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Européennes : pour le lancement de sa campagne, Renaissance sort l'artillerie lourde face au RN
Le Premier ministre Gabriel Attal et la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, ont lancé la campagne des élections européennes, samedi après-midi à Lille, en ciblant le Rassemblement national, coupable selon eux de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine et de faire campagne pour un "Frexit".

C’est ce qu’on appelle envoyer l’artillerie lourde au front. Pour son lancement de campagne au Grand Palais de Lille, samedi 9 mars, tout juste trois mois avant les élections européennes, le parti Renaissance avait à cœur de montrer que toute la majorité présidentielle était réunie derrière sa tête de liste, Valérie Hayer, inconnue du grand public.

Après une entrée en compagnie du Premier ministre Gabriel Attal et un tour de salle qui a duré une quinzaine de minutes, le temps de prendre quelques dizaines de selfies avec les militants présents, Valérie Hayer a pris soin d’aller faire la bise à ses collègues eurodéputés, aux principales figures du gouvernement, au patron du MoDem François Bayrou et aux anciens Premiers ministres Élisabeth Borne et Édouard Philippe, tous assis au premier rang devant la scène. Seul manquait finalement Emmanuel Macron à ce casting de choc.

Le parti présidentiel sait qu’il part de loin et a voulu sortir le grand jeu pour ce premier meeting de campagne. La liste du Rassemblement national (RN) portée par Jordan Bardella caracole en tête des sondages depuis des semaines, avec dix points d’avance sur la liste de Valérie Hayer. Dans un contexte de montée des populismes et des partis eurosceptiques partout en Europe, rien ne semble pouvoir l’empêcher d’arriver en tête du scrutin au soir du 9 juin.

Pour Renaissance, il est donc temps d’enclencher une "remontada" inespérée en faisant de ces élections européennes un duel entre le RN et la majorité présidentielle. "Contre tous ceux qui disent que c’est joué d’avance, battez-vous ! Avec tout le gouvernement, nous serons à vos côtés", a lancé le Premier ministre à la foule, qui l’ovationnait, après avoir passé l’essentiel de son discours à étriller les élus du Rassemblement national, qualifiés de "rentiers de la peur".

"Ils ont toujours dit non à l'Europe. La seule différence maintenant, c'est qu'ils le cachent un peu et que le non s'est transformé en niet", a-t-il fustigé, après avoir accusé le RN de proximité avec Vladimir Poutine.

"La réalité du clan Le Pen, c’est une vaste tromperie"

"La réalité du clan Le Pen, c’est une vaste tromperie", a-t-il poursuivi, évoquant "une litanie de trahisons contre les intérêts des Français", tout en pointant les changements de pieds du RN sur l’euro, la peine de mort, l’IVG, la politique agricole commune ou encore sur l’adhésion à l’Union européenne.

"Voulons-nous continuer à bâtir l’Europe ? La France veut-elle sortir de l’Europe ? Notre réponse, elle est claire, elle est franche, elle est nette : oui, nous croyons en l’Europe, oui nous voulons rester dans l’Europe, oui nous sommes Européens", a encore lancé Gabriel Attal après avoir expliqué que le projet de Jordan Bardella était selon lui un "Frexit" qui ne dit pas son nom.

Un peu plus tôt, c’est le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait entonné le même refrain, accusant Marine Le Pen de vouloir "ruiner les pêcheurs avec un Frexit" et affirmant connaître "le bilan du programme du RN grâce au Brexit".

La cible clairement identifiée, Valérie Hayer pouvait à son tour monter sur le champ de bataille et envoyer ses propres munitions. "Il y aura d’un côté ceux qui croient en l’Europe et de l’autre ceux qui n’y croient pas", embrayait-elle après quelques minutes de discours, durant lesquelles elle mentionna son "engagement" de femme "qui a grandi dans la ferme de ses parents et qui sait ce que l’Europe apporte à nos agriculteurs".

Sans panache, la tête de liste Renaissance, qui souffre d’un énorme manque de notoriété, tentait, au lendemain de l’inscription officielle du droit à l’IVG dans la Constitution, de marcher dans les pas de Simone Veil.

"Nous sommes à Munich en 1938. Il est minuit moins une"

L’ancienne ministre, qui légalisa l’avortement en France, et ancienne présidente du Parlement européen a été évoquée à de nombreuses reprises samedi après-midi. Tout comme les références comparant ce qu’il se joue actuellement en Ukraine avec ce qui s’est joué en Europe à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

"Hier Daladier et Chamberlain, aujourd'hui Le Pen et Orban. Nous sommes à Munich en 1938. Il est minuit moins une", a ainsi affirmé Valérie Hayer, tandis qu’Édouard Philippe citait Winston Churchill pour critiquer ceux qui nourrissent "un crocodile" en espérant être les derniers "à être mangés".

Un discours auquel les militants venus assister à ce premier grand meeting de campagne adhèrent pleinement. Ils étaient nombreux à évoquer l’enjeu ukrainien comme raison de leur engagement derrière la liste Renaissance-MoDem-Horizons.

"Avec la guerre en Ukraine, on est à un moment décisif dans l’histoire européenne", soulignait David, 52 ans, venu spécialement de Nantes pour soutenir Valérie Hayer, "une personne de grande qualité" selon lui.

"Le président Macron a raison de soutenir l’Ukraine. C’est un enjeu très important", abondait Mireille (le prénom a été modifié), 85 ans, venue quant à elle des Hauts-de-Seine. "C’est donc essentiel de finir devant le RN le 9 juin car sinon l’extrême droite détruira l’Europe."

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