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Pékin a franchi un pas de plus en organisant, samedi, des exercices "d'encerclement total" de Taïwan, d'après la télévision chinoise. Des entrainements à tirs réels sont aussi prévus pour lundi. Depuis trois jours, elle accentue la pression militaire sur l'île voisine, avec l'envoi de navires de guerre et d'aéronefs dans le détroit.

Les craintes de voir Pékin surenchérir se confirment.  L'armée chinoise s'est livré, samedi 8 avril, à des exercices "d'encerclement total" de Taïwan, a annoncé la télévision d'Etat chinoise, au premier jour de manœuvres militaires qui dureront jusqu'à lundi.

"L'exercice d'aujourd'hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l'espace aérien et de l'information (...) afin de créer une dissuasion et un encerclement total" de Taïwan, a précisé CCTV. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés. La localisation exacte de ces opérations n'est pour l'heure pas connue.

Ces tensions entre les deux pays sont consécutives de la rencontre aux États-Unis de la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen avec le président de la Chambre américaine des représentants Kevin McCarthy.

Ces manœuvres "servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant 'l'indépendance de Taïwan' et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices", a averti dans un communiqué un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi. Ces entrainements comprennent également des "patrouilles", selon l'armée chinoise.

Des exercices à tirs réels prévus lundi

Les exercices à tirs réels de lundi se tiendront, eux, dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont indiqué les autorités maritimes locales. 

Ces exercices, qui revêtent une dimension "opérationnelle", sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête, "si les provocations s'intensifient", à "régler une fois pour toutes la question de Taïwan", a prévenu l'analyste militaire Song Zhongping.

Depuis jeudi, la Chine accentue la pression militaire sur Taïwan avec l'envoi de navires de guerre et d'aéronefs dans le détroit. Depuis plusieurs jours, la Chine a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes dans le détroit pour des patrouilles exceptionnelles.

Taïwan dénonce un "expansionnisme autoritaire" de la Chine

Pour sa part, le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l'île. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a-t-on précisé de même source. 

Les manœuvres chinoises font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux États-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des "mesures fermes et énergiques" en représailles.

Taipei a estimé que ces manœuvres menacent la "stabilité et la sécurité" dans la région Asie-Pacifique. Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un "expansionnisme autoritaire" de la part de la Chine et assuré que le territoire "continuerait à travailler avec les États-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie".

Ces exercices militaires interviennent au lendemain d'une visite d'État en Chine d'Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping. "La conversation a été dense et franche" à ce sujet, a indiqué vendredi l'Elysée.

Avec AFP