L'Assemblée générale de l'ONU a appelé tous les pays du monde, mardi 21 novembre, à respecter la traditionnelle "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris l'été prochain, une résolution symbolique critiquée par la Russie, qui dénonce des "interférences politiques" dans le sport.
La résolution, adoptée par 118 voix pour, aucune contre et deux abstentions (Russie et Syrie), appelle les États membres à "observer la trêve olympique individuellement et collectivement" à partir du septième jour avant le début des JO de Paris (du 26 juillet au 11 août 2024) et jusqu'au septième jour après la fin des jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre).
Le texte préparé par la France souligne aussi "l'importance de la coopération entre les États membres pour appliquer les valeurs de la trêve olympique à travers le monde".
"Je ne me souviens pas d'un monde faisant face à tant de confrontations, de divisions, de polarisation", a commenté à la tribune de l'ONU le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach, appelant à "envoyer un message sans équivoque au monde : 'Oui, nous pouvons nous rassembler même en temps de guerres et de crises'".
"Les Jeux ont une valeur d'exemple extrêmement inspirante parce qu'ils donnent à voir ce que nous avons en commun plutôt que ce qui nous divise", a ajouté Tony Estanguet, patron du comité d'organisation des JO de Paris.
Inspirés par l'ancienne tradition grecque de "l'ekecheiria", qui imposait la cessation de toute hostilité pendant les jeux olympiques antiques, cette "trêve" a été réintroduite par l'ONU en 1993, suite à une initiative du CIO.
Toujours adoptée sans vote
Elle avait jusqu'ici toujours été adoptée sans vote, par consensus, tous les deux ans avant les Jeux d'hiver et d'été. Mais cette année la Russie a réclamé un vote, jugeant "inacceptable" l'absence d'une référence aux "principes d'un accès égal et non politisé" aux compétitions sportives dans le texte.
Le CIO considère l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 comme une violation de la trêve olympique liée aux JO-2022 de Pékin et a ainsi recommandé aux fédérations internationales de bannir leurs compétitions du sol russe et d'interdire tout symbole officiel russe – hymne ou drapeau. Mais il n'a pas encore tranché concernant les Jeux.
"Il y a une tendance dangereuse à l'interférence politique dans le sport et à l'utiliser comme instrument de pression politique", a dénoncé l'ambassadrice russe adjointe à l'ONU, Maria Zabolotskaya, qualifiant la "discrimination" contre les athlètes russes de "sommet de l'hypocrisie et du cynisme".
"Ce n'est en aucun cas une discrimination des athlètes, cela concerne le respect des règles de la Charte olympique", a répondu Thomas Bach devant la presse, alors que le CIO a suspendu en octobre le comité olympique russe pour avoir placé sous son autorité plusieurs organisations sportives de régions ukrainiennes occupées.
Il a d'autre part déploré l'annonce par la Russie de l'organisation en 2024 de "jeux de l'amitié".
"Les événements sportifs doivent être organisés par des organisations sportives", a-t-il insisté, estimant que si cette compétition avait lieu, "le sport ferait alors partie des tensions et divisions politiques du monde".
Avec AFP