ce trafic décrivent un système bien rodé. Pour éviter la honte d’une grossesse hors mariage, de jeunes femmes célibataires belges étaient confiées à des œuvres catholiques qui se chargeaient de l’accouchement et du placement de leur bébé à l’adoption. Mais ces enfants ont été bien souvent soustraits à leur mère contre leur gré.

Ces institutions religieuses se seraient même enrichies grâce à ce système. Le mot est difficile à entendre aujourd’hui pour ces enfants adoptés, mais ils ont bel et bien été "vendus" pour des sommes allant jusqu’à 20 000 francs belges – l’équivalent de 500 euros actuels – voire au-delà.

Aujourd’hui, les victimes demandent des réponses aux autorités, mais aussi une aide concrète dans la recherche de leurs origines. Une quête particulièrement difficile pour ceux nés sous X en France, l’un des seuls pays européens à autoriser les accouchements sous le secret.

Malgré la création en 2002, en France, d’un organe facilitant l’accès aux origines, le CNAOP, cette recherche demeure difficile, voire impossible pour les cas belges. Car, de l’autre côté de la frontière, peu d’archives demeurent sur les pratiques de ces œuvres d’adoption. Elles auraient, pour partie, disparu.

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