Moscou a imputé samedi à l'Ukraine une frappe aérienne ayant fait une dizaine de morts dans la ville russe de Belgorod. Le ministère russe de la Défense a assuré que l'attaque "ne resterait pas impunie". Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, demandée par la Russie, s'est tenue dans la soirée.
Une frappe qui ne restera pas "impunie". Moscou a accusé l'armée ukrainienne d'avoir lancé samedi 30 décembre une attaque aérienne contre Belgorod, une ville russe proche de la frontière. Les frappes ont fait au moins 18 morts, dont deux enfants, et 111 blessés, au lendemain de frappes massives ayant tué 39 personnes en Ukraine.
Le ministère russe des Situations d'urgence a indiqué que 18 personnes avaient été tuées à Belgorod, tandis que 111 avaient été blessées.
Des images mises en ligne montrent des voitures en feu, des immeubles aux vitres cassées, ainsi que des colonnes de fumée noire s'élevant à l'horizon.
L'Ukraine mène régulièrement des frappes en Russie, notamment dans les régions les plus proches de son territoire, mais leur bilan est généralement bien moins élevé.
Le ministère de la Défense a assuré dans un communiqué que cette attaque ne resterait pas "impunie".
Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, demandée par la Russie, s'est tenue dans la soirée.
Roquettes et débris de missiles
Les forces russes ont réussi à intercepter deux missiles et "la plupart" des roquettes lancées contre la ville, assure le communiqué de la Défense", ce qui a évité un bilan "infiniment plus grave". Mais plusieurs roquettes et des débris de missiles se sont toutefois abattus sur Belgorod, a-t-il indiqué.
Le président russe Vladimir Poutine a été "informé" de cette attaque sur "des quartiers résidentiels", a affirmé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, selon les agences russes.
Kiev n'a pas encore réagi aux accusations russes.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a rejeté la responsabilité de l'attaque vers "le Royaume-Uni" et "les États-Unis", qui "incitent le régime de Kiev à mener des actes terroristes", dans une interview aux agences russes.
Le vice-président de la Douma, chambre basse du Parlement russe, Piotr Tolstoï, a lui prédit une réplique "sévère", voyant en ce bombardement la preuve qu'il "ne peut pas" y avoir de négociations avec l'Ukraine.
Plus tôt, le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, avait fait état de la mort de deux enfants lors d'une frappe ukrainienne dans la capitale régionale.
Les autorités n'ont pas précisé si ces victimes étaient comprises dans le bilan communiqué par le ministère ou s'il s'agissait de frappes distinctes.
De son côté, le gouverneur de la région russe frontalière de Briansk, Alexandre Bogomaz, avait affirmé qu'une attaque ukrainienne avait tué "un enfant né en 2014".
Corps dégagés des décombres
L'Ukraine comptait encore ses morts samedi, après des frappes intenses la veille sur plusieurs villes, dont la capitale Kiev.
La vague d'attaques, l'une des plus violentes depuis le début de la guerre, il y a bientôt deux ans, a ciblé des immeubles, une maternité et un centre commercial, ainsi que des infrastructures industrielles et militaires.
"À l'heure actuelle, on dénombre malheureusement 39 morts" sur l'ensemble du pays, a annoncé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ajoutant qu'une centaine de personnes avaient été blessées.
"Près de 120 villes et villages ont été touchés", a-t-il dit, précisant que les opérations de recherches continuaient.
Relief operations in the aftermath of yesterday’s Russian attack continue. Almost 120 cities and villages have been affected, with hundreds of civilian objects damaged.
I thank all of our State Emergency Service rescuers, municipal employees, police officers, and everyone who is… pic.twitter.com/bWFq2Wv0CU
Rien qu'à Kiev, au moins 16 personnes ont été tuées vendredi, d'après l'administration locale.
Des corps continuaient d'être sortis des décombres samedi dans cette ville, où les attaques meurtrières s'étaient faites plus rares ces derniers mois.
Cette attaque a été "la plus importante en termes de victimes civiles", a affirmé samedi le maire de Kiev, Vitali Klitschko, qui a déclaré que le 1er janvier serait un "jour de deuil".
Pour le porte-parole de l'armée de l'air, Iouri Ignat, il s'agissait de "l'attaque de missiles la plus massive" du conflit, à l'exclusion des premiers jours de la guerre.
En parallèle, de nouvelles frappes ont ciblé le territoire ukrainien samedi, tuant au total trois personnes dans les régions de Kherson, Zaporijjia et Tcherniguiv, selon les différentes autorités locales.
Épuisement de l'aide occidentale
Les frappes russes de vendredi ont provoqué de fermes condamnations internationales, le secrétaire général de l'ONU s'élevant contre des "attaques effroyables".
Ces attaques viennent clore une année difficile pour l'Ukraine, marquée par l'échec de sa contre-offensive estivale et un élan retrouvé des forces de Moscou, qui ont revendiqué cette semaine la prise de la ville de Marinka, sur le front est.
Des nouvelles d'autant plus inquiétantes pour Kiev que l'aide occidentale commence à s'essouffler, en Europe comme aux États-Unis, faisant entrevoir le risque d'un assèchement du flot de munitions et de fonds.
Samedi, Volodymyr Zelensky a lancé un nouvel appel à ses alliés, assurant qu'armer l'Ukraine est "un moyen de protéger des vies". "Chaque manifestation de la terreur russe prouve qu'on ne peut pas attendre pour apporter de l'assistance à ceux qui combattent", a-t-il plaidé.
Des propos qui font écho à ceux de son homologue américain Joe Biden, qui avait appelé les élus de son pays à "agir sans plus attendre" pour porter secours à Kiev.
Washington vient de débloquer une nouvelle tranche de 250 millions de dollars, la dernière sans un nouveau vote au Congrès, qui refuse pour l'instant d'allouer davantage d'aide.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a quant à lui mis son veto à une nouvelle enveloppe d'aide de l'UE, une opposition que les Européens espèrent régler lors d'un sommet début février 2024.
Avec AFP