Emmanuel Macron a présidé, vendredi 5 janvier, un hommage solennel à Jacques Delors, mort le 27 décembre à l'âge de 98 ans, dont il a salué "l'intuition visionnaire".
Il a "réconcilié véritablement la France avec l'Europe" et "l'Europe avec son avenir", a salué le chef de l'État. "Jacques Delors ne se lassa jamais d'explorer pour réconcilier, en éclaireur, de frayer des alternatives, de bâtir des ponts", a-t-il poursuivi dans la cour des Invalides, en présence de nombreux dirigeants européens.
Il "nous a juste passé le relais", a-t-il ajouté, célébrant les "talents de conciliateur" d'un homme "qui ne s'est jamais conformé, dans aucun des tournants du siècle, aux habitudes ni aux attendus".
Pour rendre hommage à l'ancien président de la Commission européenne, père de l'euro, une "innovation" a aussi été apportée au rite républicain. Après l'éloge funèbre d'Emmanuel Macron, la sonnerie aux morts, la minute de silence et la Marseillaise, l'Ode à la joie, l'hymne européen, a retenti dans la cour des Invalides.
Social-démocrate, Jacques Delors avait déçu son camp en renonçant à briguer l'Élysée en 1995, après ses deux mandats à Bruxelles. Mais avant cela, il avait marqué la vie politique en cheminant avec le gaulliste social Jacques Chaban-Delmas à la fin des années 1960 puis en pesant de tout son poids pour que la France reste dans l'Europe en 1983, lorsqu'il était ministre de l'Économie du président socialiste François Mitterrand.
À la tête de la Commission de 1985 à 1995, il a ensuite "contribué à dessiner, trait par trait", le "visage de l'Europe d'aujourd'hui", celle du marché unique et de l'euro, des accords de Schengen ou encore du programme d'échanges d'étudiants Erasmus, a souligné Emmanuel Macron.
Un destin également salué par les nombreux responsables invités à la cérémonie. Il "a donné une âme à l'Europe", a résumé l'actuelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. "Son héritage est immense."
Ses anciens camarades socialistes ont eux aussi vanté ses qualités. "Il avait une très grande intégrité", a souligné Pascal Lamy, qui l'accompagna à Bercy, puis à Bruxelles. L'ancien Premier ministre Lionel Jospin garde, lui, "le souvenir de son extrême exigence dans le travail, de la conscience de ses responsabilités, assorties d'une très grande simplicité de mœurs".
Une dizaine de dirigeants en exercice présents
Dans ses vœux aux Français du 31 décembre, Emmanuel Macron avait déjà invoqué "l'héritage" de Jacques Delors pour appeler à faire en 2024 le "choix décisif" d'une "Europe plus forte, plus souveraine".
Pour rappeler ses "réalisations concrètes", une centaine d'étudiants du programme Erasmus venus de toute l'Europe ont assisté à l'hommage.
Étaient également présents le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le Premier ministre belge Alexander De Croo, son homologue néerlandais Mark Rutte, les présidents du Conseil, de la Commission, du Parlement et de la Banque centrale européenne. Un aréopage dans lequel le Premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file du camp nationaliste, détonnait à cinq mois des élections européennes.
Avec AFP