L'archipel des Comores vote dimanche 14 janvier pour choisir son président. Le sortant Azali Assoumani, qui brigue un troisième mandat consécutif, compte sur une victoire au premier tour face à une opposition divisée et dont une partie appelle au boycott.
Les bureaux de vote ont ouvert après 7 h (4 h GMT), au compte-gouttes, à travers les trois îles de l'océan Indien (Grande Comore, Anjouan et Mohéli) qui composent le pays pauvre de 870 000 habitants. Les bureaux doivent rester ouverts jusqu'à 18 h (15 h GMT).
Ouverture tardive des bureaux
Dans plusieurs bureaux de la capitale Moroni, sous une pluie battante, les assesseurs attendaient encore l'arrivée des isoloirs à l'heure prévue du début du vote. "Les bureaux ont commencé généralement avec du retard", a souligné auprès de l'AFP une observatrice de l'Union africaine sur place.
À Ntsoudjini, fief d'un candidat de l'opposition situé à une dizaine de kilomètres au nord de Moroni, les électeurs ne pouvaient toujours pas déposer leur bulletin en milieu de matinée. "Le vote n'a toujours pas commencé au motif qu'il n'y avait pas de voiture pour acheminer le matériel électoral. En fait, ils bloquent le vote parce que le gouvernement sait que c'est une localité farouchement opposée à Azali", accuse le candidat Mouigni Baraka Saïd Soilihi, joint par l'AFP.
Gendarmes, police et armée sont déployés pour éviter tout débordement, mais la foule ne semble pas s'être pressée dans la capitale.
Des irrégularités dénoncées par l'opposition
"La confiance est là que je gagnerai au premier tour. C'est Dieu qui décidera et le peuple comorien. Si on gagne dès le premier tour, on gagne du temps et de l'argent", a déclaré à l'AFP le président sortant, Azali Assoumani, après avoir déposé son bulletin dans sa ville natale de Mitsudje, à quelques kilomètres de la capitale Moroni.
Arrivé une première fois à la tête du pays en 1999 par un coup d'État, le colonel Azali, de retour au pouvoir depuis 2016, compte sur une victoire éclair. Le chef d'État, qui dirige le pays d'une main de fer, a appelé les électeurs à le plébisciter dès le premier tour, faisant campagne sous le slogan "un coup KO".
Pour convaincre, le candidat sortant a vanté dans ses discours de campagne la construction de routes et d'hôpitaux. Mais dans l'archipel où 45 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et le quotidien est marqué par des coupures d'eau et d'électricité, ainsi qu'une hausse dramatique des prix de l'alimentation, le bilan du président sortant est souvent critiqué. Pendant la campagne, l'équipe présidentielle a été rudement chassée de plusieurs localités.
S'il était réélu, Azali resterait au pouvoir jusqu'en 2029. En 2018, il avait fait passer une réforme constitutionnelle permettant une plus grande centralisation des pouvoirs par l'exécutif. Et l'opposition, qui dit craindre "un hold-up électoral" dimanche, accuse les institutions de collusion avec le pouvoir.
En 2019, Azali, qui a fait emprisonner ou poussé à l'exil nombre de ses opposants, avait été réélu avec 60 % des voix au premier tour au cours d'une élection dont les résultats avaient été contestés. Cette semaine, les candidats de l'opposition ont à nouveau dénoncé des irrégularités, notamment dans la publication des listes électorales.
"Nos assesseurs sont empêchés d'accéder aux bureaux de vote à Anjouan", traditionnel fief de l'opposition, a aussi dénoncé dans la matinée, Djaffar El Mansoib, du parti d'opposition Juwa. Certaines organisations de la société civile ont indiqué leur présence dans les bureaux de vote pour "protéger" les votes des citoyens.
Les résultats du premier tour doivent être publiés entre le 15 et le 19 janvier. Un second tour est prévu, si nécessaire, le 25 février.
Avec AFP