logo

"Étape importante", texte "à renforcer"... Les réactions après l'accord adopté à la COP28
Près de 200 pays sont parvenus à un consensus, mercredi, à la COP28, sur un texte final qui appelle à une "transition hors des énergies fossiles" pour lutter contre le réchauffement climatique. Un accord immédiatement salué par la communauté internationale, malgré "des lacunes".

Après trois décennies de tergiversations autour de la principale cause du réchauffement climatique, les États du monde entier réunis à la COP28 de Dubaï, aux Émirats arabes unis, ont appelé à "effectuer une transition hors" ("transitioning away" en anglais) des énergies fossiles ce mercredi 13 décembre.

Le texte, dont chaque mot a été âprement négocié, mentionne toutes les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), mais ne parle pas de "phase out" ("suppression progressive"). Un terme pourtant réclamé depuis des mois par une centaine de pays et des milliers d'ONG, mais qui faisait office de ligne rouge pour certains États pétroliers, notamment.

Si l'accord a été salué par la présidence émiratie de la conférence, les États-Unis, l'Union européenne, la France et les Pays-Bas, les pays arabes et dans une moindre mesure l'Australie, l'ONU et les Samoa, qui s'exprimait au nom des petites îles menacées par la montée des eaux, ont été plus mesurées et ont appelé à aller plus loin dans la transition énergétique.

"L'ère des énergies fossiles doit se terminer, et elle doit se terminer avec justice et équité", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, après l'annonce de l'accord. 

"Je tiens à dire que la sortie des combustibles fossiles est inévitable, qu'ils le veuillent ou non. Espérons qu'elle n'arrive pas trop tard", a-t-il souligné en s'adressant à "ceux qui se sont opposés à une référence claire" à cette notion d'élimination dans le texte de la COP28. "Le monde ne peut se permettre des retards, de l'indécision ou des demi-mesures", a-t-il insisté.

To those who opposed a clear reference to phase out of fossil fuels during the #COP28 Climate Conference, I want to say:

Whether you like it or not, fossil fuel phase out is inevitable. Let’s hope it doesn’t come too late. pic.twitter.com/q2LqMw75K1

— António Guterres (@antonioguterres) December 13, 2023

"Une raison d'être optimiste" pour les États-Unis

"Je pense que tout le monde sera content que, dans un monde secoué par la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, et tous les autres défis d'une planète qui patauge", il y ait "une raison d'être optimiste, d'avoir de la gratitude et de se féliciter tous ensemble ici", a de son côté déclaré l'émissaire américain pour le climat, John Kerry.

L'accord "historique" conclu à la COP28 "marque le début de l'ère post-fossiles", a aussi salué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le monde a entériné les objectifs de l'UE pour 2030 : un triplement des énergies renouvelables et un doublement de l'efficacité énergétique", a-t-elle ajouté, saluant dans une autre déclaration "une puissante démonstration de la valeur du multilatéralisme pour relever les plus grands défis de notre planète".

C'est "une étape abondante", a abondé le président français Emmanuel Macron, qui "engage le monde dans une transition sans énergies fossiles", tout en appelant à "accélérer" la lutte contre le réchauffement de la planète. Il s'est aussi félicité sur X de la reconnaissance du "rôle-clé du nucléaire", "une première" défendue par la France, parallèlement à la nécessité d'un triplement des énergies renouvelables.

L’accord de Dubaï est une étape importante.

Il engage le monde dans une transition sans énergies fossiles, en triplant les renouvelables et en reconnaissant le rôle clé du nucléaire. C’est une première et une avancée pour le respect de l’accord de Paris.

Accélérons ! https://t.co/rM8y4c3YIr

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 13, 2023

Les Pays-Bas ont eux aussi qualifié l'accord de "moment important". "Pour la première fois, le monde est en train de parler d'un retrait des énergies fossiles", s'est félicité le ministre néerlandais du Climat Rob Jetten. "Plus d'ambition est toujours préférable, mais l'objectif [de limiter le réchauffement] à 1,5°C reste en vue", a-t-il ajouté.

Appels aux pays développés

À l'issue de l'accord, Zhao Yingmin, le vice-ministre chinois de l'Environnement, a de son côté appelé les pays développés, qui "ont une responsabilité historique et incontestable dans le changement climatique", à "prendre les devants pour s'engager sur la voie du 1,5°C" et pour "atteindre la neutralité carbone dès que possible".

Un appel réitéré par le Brésil. "Il est fondamental que les pays développés prennent les devants sur la transition vers la fin des combustibles fossiles", a lancé le ministre brésilienne de l'Environnement, Marina Silva, les appelant aussi à "assurer les moyens nécessaires aux pays en voie développement".

Quelques réserves et inquiétudes

Saluant le signal positif envoyé sur les énergies fossiles, l'alliance des petits États insulaires (Aosis), particulièrement menacés par le changement climatique, a cependant exprimé des réserves et inquiétudes après l'adoption du texte, qu'elle juge insuffisant. "Nous avons fait un pas en avant par rapport au statu quo, mais c'est d'un changement exponentiel dont nous avions vraiment besoin", a déclaré Anne Rasmussen, représentante des îles Samoa, qui préside l'Aosis, applaudie après cette déclaration par des représentants européens et d'autres nations.

Tears flowed and a lengthy rousing ovation during final plenary just now for AOSIS Chair #AnneRasmussen, as she delivered an emotional response filled with unsparing observations about the final outcomes from #COP28UAE pic.twitter.com/YEt4sgIvB0

— AOSIS (@AOSISChair) December 13, 2023

"Le résultat ne va pas aussi loin que beaucoup d'entre nous le demandaient, à commencer par les pays les plus vulnérables. Mais le message envoyé est clair : toutes les nations du monde reconnaissent que notre avenir se trouve dans les énergies propres et que l'ère des combustibles fossiles finira", a abondé le ministre australien du Climat Chris Bowen.

Laurent Fabius, président français de la COP21, qui donna naissance à l'accord de Paris, a de son côté affirmé à l'AFP que celui adopté à la COP28 de Dubaï sur le climat constituait un "accord majeur" mais "à renforcer rapidement".

Avec AFP

"Étape importante", texte "à renforcer"... Les réactions après l'accord adopté à la COP28