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Alors que les États-Unis renforcent leur contingent sur place, les scènes de pillage et de heurts se multiplient dans la capitale. Une semaine après le séisme, la population est toujours dans l'attente d'eau et de nourriture.

Des heurts à l'aéroport, des scènes de pillage dans les rues dévastées de Port-au-Prince... Une semaine après le séisme, et alors que la population manque toujours d'eau et de nourriture, la sécurité continue de se dégrader dans la capitale haïtienne. "Nous sommes obligés de voler, pour ensuite revendre et s'acheter de quoi manger", explique un habitant, désespéré, aux envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Port-au-Prince. "On a besoin de travail, on n'a plus de quoi se nourrir, sans travail on va mourir", rétorque un autre. 

Les forces de l'ordre, quasiment absentes, n'interviennent que rarement. Une partie des prisonniers ayant fui la prison centrale auraient regagné le gigantesque bidonville de Cité-Soleil, ancien bastion de gangs violents. Face au chaos, le gouvernement haïtien a décrété dimanche l'état d'urgence jusqu'à la fin du mois.

Ces tensions ont précisément contraint le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à suspendre ses distributions d’aide non-alimentaire. Lundi, le CICR avait fait part de son inquiétude face à "la hausse des incidents violents et des pillages" et à "la montée du désespoir".

Le contre-amiral Mike Rogers, responsable du renseignement à l'Etat-major interarmées des Etats-Unis, a toutefois minimisé ces incidents, jugeant lundi que les conditions sécuritaires sont "stables".

Hier, de nouveaux renforts militaires américains sont arrivés à Haïti. Alors que les parachutistes de la 82e division aéroportée établissaient trois centres de distribution de l'aide dans la capitale, les premiers Marines sont arrivés à leur tour, ce mardi. En tout, près de 7 500 GIs sont sur place, selon le Pentagone, alors que la Maison Blanche avait parlé d'envoyer 11 000 hommes.

3 500 Casques bleus en renfort

Pour la plupart de retour de rotations en Irak et en Afghanistan, les parachutistes américains sont accueillis à Haïti non par des bombes et des hommes en armes, mais par... des candidats à l'emploi. Chacun tente de se faire embaucher comme il peut. "Avez vous besoin d'un chauffeur? J'étais chauffeur pour Pepsi Cola, mais leurs affaires ici se sont arrêtées bien avant le séisme",  lance l'un d'entre eux aux soldats.

De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé l'envoi de 1 500 policiers et de 2 000 militaires supplémentaires à la demande de Ban Ki-moon, afin de renforcer la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah), qui dispose déjà de 11 000 hommes. "Les policiers envoyés en renfort vont escorter les convois humanitaires. Des milliers de tonnes d'aide alimentaire sont acheminées vers 200 points de distribution et ces convois ont un besoin croissant d'être escortés", détaille le directeur des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Leroy. Et d'ajouter : "Les militaires, eux, vont assurer la sécurité des couloirs humanitaires, entre Port-au-Prince et la République dominicaine, et entre la capitale et le port qui se trouve au nord de Haïti", le port de la capitale ayant été gravement endommagé.

En Haïti, quelque 70 000 corps ont déjà été enterrés, selon le gouvernement haïtien. Le chiffre de 150 000 à 200 000 morts est parfois évoqué.