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Le renseignement américain s'attendait à une "surprise de Noël" d'Al-Qaïda

Les services de renseignement américains ont reconnu qu'ils étaient informés du fait qu'Al-Qaïda préparait une "surprise de Noël". Sans toutefois prévoir l'attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit.

AFP - Le renseignement américain tentait mercredi de répondre aux griefs du président Obama sur l'échec "inacceptable" du système de sécurité après l'attentat raté contre un avion, alors que des mesures de sûreté renforcées étaient annoncées dans plusieurs aéroports internationaux.

Au lendemain du sermon de Barack Obama, qui a jugé "totalement inacceptable" "l'échec du dispositif", la CIA s'est défendue d'avoir insuffisamment diffusé les informations livrées avant l'attentat manqué par le père du suspect, Umar Farouk Abdulmutallab, à l'ambassade américaine au Nigeria.

"Nous avons travaillé avec l'ambassade pour nous assurer qu'il était dans la base de données gouvernementale de personnes susceptibles d'avoir un lien avec le terrorisme, et qu'il y était fait mention de ses possibles connexions avec des extrémistes au Yémen", a assuré le porte-parole de la CIA, Paul Gimigliano.

"Nous avons également envoyé des informations biographiques-clé à son sujet au Centre national de l'anti-terrorisme (NCTC)", l'agence gouvernementale qui coordonne les activités du renseignement américain, a-t-il affirmé.

Un responsable du renseignement américain a indiqué à l'AFP que l'entretien avec le père du suspect ne contenait par ailleurs pas d'"élément-clé" qui aurait permis de placer le jeune homme sur la liste des quelque 4.000 personnes interdites de vol vers les Etats-Unis.

De fait, le renseignement américain savait qu'Al-Qaïda, qui a revendiqué l'attentat raté, préparait une "surprise pour Noël" mais n'était pas en mesure de prévoir cet acte en particulier, a indiqué un agent du renseignement à la chaîne CBS mercredi. Le problème, a-t-il avancé, est que le NCTC "reçoit 8.000 messages par jour".

Les listes de surveillance des terroristes potentiels, de même que les procédures d'inspection, ont commencé à être réexaminées, a assuré la ministre américaine de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, soulignant que Washington est "déterminé à identifier et à remédier aux failles".

Et alors que compagnies aériennes et aéroports internationaux imposaient de nouveaux contrôles à l'embarquement, la question du recours aux scanners corporels fait son chemin.

Au Nigeria, des scanners corporels "en trois dimensions" vont équiper les aéroports internationaux, a annoncé mercredi l'Autorité de l'aviation civile (NCAA) nigériane.

L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, par lequel le Nigérian a transité, a annoncé de son côté que des scanners corporels seraient utilisés "dans les trois semaines" pour contrôler les passagers en partance vers les Etats-Unis.

Quinze scanners vont être équipés d'un logiciel qui représente le corps humain sous la forme d'une poupée, afin de ne pas donner lieu à des présomptions de voyeurisme, a indiqué la ministre néerlandaise de l'Intérieur, Guusje ter Horst.

Selon cette dernière, l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit "a été préparé de manière assez professionnelle mais exécuté en amateur".

En matière de sécurité aéroportuaire, l'Association internationale du transport aérien (IATA) a appelé les Etats-Unis à collaborer avec le secteur, soulignant que "des solutions à long terme doivent passer par une amélioration des technologies".

Le Yémen, où le Nigérian aurait reçu un entraînement, a réaffirmé sa détermination à traquer les activistes d'Al-Qaïda. "Le Yémen ne sera jamais un sanctuaire pour les activistes terroristes", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Hassan al-Lawzi.

Mais Sanaa attend davantage de la part des Etats-Unis dans sa lutte contre Al-Qaïda qui, selon un ministre yéménite, pourrait planifier des attaques similaires à l'attentat manqué.

Mercredi, des affrontements ont opposé les forces de sécurité yéménites à des membres présumés d'Al-Qaïda qu'elles tentaient d'arrêter, a indiqué à l'AFP un responsable sous couvert d'anonymat. Un suspect a été arrêté "après avoir été blessé", a-t-il dit.

En représaille contre l'attentat manqué, les Etats-Unis et le Yémen cherchent de nouvelles cibles au Yémen pour des frappes aériennes, a rapporté la chaîne CNN.