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Séisme au Maroc : "Face à la catastrophe, l'inaction et le silence de Mohammed VI"

À la une de la presse, ce lundi 11 septembre, les réactions de la presse marocaine et internationale au puissant tremblement de terre qui a touché le Maroc, vendredi, et fait plus de 2 100 morts, au sud-ouest de Marrakech.

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À la une de la presse, les réactions au puissant tremblement de terre qui a touché le Maroc, vendredi et fait plus de 2 100 morts, au sud-ouest de Marrakech.

Dans un pays où la presse d’opposition n’est plus qu’un souvenir, le récit médiatique et le récit officiel se confondent, comme en témoigne "le suivi de la situation" par Le 360. Le site marocain fait notamment état des "efforts héroïques" des Forces armées royales et des autorités locales pour débloquer l’accès à Tigouga, une commune rurale de la province de Taroudant, en dénonçant, au passage, le "forcing" supposé de la France "pour envoyer des aides au Maroc". Le Matin, le quotidien le plus ancien du pays, proche du Palais, consacre quant à lui sa une à la réunion à laquelle le roi Mohammed VI a assisté, samedi, aux côtés de son fils – une "séance de travail consacrée à l’examen de la situation à la suite du tremblement de terre douloureux survenu le vendredi 8 septembre". D’après Maroc Hebdo, le roi devrait se rendre dans la journée à Marrakech. Le magazine cite des sources "basées dans la cité ocre", annonçant que le souverain pourrait notamment se rendre dans l'ancienne médina.

Beaucoup de réactions, également, dans la presse internationale. Le quotidien qatari Al Araby Al Jadeed, évoque "une course contre la montre pour extraire les victimes des décombres". Le Qatar fait partie, avec les Émirats arabes unis, l’Espagne, et le Royaume-Uni, des pays dont le gouvernement a accepté l’aide. Face aux nombreuses offres d’assistance internationale, le royaume n’a en effet donné son feu vert qu’à ces quatre pays. Une réaction qui semble surprendre L’Orient Le Jour. D’après le quotidien libanais, le Maroc "pourtant meurtri, boude l’aide internationale", obligeant l’assistance à s’organiser "surtout sur le plan local".

De son côté, le journal espagnol El Mundo accuse Mohammed VI de ne pas agir et de priver les victimes d’assistance. "Deux jours après le séisme, l’aide parvient au compte-goutte aux communes rurales les plus touchées par le séisme", critique le journal, qui estime que "le silence et la réaction tardive de Mohamed VI face à la pire catastrophe naturelle de son règne remettent sérieusement en question son leadership". Le quotidien espagnol cite "plusieurs médias internationaux" faisant état de la présence du souverain à Paris au moment du séisme et relève que ce dernier est resté "silencieux pendant 18 heures", alors que les secours s’activaient à la recherche des survivants. Une réserve à laquelle s'est ajoutée celle du Premier ministre Aziz Akhannouch, qui a lui aussi tardé à s'exprimer. El Pais, autre quotidien espagnol, juge "dérangeant" le "silence" du roi "face à la tragédie". Le quotidien affirme que les zones rurales du sud du pays attendent toujours de recevoir de l’aide, que dans certaines localités des habitants en sont réduits à "extraire eux-mêmes leurs voisins des décombres" et que le poids de l’assistance "repose sur la société civile". El Pais, qui publie cette tribune de Mahi Binebine. L’écrivain marocain a ce cri du cœur : "Il y en a assez que le malheur s’abatte toujours sur les plus pauvres", "sur les malheureux et ceux qui n'ont pas d'avenir, sur ces villes situées au bord des rivières, sur les pentes des montagnes et des périphéries saturées". "Et ce n’est pas parce qu’on finit par s’habituer à tout, qu’il faut confondre fatalité et résilience".

Pour le moment, le Maroc n’a pas envoyé de demande d’aide officielle à la France, qui se dit prête, de son côté, à "intervenir". Dans un pays qui compte plus d’un million et demi de Marocains, dont la moitié de binationaux, les conséquences meurtrières du séisme provoquent évidemment une onde de choc. L’Humanité, qui s’inquiète de "la dangereuse inertie du pouvoir" marocain et du risque de voir l’aide humanitaire "entravée", en appelle à "la solidarité face à la dévastation à l’entraide pour soigner la détresse d’un peuple". "Compassion, la tristesse, la solidarité. Mais aussi une certaine gêne", d’après Le Parisien/Aujourd’hui en France, qui se demande pourquoi le Maroc "tarde voire rechigne" "à saisir la main tendue". Le journal, qui souligne que le Qatar et l’Espagne ont, eux, "reçu un feu vert à leurs offres de services", relève que Mohammed VI "est proche de l’émir qatarien" et que Rabat "vit une lune de miel avec Madrid depuis que l’ex-puissance coloniale s’est décidée — contrairement à Paris — à soutenir la revendication marocaine sur le Sahara occidental". "Quand (le Maroc) est frappé par un sort funeste, nous ne sommes pas spectateurs d’un drame lointain : nous sommes directement touchés, prêts à voler au secours d’un proche", écrit Le Figaro. Le journal, qui rappelle la façon dont le scandale d’espionnage Pegasus a déclenché "deux ans de brouille personnelle et politique" entre Mohammed VI et Emmanuel Macron, estime que "le séisme apporte une raison impérieuse d’(y) mettre fin", et qu’"il n’y a pas d’amour-propre froissé qui vaille à l’aune de milliers de victimes et de destructions dantesques".

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