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La Communauté andine se dote d'un réseau de sécurité pour lutter contre le crime organisé
Lors d'une réunion d'urgence dimanche, les membres de la Communauté andine ont acté un dispositif d'entraide pour lutter contre le crime organisé en Amérique latine. Cette rencontre intervient alors que des dizaines de personnes ont été arrêtées en Équateur lors d'une tentative d'assaut dans un hôpital.

Une réunion d'urgence des pays membres de la Communauté andine (CAN) était consacrée à l'Équateur, miné par les violences liées au narcotrafic, dimanche 21 janvier à Lima au Pérou. À l'issue de ce sommet, la Colombie, le Pérou, la Bolivie et l'Équateur ont annoncé la création du premier "réseau andin de sécurité" contre le crime organisé, selon une déclaration officielle.

Ce réseau garantira "un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour fournir et recevoir des informations, et/ou demander des informations à d'autres pays (...) sur l'activité des groupes criminels qui ont, ou peuvent mener, des opérations transnationales", ont indiqué les ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Défense de la CAN.

"Nous sommes entrés dans l'Histoire, nous avons écrit un nouveau chapitre de la CAN", s'est réjouie la ministre équatorienne des Affaires étrangères Gabriela Sommerfeld. "La peur paralyse les pays. Nous avons vu que la peur a paralysé l'Équateur, paralysé les investissements, augmenté le chômage et la migration."

La prolifération et l'expansion des gangs se livrant au trafic de drogue et au racket en Équateur ont mis en état d'alerte les zones frontalières.

Le Pérou et la Colombie ont d'ores et déjà renforcé leurs contrôles aux frontières, craignant la pénétration de criminels fuyant la répression qui s'accentue en Équateur.

Une tentative d'assaut dans un hôpital

Le même jour, des dizaines de personnes ont été arrêtées en Équateur lors d'une tentative d'assaut dans un hôpital.

La police équatorienne a annoncé l'interpellation de 68 membres présumés d'une organisation criminelle qui tentaient de vouloir s'emparer d'un hôpital où se trouvait l'un des leurs. "Nous avons neutralisé des terroristes présumés, qui tentaient de prendre le contrôle des installations d'un hôpital à Yaguachi", dans la province du Guayas (sud-ouest), a-t-elle indiqué sur X.

Conoce más detalles sobre la aprehensión de 68 personas por un presunto acto terrorista en una casa de salud en Yaguachi, #Guayas.

Boletín: ⬇️🗞️ https://t.co/qRiX2UxfAb

— Policía Ecuador (@PoliciaEcuador) January 21, 2024

Selon cette source, le groupe souhaitait "protéger un membre blessé de leur organisation" qui avait été admis dans cet hôpital plus tôt dans la matinée.

Des armes à feu et de la drogue ont par ailleurs été saisies. Un "centre de rééducation" clandestin, où "se cachaient" des membres présumés de l'organisation, a également été perquisitionné, a précisé la police.

Les autorités ont récemment fermé plusieurs centres de ce type, essentiellement des hôpitaux clandestins gérés par des gangs qui, selon les autorités, ne disposent pas des équipements médicaux nécessaires pour soigner des patients.

Dimanche, environ 10 tonnes de drogue ont également été saisies près de la ville de Vinces, dans la province de Los Rios (ouest), a indiqué l'armée sur X.

Un pays miné par le narcotrafic et la violence des gangs

Considéré comme un pays plutôt sûr, l'Équateur s'enfonce depuis cinq ans dans la violence, sur fond de ralentissement économique et d'appauvrissement consécutifs à la pandémie de Covid-19 : en 2023, le taux d'homicides est passé de 6 à 46 pour 100 000 habitants.

Situé entre la Colombie et le Pérou, plus importants producteurs de cocaïne au monde, l'Équateur est resté pendant des années à l'abri de la violence liée au narcotrafic. Mais de simple pays de transit, il est devenu un centre d'opérations et de logistique pour l'expédition de la cocaïne vers l'Europe. Et une vingtaine de gangs font littéralement la loi, notamment depuis les prisons.

Un cran dans la terreur a été franchi le 9 janvier avec l'assaut en direct à la télévision publique TC d'hommes lourdement armés, encagoulés, qui ont pris brièvement en otage journalistes et employés de la chaîne avant que les forces de l'ordre ne parviennent à les libérer ; 13 assaillants ont été arrêtés.

Huit jours plus tard, le procureur anti-mafia Cesar Suarez chargé d'enquêter sur cette spectaculaire attaque a été assassiné, tué par balles en plein jour dans le centre de Guayaquil.

Le jeune président Daniel Noboa a décrété l'état d'urgence et déclaré le pays "en guerre intérieure" contre les gangs qualifiés de "terroristes", déployant plus de 20 000 militaires sur le terrain.

Avec AFP