Le 26 décembre 2004, un immense raz-de-marée touchait le littoral de l'océan Indien, emportant 220 000 personnes. Depuis, des millions de dollars ont été consacrés à la reconstruction mais la prévention du danger chez les populations reste difficile.
AFP - Des systèmes d'alerte anti-tsunami ont été installés dans de nombreux pays asiatiques, cinq ans après la vague géante qui a déferlé sur l'océan Indien, mais les experts craignent que les futures générations finissent par oublier le danger et négligent de s'y préparer.
L'immense raz-de-marée qui a emporté quelque 220.000 personnes hante encore les plages et les villages côtiers des douze pays touchés par la pire catastrophe naturelle depuis des décennies.
Mais experts et responsables politiques savent que ce souvenir, aujourd'hui très vif, va peu à peu s'atténuer.
"Cinq ans après, la conscience du risque de tsunami est très importante. Je ne pourrais pas dire ce qu'il en sera dans cinq ou 10 ans", admet Sanny Ramos Jegillos, responsable régional de la prévention des crises au programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
"La raison pour laquelle c'est si difficile est qu'un tsunami, historiquement, ne frappe pas deux fois au même endroit dans la vie d'une ou de deux générations", explique-t-il.
"Le dernier tsunami à avoir frappé Sumatra, avant celui de 2004, était en 1907. Ca fait presque cent ans. C'est long pour s'assurer que les enfants s'en souviennent".
itDepuis 2004, la générosité des pays donateurs a été sans égale et l'énergie des gouvernements assez remarquable.
L'Inde a déboursé 32 millions de dollars pour détecter dans l'océan Indien toute secousse de degré 6 ou plus sur l'échelle de Richter, en moins de 20 minutes. Le Sri Lanka est prêt à envoyer des alertes par SMS sur les téléphones portables. La Thaïlande s'est équipée de 103 tours avec haut-parleurs, dans six provinces.
Mais le plus compliqué, pour les autorités, est de déclencher une réaction efficace et sans panique, relève Al Panico, de la Fédération internationale de la croix-rouge et du croissant rouge (IFRC).
"Les messages parviennent effectivement au gouvernement quand un désastre est imminent. Là où il y a un problème, c'est pour le faire parvenir à ceux qui doivent agir, (...) aux gens sur le terrain", explique-t-il.
La Malaisie, relativement peu touchée en 2004 (68 morts), dispose de 17 stations de mesure des tremblements de terre. Mais les autorités insistent sur le besoin de convaincre les jeunes générations.
"Les tsunamis sont rares et quand un survient, le temps pour l'évacuation est très limité. Il est nécessaire de faire un travail d'éducation et de prise de conscience avec les populations à risque", explique Yap Kok Seng, patron du département de météorologie.
L'Indonésie, qui a enregistré à elle seule les quatre cinquièmes des victimes du tsunami, semble beaucoup plus en retard.
"Beaucoup d'Indonésiens n'ont aucune idée de ce que c'est que la réduction des risques de tsunami", regrette Danny Hilman Natawidjaja, expert de l'Institut des Sciences d'Indonésie. "Les exercices de l'Agence de gestion des catastrophes sont inefficaces, ils ont beaucoup à apprendre".
Le 26 décembre 2004, à Phuket, dans le sud de la Thaïlande, la petite britannique Tilly Smith, 10 ans, avait su se servir d'une leçon de géographie pour identifier le tsunami avant que la vague ne déferle sur la plage. Elle avait sauvé une centaine de touristes en les poussant à fuir.
"Nous devons préparer les prochaines générations et cela ne peut se faire sans un travail de prise de conscience dans les programmes scolaires", insiste Sanny Ramos Jegillos. "Tous les programmes de l'école devraient avoir un chapitre sur la science des tsunamis".