
Les quelque 53 000 spectateurs attendus samedi à Twickenham, un record mondial pour un match de rugby féminin, vont assister à un Angleterre-France qui décidera de la victoire dans le Tournoi des Six Nations 2023. Si les Anglaises, sur une série de 4 Grand Chelem dans cette compétition, sont les favorites de ce duel, elles vont devoir batailler contre une équipe de France de plus en plus menaçante.
Sur une série de onze défaites face aux Anglaises, leurs meilleures ennemies, le XV de France féminin va avoir, samedi 29 avril à Londres, un difficile défi à relever, dans un match qui décidera du vainqueur de l'édition 2023 du Tournoi des SIx Nations.
L'an dernier à Bayonne, les Red Roses avaient remporté leur 52e Crunch face aux Françaises (24-12) pour s'adjuger un 13e titre dans le Tournoi depuis le passage de la compétition à six équipes, et leur 11e Grand Chelem.
Le dernier Grand Chelem des Bleues remonte, lui, à 2018. L'arrière ou demi d'ouverture Jessy Trémoulière, qui prendra sa retraite internationale samedi après 78 sélections en équipe de France, avait alors marqué l'essai de la victoire (18-17) à la 79e minute, face à l'Angleterre, au stade des Alpes à Grenoble.
"Je sais que ce sera rude samedi", confie Jessy Trémoulière, pour qui la clef du match sera la défense. "Tous les matches (contre les Anglaises) où le score a été serré, c'est parce que de la première à la 80e minute, on a été en mode 'rouleau compresseur', on les a étouffées, on a mis des grains de sable dans leur système de jeu", basé pour l'essentiel sur les ballons portés.
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— France Rugby (@FranceRugby) April 28, 2023Pour David Ortiz, arrivé avec Gaëlle Mignot à la tête du XV de France féminin avant le Tournoi, "ce sera un match historique, un environnement magique". "Mais pour nous, ajoute-t-il, c'est surtout un nouveau chapitre de notre histoire". Sans compter que cette rencontre sera "une répétition" avant la prochaine Coupe du monde, en Angleterre en 2025, note Mignot.
Des Bleues de plus en plus compétitives
Lors du Mondial disputé à l'automne 2022 en Nouvelle-Zélande, les Anglaises avaient remporté face à la France un 53e Crunch sur le score de 13 à 7. Elles avaient ensuite connu une énorme déception en finale de cette compétition, face à la Nouvelle-Zélande à l'Eden Park d'Auckland. Les Black Ferns leur avaient non seulement "ravi" un titre qui leur était promis depuis celui de 2014, en l'emportant 34 à 31, mais avaient également stoppé leur série record de trente victoires d'affilée.
Les Anglaises veulent effacer ce mauvais souvenir avec un nouveau titre, devant leur public, contre une équipe de France qui ne cesse de se rapprocher d'elle. Lénaïg Corson est bien placée pour juger de cet écart puisque cette jeune retraitée du XV de France est partie jouer dans le championnat anglais cette saison. Et elle pense que les Bleues sont dans une dynamique bien plus porteuse.
"En Angleterre, on met des œillères. On met les joueuses dans des cases, rendant le système de jeu très lisible, très basé sur le contact et avec peu de capacité d'adaptation. (...) Nos jeunes Françaises savent jouer ainsi et c'est ça qui fera la différence", dit Lénaïg Corson, qui a quitté les Bleues en août 2022 après avoir passé 10 ans en équipe de France et décroché 30 sélections.
Pour l'ancienne deuxième-ligne internationale, "le système anglais aujourd'hui est en crise : on le voit peu chez les filles, parce qu'elles sont sur une génération presque invincible, mais ça ne propose rien de fou, c'est très plan-plan. Pour l'instant, ça marche mais je pense qu'on n'a rien à envier aux Anglaises". Aux Françaises de le prouver samedi dans le stade de Twickenham, considéré comme le Temple du rugby.
Composition du XV de France féminin face à l'Angleterre :
Boulard - Banet, M. Ménager, Vernier, Llorens - (o) Trémoulière, (m) Bourdon - Hermet, Escudero, Berthoumieu - Forlani (cap.), Feleu - Bernadou, Sochat, Brosseau
Remplaçantes: Riffonneau, Mwayembe, Khalfaoui, Ménager, Gros, Chambon, Arbez, Filopon
Avec AFP