Le débat fait rage autour de l'avenir des énergies fossiles, au deuxième jour de la 28e conférence de l'ONU sur le changement climatique (COP28) à Dubaï. Une première version d'un projet d'accord va être débattue par les négociateurs. Dans son discours de vendredi, le président français Emmanuel Macron a notamment appelé les pays du G7 à sortir du charbon avant 2030.
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Retrait de délégation, discours annulé... La guerre à Gaza plane sur la COP28
La délégation iranienne s'est retirée des négociations mondiales sur le climat, vendredi à Dubaï, tandis que le président israélien y a annulé son discours, sur fond de guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.
Parmi les plus de 140 chefs d'État et de gouvernement réunis dans l'émirat du Golfe pour la COP28, plusieurs ont profité de leurs interventions pour afficher leur soutien aux Palestiniens, au moment où une trêve de sept jours entre les belligérants a volé en éclats.
"Il est impossible de ne pas parler de la crise humanitaire dans les territoires palestiniens proches de nous", a lancé à la tribune le président turc, Recep Tayyip Erdogan. "Les incidents qui se déroulent à Gaza sont un crime humanitaire, un crime de guerre", a-t-il affirmé tandis que les présidents colombien et cubain ont dénoncé un "génocide".
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Le secteur du transport maritime s'engage à promouvoir des normes environnementales plus strictes
Cinq des plus gros transporteurs maritimes mondiaux ainsi que la France, la Corée du Sud et le Danemark, ont adopté une déclaration commune pour promouvoir l'adoption "d'un cadre réglementaire solide" d'ici 2027 favorisant la transition écologique du secteur.
"Je veux saluer (...) le formidable accord qui a été trouvé par l'industrie maritime de nos pays il y a quelques instants et qui va permettre de réduire les émissions très fortement d'ici 2030", a salué Emmanuel Macron dans un discours en séance plénière.
Les signataires promettent de travailler à la mise en place d'"une norme internationale" pour mesurer précisément les émissions du secteur, est-il écrit dans la déclaration.
Ils s'engagent également à promouvoir "un mécanisme international de tarification des gaz à effet de serre", soit l'équivalent d'une taxe carbone, "pour inciter à l'efficacité énergétique et réduire l'écart de prix entre les carburants fossiles et les carburants maritimes durables".
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La France et le Kenya veulent créer une taxe internationale d'ici la COP30
La France et le Kenya vont lancer une coalition qui doit regrouper les pays souhaitant créer, d'ici deux ans, une taxation internationale capable de lever les milliards de dollars dont les pays en développement ont besoin face au changement climatique.
"Avec la Barbade, le Kenya et plusieurs autres, nous lançons officiellement lors de cette COP[28] une 'task force internationale' qui devra rendre ses conclusions au G20 de Rio pour mettre en place une taxation internationale lors de la COP30" au Brésil en 2025, a déclaré Emmanuel Macron à Dubaï.
"C'est une nécessité si on veut un vrai résultat, parce qu'on a besoin de lever plus d'argent pour financer notre lutte contre les inégalités et pour le climat", a-t-il ajouté, lors de son discours à la tribune de la COP28.
Une conférence de presse doit détailler samedi cette initiative, dont l'idée avait été évoquée en juin au sommet de Paris sur la réforme de la finance climatique mondiale, puis au sommet Afrique sur le climat en septembre à Nairobi.
Cette coalition doit réfléchir à une possible taxation innovante, qui pourrait porter sur le transport maritime, aérien, ou sur les transactions financières.
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Plus de 110 pays soutiennent le triplement des renouvelables d'ici 2030
Plus de 110 pays veulent voir la COP28 adopter l'objectif de tripler les énergies renouvelables et de doubler l'efficacité énergétique d'ici 2030, a déclaré à Dubaï la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
L'Union européenne avait lancé un appel au printemps en ce sens, soutenu par la présidence émiratie de la COP28 puis successivement assumé par les pays du G7 et ceux du G20 (80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre).
"Aujourd'hui, notre appel s'est transformé en un puissant mouvement. Plus de 110 pays l'ont déjà rejoint", a déclaré Ursula von der Leyen à la tribune.
"Je vous invite tous à inclure ces objectifs dans la décision finale de la COP", "nous enverrons ainsi un message fort aux investisseurs et aux consommateurs", a-t-elle ajouté.
Cet objectif est un point de négociation à la fois parallèle et étroitement lié aux discussions, bien plus difficiles, sur la réduction voire la sortie des énergies fossiles.
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La Turquie se porte candidate pour accueillir la COP31 en 2026
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé la candidature de la Turquie pour accueillir la Conférence internationale pour le climat COP31 en 2026.
La Turquie entre ainsi en compétition avec l'Australie qui avait annoncé sa candidature plus tôt cette année.
"Nous avons annoncé notre candidature pour accueillir la 31e conférence des Nations unies pour le climat qui aura lieu en 2026", a affirmé Recep Tayyip Erdogan lors de son discours à la COP28 à Dubaï.
"Je suis sûr que vous, mes précieux amis, allez nous donner le soutien nécessaire", a-t-il ajouté.
La Turquie a été le dernier pays du Groupe des Vingt à signer en 2021 l'accord de Paris sur le climat et s'est engagée à atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2053.
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Emmanuel Macron appelle les pays du G7 à mettre fin au charbon avant 2030
Dans un discours prononcé en milieu d'après-midi à Dubaï, Emmanuel Macron a appelé les pays du G7 (France, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Italie, Canada) à mettre fin au charbon avant 2030 pour "montrer l'exemple".
La poursuite des investissements en faveur du charbon est "une vraie absurdité" au regard de l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique, et "donc nous devons engager un virage absolu" pour en sortir, a plaidé le président français à la tribune du grand sommet de l'ONU sur le climat.
"Les pays émergents doivent sortir du charbon, et c'est le deuxième combat après celui que les pays les plus riches doivent mener", a-t-il déclaré.
"Mais les pays du G7 doivent montrer l'exemple et s'engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c'est-à-dire avant 2030", a-t-il lancé, rappelant l'engagement de la France de fermer sa dernière centrale à charbon "d'ici 2027".
"Le G7 a une responsabilité majeure. Tout comme la Chine, qui est désormais le deuxième pays émetteur historique et qui a donc changé en quelque sorte de statut", a souligné le président français.
"On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c'est un élément de justice. Mais ce rattrapage ne doit pas se faire sur la base des énergies qui sont carbonées et en particulier du charbon", a-t-il encore argué.
Car "les centrales existantes qui se concentrent largement en Asie aujourd'hui émettront à elles seules suffisamment de CO² pour que nous excédions la cible de 1,5°C", objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, a justifié Emmanuel Macron.
S'agissant de la France, "nous devrons définitivement tourner la page d'ici à 2040-45 du pétrole et 2050 du gaz", a-t-il assuré.
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Le roi Charles III "prie de tout son cœur" pour que la COP28 soit un "tournant décisif"
Le roi Charles III a appelé vendredi 1er décembre les dirigeants réunis à la COP28 à Dubaï à faire de cette 28e conférence de l'ONU sur le climat un tournant digne de l'accord de Paris pour accélérer l'action climatique, alors que les pays commencent deux semaines de négociations féroces sur le pétrole, le gaz et le charbon.
"Les records sont brisés si souvent que nous devenons insensibles à ce qu'ils nous disent", a déclaré Charles, dont c'est la première présence à une COP en tant que souverain, et qui a rappelé sa participation à la COP21, où naquit il y a huit ans l'accord de Paris qui peine encore à produire des résultats suffisants.
"Je prie de tout mon cœur pour que la COP28 soit un autre tournant décisif en faveur d'une transformation réelle", a-t-il dit. Le roi d'Angleterre a énuméré les cyclones ayant dévasté les îles vulnérables dont Vanuatu, les inondations en Inde, au Bangladesh et au Pakistan, ou les incendies records, des États-Unis à la Grèce.
"Nous menons une expérience effrayante de changement de l'ensemble des conditions écologiques en même temps, à un rythme qui dépasse les capacités de la nature", a-t-il ajouté, avant d'appeler à une réforme de la finance mondiale en faveur de la transition énergétique.
"La Terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la Terre", a conclu le souverain.
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Les Émirats lancent un fonds privé géant de 30 milliards de dollars pour la transition
Le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, a annoncé vendredi 1er décembre la création d'un fonds privé dédié aux "solutions" face au changement climatique, en ouvrant le sommet des dirigeants mondiaux de la 28e conférence des Nations unies sur le climat.
"Je suis heureux d'annoncer la création d'un fonds doté de 30 milliards de dollars dédié aux solutions pour le climat", a déclaré le souverain à la tribune, ajoutant que l'objectif était d'atteindre les 250 milliards de dollars d'ici 2030.
Il s'agit de la principale annonce vendredi du pays hôte de la COP28, juste avant que le roi Charles III et le secrétaire général de l'ONU ne s'expriment à la même tribune, alors que de multiples mécanismes et réformes sont en chantier dans le monde pour augmenter le financement d'énergies renouvelables dans les pays en développement.
Le nouveau fonds émirati, nommé Alterra, sera présidé par Sultan al-Jaber, président de la COP28 et patron de la compagnie pétrolière nationale des Émirats, selon un communiqué.
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Les énergies fossiles apparaissent dans le projet d'accord en négociation
Le monde doit réduire voire sortir des énergies fossiles, propose une première version publiée vendredi d'un projet d'accord qui va maintenant être débattu par les négociateurs de près de 200 pays pendant la COP28 de Dubaï.
Les pays doivent préparer une "réduction/sortie des énergies fossiles", selon les termes de ce document préparé par le Royaume-Uni et Singapour, qui servira de base de discussion en vue d'une adoption d'ici la fin de la COP, prévue officiellement le 12 décembre.
Un enjeu essentiel pour les pays sera de s'accorder sur le choix du terme "réduction" ("phase-down", en anglais) ou celui, beaucoup plus ambitieux, de "sortie" ("phase-out").
Ce texte clef, qui pourrait faire office de texte final adopté à la COP28, est en réalité un "bilan mondial" de l'accord de Paris de 2015 sur le climat.
Un rapport technique sur ce bilan de l'action internationale a été publié début septembre, faisant sans surprise le constat d'une action insuffisante pour limiter l'augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 °C et si possible à 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle.
Il doit désormais faire l'objet d'une décision politique durant la COP28, une gageure tant la communauté internationale reste divisée sur nombre de sujets, à commencer par l'avenir des énergies fossiles.
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Record d'inscriptions
La COP28 est officiellement la plus grande COP organisée avec 80 000 participants inscrits sur une liste provisoire qui dévoile pour la première fois leurs fonctions précises, une tentative de l'ONU Climat de répondre aux critiques face au risque de conflits d'intérêts.
En comptant le personnel technique et sécuritaire, 104 000 personnes peuvent accéder à la "zone bleue" dédiée aux négociations et aux pavillons des États ou d'organisations, soit deux fois plus qu'à la COP27 qui détenait jusqu'alors le record avec 49 000 accréditations. Ces chiffres d'accréditations ne correspondent pas forcément aux personnes effectivement présentes à Dubaï.
Avec AFP