Diana nous donne rendez-vous dans un café de son quartier d’Almada, au sud de Lisbonne. À 31 ans, elle habite toujours chez son père, avec son frère âgé de 39 ans, et n’a pas le droit d’inviter des inconnu·es. "C’est une sensation très bizarre : tu n’es plus une ado, mais tu n’es pas pleinement une adulte. Tu payes des factures comme une adulte, mais tu dois toujours demander la permission à ton père pour inviter des gens."

Comme beaucoup de Portugais·es de son âge, Diana n’a toujours pas quitté le nid familial. Ici, les jeunes quittent le domicile parental à 34 ans en moyenne. Et pas par choix. Frappée de plein fouet par une crise du logement sans précédent, la nouvelle génération ne s’en sort pas financièrement pour payer un loyer souvent exorbitant. À Lisbonne, une chambre se loue à plus de 850 euros par mois. Faute de perspective, certains ont des envies d’ailleurs. Chaque année, 40 % des diplômés du pays partent à l’étranger.

Parmi les loyers les plus chers et les salaires les plus bas d’Europe

Beatriz, 24 ans, y songe sérieusement. Elle a dû arrêter ses études de photographie pour payer son loyer. "Je fais partie de la classe moyenne, et je n’ai même pas de maison, je ne peux même pas louer un studio ! C’est impossible !" En deux ans, son loyer a déjà augmenté deux fois. "J’aimerais vous dire que je vais chercher une alternative, mais il n’y en a pas", déplore la consultante en marketing digital, qui a également renoncé à s’installer avec son copain.

En mars 2024, le Portugal votera pour les élections législatives. Et la crise du logement sera au cœur des préoccupations. "Je m’en fiche si ça doit passer par des mesures de gauche, de droite, juste : faites quelque chose ! Je m’en fiche si c’est pro-marché, anti-marché : réglez le problème. Les Portugais ont besoin de logements."