![Hong Kong : Tony Chung, jeune figure du mouvement prodémocratie, fuit au Royaume-Uni Hong Kong : Tony Chung, jeune figure du mouvement prodémocratie, fuit au Royaume-Uni](/data/posts/2024/02/18/1708274763_Hong-Kong-Tony-Chung-jeune-figure-du-mouvement-prodemocratie-fuit-au-Royaume-Uni.jpg)
Il a préféré partir. Un jeune militant prodémocratie hongkongais, Tony Chung, a annoncé, vendredi 29 décembre, s'être réfugié au Royaume-Uni, affirmant avoir vécu dans la crainte à Hong Kong depuis sa sortie de prison en juin dernier et subi des pressions de la police pour qu'il devienne un informateur.
En 2021, Tony Chung, alors âgé de 20 ans, avait été le premier militant prodémocratie à être emprisonné au titre de la loi draconienne sur la sécurité nationale imposée par Pékin, après avoir réclamé l'indépendance du territoire restitué par le Royaume-Uni à la Chine en 1997.
Condamné à trois ans et demi de prison pour "sécession", il avait bénéficié d'une libération anticipée en juin dernier. Mais il a expliqué avoir vécu perpétuellement dans la crainte depuis lors.
"Je craignais de sortir de chez moi, d'utiliser mon téléphone en public et d'être à nouveau arrêté", a-t-il écrit dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux vendredi mais daté du 27 décembre.
"Les agents de la police de la sécurité nationale continuaient à faire pression sur moi et à m'inciter à les rejoindre", a-t-il poursuivi, expliquant qu'il avait été empêché de trouver un travail, de s'exprimer en public et d'obtenir une assistance juridique.
"Ils m'ont proposé de me rémunérer en tant qu'informateur, et m'ont incité à fournir des informations sur d'autres personnes comme preuve de ma réhabilitation et de ma volonté de coopérer".
Il a affirmé avoir été longuement interrogé, toutes les deux à quatre semaines, sur ses activités et sur les personnes qu'il avait rencontrées.
Interrogatoires secrets
"Chaque réunion se déroulait dans des lieux aléatoires, et impliquait de monter dans un véhicule à sept places aux rideaux fermés et d'être conduit vers des destinations inconnues", a-t-il écrit.
Il a finalement obtenu l'autorisation de quitter le territoire chinois pour aller passer des vacances sur l'île japonaise d'Okinawa. De là, il a organisé son départ vers l'Europe avec l'aide d'"individus et d'organisations" américains, canadiens et britanniques, a-t-il raconté.
"Je suis arrivé sain et sauf au Royaume-Uni et j'ai déposé une demande officielle d'asile politique", a-t-il écrit, en accompagnant son récit d'une photo de lui une valise à la main devant un panneau indiquant "UK Arrivals".
"Cela veut aussi dire que dans un futur proche, il me sera impossible de retourner chez moi à Hong Kong. Bien que j'aie anticipé ce jour, au moment où j'ai pris ma décision, mon cœur a chaviré", a-t-il ajouté.
Tony Chung avait fondé en 2016 l'association Student Localism, qui réclamait l'indépendance de Hong Kong.
Cette association s'était inscrite dans le mouvement prodémocratie à l'origine des manifestations massives de 2019 pour réclamer davantage d'autonomie, mais où les revendications indépendantistes étaient restées minoritaires.
Invoquant les troubles provoqués par ces manifestations souvent violentes, Pékin avait promulgué en 2020 une loi sur la sécurité nationale permettant de museler toute voix dissidente.
"Je suis convaincu que tant que les habitants de Hong Kong n'abandonneront jamais, les graines de la liberté et de la démocratie germeront à nouveau", a assuré Tony Chung, qui avait été interpellé en octobre 2020 par des policiers en civil près du consulat américain où il comptait demander l'asile.
Lettre de repentance
D'autres militants prodémocratie hongkongais ont pu s'enfuir à l'étranger aux cours des dernières années. En 2023, les autorités ont lancé des avis de recherche contre 13 activistes en fuite, offrant un million de dollars de Hong Kong (115 000 euros) pour toute information permettant de les arrêter.
Début décembre, une des figures du mouvement, Agnes Chow, 27 ans, avait révélé qu'elle vivait au Canada depuis septembre, après avoir été libérée sous caution deux ans et demi plus tôt.
L'été dernier, la police de Hong Kong lui avait rendu son passeport et l'avait autorisée à étudier au Canada à condition qu'elle écrive une lettre de repentance et passe une journée avec des policiers à Shenzhen, en Chine continentale, pour y visiter une exposition sur les réalisations chinoises et le siège du géant de la technologie Tencent - où elle avait dû poser pour des photos.
Toujours en liberté sous caution, elle avait pour obligation de se présenter en décembre à la police de Hong Kong, mais a décidé de ne pas rentrer du Canada. Le gouvernement hongkongais a juré de la poursuivre "à vie".
Tony Chung a également raconté que la police lui avait demandé de se rendre en Chine continentale, mais y avait finalement renoncé.
Un grand nombre d'autres militants sont derrière les barreaux, dont l'ancien magnat des médias prodémocratie Jimmy Lai, jugé actuellement et qui encourt la prison à vie.