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Haut-Karabakh : les tensions diplomatiques montent d'un cran entre Bakou et Paris
La France a décidé d'expulser deux diplomates azerbaïdjanais par "mesure de réciprocité" après la décision de Bakou, mardi, de déclarer "persona non grata" deux diplomates français, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères. L'Azerbaïdjan accuse la France depuis plusieurs mois de "déstabiliser" le Caucase en apportant son aide à l'Arménie, rivale de Bakou, dont elle est un soutien historique.

Les tensions diplomatiques sont encore montées d'un cran entre la France et l'Azerbaïdjan, avec l'expulsion réciproque de deux diplomates.

La France a déclaré, mercredi 27 décembre, "persona non grata" deux diplomates azerbaïdjanais par "mesure de réciprocité", après la décision de Bakou mardi d'expulser deux diplomates français, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères.

La veille, Bakou avait annoncé l'expulsion sous 48 heures de deux agents de l'ambassade de France en raison d'activités "incompatibles avec leur statut", sans plus de détails. L'ambassadrice de France a été dans la foulée convoquée au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères.

L'Azerbaïdjan reproche depuis plusieurs mois à Paris son soutien à l'Arménie rivale. Des "allégations" que Paris "réfute catégoriquement", a réagi le ministère français des Affaires étrangères, qui a également convoqué l'ambassadrice d'Azerbaïdjan en France.

Si les faits reprochés aux deux diplomates français ne sont pas précisés, l'expulsion de personnel diplomatique fait partie de la panoplie des mesures de rétorsion dont usent les États pour manifester leur mécontentement. De nombreux pays européens avaient ainsi expulsé des diplomates russes dans les semaines ayant suivi l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

La France, terre d'accueil d'une importante diaspora arménienne

Or, cette expulsion de deux diplomates français intervient alors que la position de la France dans le différend qui oppose l'Azerbaïdjan et l'Arménie irrite profondément Bakou.

Depuis 30 ans, les deux anciennes républiques soviétiques sont en conflit territorial au sujet de la région du Haut-Karabakh, que Bakou a reconquise en septembre après une offensive éclair contre les séparatistes arméniens.

La quasi-totalité de la population arménienne de la région – plus de 100 000 personnes sur 120 000 – a depuis fui vers l'Arménie.

Les deux voisins s'étaient affrontés lors de deux guerres pour le contrôle de cette enclave, l'une entre 1988 et 1994 et l'autre à l'automne 2020. Bakou et Erevan ont récemment annoncé leur volonté de normaliser leurs relations mais les pourparlers n'avancent guère.

Dans ce dossier, la France, terre d'accueil d'une importante diaspora arménienne, s'est dite prête à participer aux efforts de médiation, tout en affichant son soutien sans faille à l'Arménie, qui redoute une violation de son intégrité territoriale par l'Azerbaïdjan.

Campagne de manipulation de l'information

L'Azerbaïdjan a ainsi accusé ces derniers mois la France de "déstabiliser" le Caucase et de "favoriser de nouvelles guerres" en promettant du matériel militaire à Erevan pour se défendre.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a refusé de se rendre en octobre à un sommet européen à Grenade (Espagne) et de participer à une réunion avec le président français Emmanuel Macron, affirmant qu'il avait des positions biaisées en faveur des Arméniens.

Les tensions entre les deux pays prennent également corps dans le champ informationnel. Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a révélé en juillet dernier que des acteurs liés à l'Azerbaïdjan avaient mené une campagne de manipulation de l'information visant à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux olympiques de 2024.

Fin novembre, l'Azerbaïdjan a à son tour accusé la France, l'Allemagne et les États-Unis d'être impliqués dans le "financement illégal" d'un média d'investigation récemment visé par deux arrestations.

Avec AFP