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Self-made man atypique et "rebelle-né", le magnat pro-démocratie Jimmy Lai, dont le procès pour "crimes contre la sécurité nationale" s'est ouvert lundi, est l'un des dissidents les plus célèbres de Hong Kong et une bête noire pour Pékin depuis les années 1990.

Il aime se présenter comme un "fauteur de troubles". Fervent soutien du mouvement démocratique de Hong Kong, le milliardaire britannique Jimmy Lai risque la prison à vie pour des accusations de "collusion avec des forces étrangères", une loi imposée par Pékin en 2020, un an après les grandes manifestations pro-démocratie.

Né en Chine continentale, il est arrivé clandestinement à l'âge de 12 ans à Hong Kong où il a travaillé dans des ateliers clandestins avant de fonder en 1981 ce qui deviendra l'empire international du textile Giordano. 

Jimmy Lai a fondé sa première publication, très critique du régime communiste, peu après que les chars chinois ont été envoyés sur la place Tiananmen à Pékin en 1989 pour écraser les manifestations pro-démocratie. 

Ses deux principaux titres, le quotidien Apple Daily et le magazine Next, exclusivement numérique, étaient extrêmement populaires à Hong Kong, mêlant sensationnalisme et reportages politiques percutants. 

Ils faisaient également partie des rares publications ayant ouvertement pris le parti des immenses manifestations pro-démocratie à Hong Kong en 2019. Ce qui a valu à Jimmy Lai d'être qualifié de "traître" par les médias d'État chinois. 

"Le plus vieux prisonnier politique de Hong Kong"

Peu avant son arrestation en 2020, à l'AFP qui lui demandait pourquoi il ne profitait pas paisiblement de sa fortune, sans faire de bruit, comme tant de magnats de Hong Kong, Jimmy Lai avait répondu : "Je suis peut-être un rebelle-né, peut-être que je suis quelqu'un qui, outre l'argent, a besoin de donner beaucoup de sens à sa vie."

Le magnat avait ajouté que la loi de Pékin sur la sécurité nationale sonnerait "le glas pour Hong Kong". Il a été arrêté pour la première fois en août 2020, au moment d'une perquisition du Apple Daily. 

En décembre 2020, un juge lui avait accordé une libération sous caution de 10 millions de dollars de Hong Kong (1,28 million de dollars américains) mais une semaine plus tard la plus haute cour de Hong Kong avait ordonné son retour en prison, où il est détenu depuis, en attendant son procès qui s'est ouvert lundi. 

Il est, selon son fils Sébastien Lai, "le plus vieux prisonnier politique de Hong Kong". 

Un test pour la justice hongkongaise

Son arrestation est indissociable de l'érosion de la liberté de la presse et de la répression de la dissidence politique dans la ville. Et selon les analystes, son procès permettra de tester l'indépendance de la justice hongkongaise vis-à-vis de Pékin. 

Jimmy Lai sera jugé, sans jury, par trois juges choisis par le dirigeant de Hong Kong parmi un groupe de magistrats triés sur le volet.

Son emprisonnement, depuis que la plus haute Cour de Hong Kong a refusé sa libération sous caution fin 2020, a marqué un changement à Hong Kong en matière de détention provisoire.

Le procès a subi de multiples retards car les autorités de Hong Kong ont cherché l'an dernier à interdire à Jimmy Lai d'être représenté par Tim Owen, avocat britannique des droits humains, arguant de risques pour la sécurité.

Les États-Unis, l'Union européenne et les Nations unies ont déjà exprimé leurs inquiétudes, qualifiées de diffamation et d'ingérence par Pékin.

Avec AFP