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Affrontements entre manifestants de l'opposition et police anti-émeute

À Téhéran, les autorités ont dispersé à coup de matraque un rassemblement de l'opposition et ont arrêté plusieurs manifestants, selon des témoins et des sites réformistes. Ces heurts interviennent à la veille de la fête chiite de l'Achoura.

AFP - Des affrontements ont éclaté samedi soir entre la police et des manifestants hostiles au gouvernement dans le nord de Téhéran, près de la mosquée de l'imam Khomeiny où l'ancien président Mohammad Khatami devait faire un discours, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Plusieurs milliers de partisans de M. Khatami, une des figures de l'opposition réformatrice au président Mahmoud Ahmadinejad, s'étaient rassemblés autour de la petite mosquée de Javaran en criant des slogans hostiles au gouvernement lorsque la police est intervenue pour les disperser, selon ces sources.

Les forces de l'ordre, à pied et à moto, ont notamment utilisé des grenades lacrymogènes pour repousser les manifestants vers le quartier commerçant voisin de Niavaran où des affrontements se poursuivaient en début de soirée, selon les mêmes sources.

Les forces anti-émeutes, aidées de bassidjis, la milice islamique du régime, ont également utilisé des bombes de peinture pour marquer les manifestants avant de les poursuivre en moto. Plusieurs arrestations ont été signalées par des témoins.

Les manifestants criaient "mort à la dictature", "Khomeiny où es-tu?", ou "Si Khomeiny était vivant il serait avec nous", lorsqu'ils ont été attaqués par les forces de l'ordre qui leur avaient auparavant demandé de se disperser, selon les mêmes témoignages.

L'ex-président Khatami devait faire un discours à la mosquée de Javaran à l'occasion de l'Achoura, journée de deuil chiite commémorant le martyre de Hossein, petit-fils du prophète Mahomet, lors de la bataille de Kerbala (actuel Irak) contre les troupes du calife Yazid en 680, un des mythes fondateurs de l'islam chiite.

Selon le site d'opposition Rahesabz, le discours de M. Khatami "a été annulé par les services de sécurité", et les forces de l'ordre encerclaient la mosquée.

L'opposition au président Ahmadinejad manifeste depuis plusieurs mois contre sa réélection en juin, lors d'un scrutin qu'elle juge entaché de fraudes massives. Plusieurs milliers d'opposants ont été arrêtés lors de ces manifestations, qui ont également fait plusieurs dizaines de morts --36 selon les autorités, 76 selon l'opposition.

Plusieurs groupes d'opposition ont appelé à de nouvelles manifestations samedi et dimanche, à l'occasion de Tassoua et Achoura, deux journées de deuil lors desquelles des centaines de milliers d'Iraniens descendent dans la rue pour assister ou participer aux nombreuses processions, rassemblements ou spectacles marquant l'événement.

Plus tôt dans la journée, d'autres incidents ont eu lieu dans le centre de Téhéran, où la police a dispersé par la force plusieurs rassemblements d'opposants, pourchassant les manifestants et procédant à des arrestations, selon des témoins.

Dans la soirée, le centre de Téhéran semblait totalement calme, selon ces mêmes sources.