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Place des femmes dans l’IA : comment lutter contre les biais sexistes?
Publié le : 22/03/2024 - 13:35

L’intelligence artificielle (IA), véritable révolution, est bien souvent programmée par des hommes "blancs, privilégiés et valides", regrette notre invitée Laure Salmona, spécialiste des cyberviolences et cofondatrice de l’association Féministes contre le cyberharcèlement. Dans cette émission, nous verrons comment l'IA ne se contente pas de refléter les discriminations du monde réel, mais les amplifie dans la sphère numérique

Derrière les algorithmes, se cachent rincipalement des hommes, et avec eux, leurs préjugés. S’ils sont sexistes, l’IA le sera également, voire plus... Selon une étude de l'UNESCO, l'intelligence artificielle générative perpétue les préjugés sexistes. 

Au niveau mondial, les femmes ne représentent que 22% des membres des équipes travaillant dans l’intelligence artificielle. "Cela n’a pas toujours été le cas, c’était un métier très féminin avant l’arrivée du micro-ordinateur dans les années 1980 et c’est seulement à partir du moment où le secteur est devenu plus prestigieux que les hommes s’y sont massivement engouffrés", regrette Laure Salmona. 

En effet, les femmes manquent de références, de modèles dans le secteur pour pouvoir s’identifier et se penser qu’en tant qu’ingénieures d’intelligence artificielle. Pour y remédier, l’Unesco a lancé le Réseau des femmes pour l’IA, qui propose des outils pour garantir l’inclusion et l’autonomisation des femmes à chaque étape du développement de l’intelligence artificielle. L’enjeu est important : la prochaine décennie, les métiers de la programmation et de l’IA vont représenter la majorité des créations d’emplois avec, à la clé, des postes à responsabilité et donc une baisse des inégalités.  

Quelle régulation ?

L’encadrement des intelligences artificielles a déjà commencé en Europe, avec la loi IA Act. Si bien que ce sont les habitants du Vieux Continent qui devraient très bientôt être les mieux protégés. Les 27 doivent définitivement l’approuver en avril. Mais les contours restent flous et le secteur évolue tellement vite qu’il est fort probable que les politiques aient toujours un train de retard...

N’importe quelle femme peut aujourd’hui apparaître virtuellement dans une photo ou une vidéo pornographique sans jamais y avoir participé, sans même avoir donné son consentement. C’est ce que l’on appelle des deepfakes pornographiques ! Ils sont à portée de quelques clics sur n’importe quel moteur de recherche, ne nécessitent qu’une vingtaine de minutes et ne coûtent rien. Mais ils brisent la vie de nombreuses femmes, qu’elles soient célèbres ou non, majeures ou adolescentes et même enfants.  

96% des deepfakes sont à caractère sexuel et 99% d’entre eux visent des femmes. "Les paramètres sont adaptés pout déshabiller les femmes, pas les hommes...", souligne Laure Salmona. A la question "Est-ce que les deepfakes sont utiles ou est-ce qu’ils représentent plus de risques que de bienfaits", la spécialiste du cyberharcèlement semble avoir la réponse. Et si vous posiez la question à une IA ? De toute façon, quand elle ne sait pas, elle invente. Comme nous finalement !