
Le budget 2010, censé remettre de l'ordre dans les finances publiques grecques, a été adopté dans la nuit de mercredi à jeudi par les députés, alors que le pays traverse une crise financière liée à l'explosion de la dette.
AFP - Les députés grecs ont adopté à la majorité dans la nuit de mercredi à jeudi le budget 2010 qui doit remettre de l'ordre dans "le chaos" des finances publiques du pays, désavouées par les marchés financiers après l'explosion de la dette grecque.
Le texte a été adopté par les 160 députés socialistes du Pasok au pouvoir depuis octobre dernier. Les députés des partis conservateur (ND), communiste (KKE), de la gauche radicale (SYN) et d'extrême droite (LAOS) ont voté contre, soit 139 voix. Un député conservateur était absent.
Ce vote intervient alors que la Grèce subit depuis plusieurs semaines une crise financière sans précédent en raison de l'explosion de sa dette qui a amené les agences de notation à dégrader la note du pays.
Concluant les débats de cinq jours, le Premier ministre Georges Papandréou a affirmé que "le plus grand déficit c'est la défiance (...) le budget constitue un contrat pour reconquérir notre crédibilité".
Il a rappelé que la priorité du budget était "de faire le ménage de l'Etat", et souligné qu'il fallait "changer de cap".
"Nous allons prouver notre capacité et notre détermination de changer ce pays, à nous-mêmes et à tout étranger qui met en doute notre volonté", a déclaré M. Papandréou.
Le budget prévoit pour 2010 une réduction de 3,6% du déficit, actuellement de 12,7% du PIB, et une dette publique de 120% du PIB ou 295 milliards, contre 113% environ ou 272 milliards en 2009.
Ce budget est "le plus difficile depuis le retour de la démocratie (en 1974), la situation est extrêmement défavorable, il doit appliquer des objectifs très ambitieux", a estimé le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou lors du débat budgétaire.
Il vise à mettre de l'ordre "dans le chaos des finances publiques" du pays face à "l'impasse" dont le gouvernement socialiste a hérité de ses prédécesseurs conservateurs, a ajouté le ministre.
Devant l'inquiétude née de l'explosion de la dette grecque, la note du pays a été abaissée successivement par les trois grandes agences de notation financière depuis le début du mois de décembre.
Moody's a ainsi annoncé mardi avoir abaissé la note des obligations de l'Etat grec de A1 à A2 en raison des incertitudes entourant les risques de solvabilité à long terme du pays.
L'agence américaine Standard & Poor's avait baissé le 16 décembre la note de A- à BBB+. L'agence Fitch avait pris la même décision le 8 décembre, suscitant une forte inquiétude sur les marchés.
Contrairement à ses consoeurs, Moody's n'a cependant pas rétrogradé la Grèce à la lettre B et fait preuve de mansuétude dans ses commentaires, à la satisfaction des marchés. Elle a jugé très peu probable que la Grèce doive faire face à des problèmes de liquidités et de refinancement à court terme.
Moody's a également noté que les difficultés du gouvernement grec ne représentaient pas selon elle un test vital pour l'avenir de la zone euro.
La dette de l'Etat va atteindre en 2010 environ 133% du PIB ou 326 milliards euros contre environ 125% ou 300 milliards en 2009.
Au chapitre des recettes budgétaires, le gouvernement prévoit un impôt exceptionnel sur les grands profits et les grandes fortunes, l'augmentation de l'impôt sur le tabac et l'alcool. Une réforme fiscale comprenant des mesures contre la fraude sera en outre déposée au parlement fin février.
Afin de réduire les dépenses de l'Etat, le gouvernement entend diminuer d'au moins 10% des salaires des dirigeants des entreprises du large secteur public et baisser de 50% des émoluments des membres des conseils d'administration.
Le budget du ministère de la Défense est en baisse de 6,6% par rapport à 2009.