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La France réclame une "pause humanitaire" pour Gaza lors d'une conférence à Paris
Alors que les ONG et l'ONU tirent chaque jour la sonnette d'alarme sur la situation dans la bande de Gaza, une conférence humanitaire internationale pour Gaza s'est tenue jeudi à Paris, visant à coordonner l'aide destinée à l'enclave palestinienne. Emmanuel Macron a réclamé une "pause humanitaire" et annoncé une enveloppe supplémentaire de 80 millions d'euros. L'aide s'élève à plus d'un milliard d'euros pour l'ensemble des participants.

La France a organisé à l’Élysée, jeudi 9 novembre, une conférence humanitaire pour la population civile de Gaza, où quelque 80 pays et organisations internationales étaient présents. Emmanuel Macron a demandé une "pause humanitaire très rapide" et jugé la "préparation d'un cessez-le-feu" tout aussi "indispensable".  

"Les civils doivent être protégés", a-t-il aussi déclaré. "Ce n'est pas négociable. C'est une nécessité immédiate".  

Les pays participants ont annoncé de nouveaux engagements d'aide dépassant un milliard d'euros, a annoncé la présidence française.

"Les chiffres des engagements pris lors de la conférence sont encore en train d'être consolidés mais il est certain que le milliard d'euros sera dépassé", a dit l'Élysée. Les organisateurs ont ensuite précisé que les annonces faites jeudi par les différents pays pouvaient, selon les cas, inclure des engagements déjà pris depuis le 7 octobre.

Une grande partie de cette aide servira à répondre aux besoins de l'ONU pour aider la population de Gaza et de Cisjordanie, estimés à 1,2 milliard de dollars jusqu'à fin 2023.

La France, quant à elle, porte son aide humanitaire pour les Palestiniens de 20 à 100 millions d'euros pour 2023, a annoncé le président, qui a appelé les pays présents à augmenter eux aussi leur contribution. 

À ses côtés, Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNWRA (agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), s'est déclaré "très préoccupé par le potentiel de contagion de ce conflit". "La Cisjordanie est en ébullition", a-t-il affirmé.  

Un "incendie"

Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence, Martin Griffiths, lui a fait écho. "C'est un incendie qui pourrait consumer totalement toute la région", a-t-il mis en garde.  

Si la France a apporté son soutien à Israël à la suite de l'attaque du Hamas le 7 octobre qui a fait 1 400 morts et conduit à la prise en otage de 239 personnes, les préoccupations sont croissantes à l'égard des victimes civiles dans la bande de Gaza signalées chaque jour dans les frappes israéliennes menées depuis lors en représailles. Des milliers de personnes ont été tuées, blessées et déplacées.  

"Combien de Palestiniens doivent être tués pour que la guerre s'arrête ? Est-ce que tuer 10 000 personnes en 30 jours est suffisant ?", a lancé le Premier ministre de l'Autorité palestinienne basée en Cisjordanie, Mohamed Shtayyeh.  

"La route de la souffrance chez les Palestiniens n'a pas commencé le 7 octobre, elle a aujourd'hui 75 ans", a-t-il aussi déclaré, parlant de "violation claire du droit international". 

Présent également dans la capitale française, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a estimé que les agissements d'Israël allaient au-delà du droit à se défendre.  

Israël n'a pas été invité à Paris. Des représentants français ont indiqué que l'État hébreu était tenu informé de l'initiative et des travaux menés.  

Préparer l'aide humanitaire

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, est à Paris, de même que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, des acteurs régionaux comme la Jordanie et des pays du Golfe, les puissances occidentales et les membres du G20 à l'exception de la Russie.  

Des institutions internationales et des ONG comme Médecins sans frontières (MSF), qui opèrent à Gaza, ont aussi participé aux discussions.  

Le président de Chypre, Nikos Christodoulides, a présenté un plan de corridor maritime au départ de l'île qui permettrait de faire parvenir par la mer au départ de Larnaca, sous protection et après vérification des chargements, de l'aide humanitaire qui serait débarquée sur la côte sud-est de la bande de Gaza.  

Si l'hypothèse d'installer des hôpitaux de campagne doit être évaluée, des diplomates ont indiqué que l'Égypte était réticente à l'idée d'accueillir une multitude d'hôpitaux sur son territoire. En l'absence d'une pause humanitaire ou d'un cessez-le-feu à Gaza, il est difficile d'en installer dans l'enclave.  

Israël et le Hamas ont répété qu'ils excluaient un cessez-le-feu, amenuisant les espoirs d'une avancée humanitaire rapide. Israël demande au préalable la libération de tous les otages, tandis que le Hamas dit qu'il ne cessera pas de combattre tant que la bande de Gaza sera assiégée.  

Les Nations unies ont évalué à 1,1 milliard de dollars les besoins immédiats des civils palestiniens, tandis que plusieurs acteurs ont été identifiés pour apporter de l'aide d'urgence, en comptant sur l'ouverture de couloirs humanitaires vers Gaza.  

Restaurer les arrivées d'eau potable, de carburant et l'électricité doit être discuté, de même que des procédures pour garantir que les aides pour Gaza ne seront pas détournées par le Hamas. 

Avec Reuters