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Suspense autour du blocage de l'Arabie saoudite et de ses alliés
De plus en plus isolés, l'Arabie saoudite, l'Irak et leurs alliés exportateurs de pétrole campent, dimanche 10 décembre, sur leurs positions hostiles à tout objectif de sortie des énergies fossiles dans l'accord final de la COP28, censée se conclure mardi à Dubaï.
Mais les pays pétroliers font face à la dynamique, inédite dans l'histoire des COP, des pays qui appellent à engager la fin de l'ère des fossiles, même si le calendrier, le rythme et les nuances d'un tel déclin restent encore largement à négocier.
"L'échec n'est pas une option", a prévenu Sultan al-Jaber, le président émirati de la 28e conférence de l'ONU sur le climat, quelques minutes avant de réunir tous les ministres dans une séance traditionnelle musulmane, un "majlis".
Sultan al-Jaber, patron de la compagnie pétrolière Adnoc, leur avait demandé de venir avec des "solutions" plutôt que des "positions déterminées", lui qui répète vouloir un "accord historique" le 12 décembre, compatible avec "la science" climatique et le maintien en vie de l'objectif de réchauffement à 1,5°C fixé par l'accord de Paris.
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Riyad appelle à prendre en compte sa "perspective" et ses "inquiétudes"
L'Arabie saoudite a réclamé la prise en compte des "perspectives" et des "inquiétudes" de Riyad, plaidant pour le développement des technologies, controversées, de captage du carbone.
Les 194 pays plus l'Union européenne impliqués dans les négociations à Dubaï doivent "traiter la réduction des émissions de gaz à effet de serre (...), accélérer le développement de toutes les technologies bas-carbone mais aussi prendre en compte nos perspectives et nos inquiétudes", a déclaré le représentant saoudien.
Inclure dans le texte final un objectif de "sortie" ou même de "réduction" des énergies fossiles "bouleverserait l'économie mondiale et augmenterait les inégalités dans le monde", a abondé son homologue irakien.
Il a relevé les constantes tentatives "politiques" de "cibler certains secteurs énergétiques", mais "chaque fois la science, le bon sens et les principes ont prévalu", s'est-il félicité.
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L’Irak répète son opposition à tout accord visant la sortie des énergies fossiles
L'Irak a ensuite répété à son tour son refus de toute mention d'une réduction ou d'une sortie progressive des énergies fossiles.
"Inclure" dans le texte "la réduction, la sortie des énergies fossiles, et la sortie des subventions aux énergies fossiles est contraire aux principes de l'accord de Paris", a déclaré le responsable de la délégation irakienne.
"Cela détruirait l'économie mondiale et augmenterait les inégalités dans le monde", a-t-il ajouté.
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Les engagements volontaires à la COP28 loin de remettre le monde sur la bonne trajectoire
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que les engagements non contraignants annoncés au début de la COP28 par plus d'une centaine de pays et de compagnies pétrolières n'accompliraient d'ici 2030 que 30 % de la réduction nécessaire des émissions liées à l'énergie pour parvenir à la neutralité carbone.
L'AIE a analysé l'impact potentiel de deux engagements volontaires annoncés avec fanfare le 2 décembre :
- celui de 130 pays (mais pas la Chine) à tripler les renouvelables et à améliorer l'efficacité énergétique d'ici 2030 ;
- une charte signée à ce jour par 52 compagnies pétrolières et gazières pour réduire les fuites de méthane, notamment.
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COP28 : des militants interpellent l'Opep dans son pavillon
Des militants ont fait une brève irruption dans le pavillon de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à la COP28, pour appeler à une sortie des énergies fossiles.
Une poignée d'activistes sont arrivés lors d'un événement organisé au pavillon de l'Opep à Dubaï, où ils ont été invités à s'asseoir avant de s'exprimer durant quelques minutes.
📢As #COP28 President Dr. Al-Jaber started his press briefing, a group of climate campaigners came together for a simple demand:
🗣️#HoldTheLine pic.twitter.com/PjzdCFQp2R
"Nous savons que l'Opep a envoyé une lettre à ses membres pour leur demander de s'opposer à une sortie des énergies fossiles et nous pensons que c'est un mauvais signe", a déclaré Nicolas Haeringer de l'ONG 350.org devant des visiteurs du stand étonnés.
"Pour nous, avoir un pavillon de l'Opep à la COP c'est comme avoir un énorme forage pétrolier dans les négociations", a-t-il dénoncé.
Avec AFP
