logo

Football : accompagner les joueuses devenues mères, un nouveau chapitre pour les Bleues

Le football français entame un nouveau chapitre. Amel Majri, seule joueuse de l'équipe de France à être devenue maman pendant sa carrière, s'est rendu lundi au rassemblement des Bleues à Clairefontaine accompagnée de sa fille. Hasard du calendrier, cette nouvelle ère coïncide avec le lancement d'une nouvelle tenue pensée pour les règles.

C’est une première dans l'histoire de la sélection. Devenue maman en juillet 2022, Amel Majri a retrouvé lundi 3 avril le château de Clairefontaine, centre d'entraînement de l’équipe de France de football, et sera accompagnée pendant le stage de sa fille de neuf mois.  

Hervé Renard, le nouveau sélectionneur des Bleues, s'est félicité de la possibilité offerte à sa joueuse d'emmener son bébé, appelant à ce que le centre d’entraînement soit adapté aux jeunes mamans. "Il est indispensable de donner une structure aux joueuses qui ont des enfants en bas âge", a-t-il affirmé en conférence de presse. "La France est un peu en retard, donc il faut franchir ce pas." Assistante maternelle, espace de jeux pour les enfants... Le sélectionneur souhaite des progrès rapides dans l’accompagnement des joueuses devenues mères, comme c’est déjà le cas au sein de la sélection américaine. 

Cette prise de position a été vivement saluée sur les réseaux sociaux. "Merci Hervé Renard pour ces mots, ce recul, cette envie d’avancer", a félicité la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, sur son compte Twitter. 

Décidément, cet homme-là n’est pas une chance, mais une GRANDE chance pour le sport féminin dans notre pays.
Merci @Herve_Renard_HR pour ces mots, ce recul, cette envie d’avancer.
Tous ensemble, nos actions vont porter leurs fruits. Pour les femmes, les mamans et le sport 👍☀️ https://t.co/0xzqh38eUo

— Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978) April 3, 2023

De son côté, la judokate française Clarisse Agbegnenou, qui effectuait son retour à la compétition le mois dernier après son congé maternité, a déclaré : "Vous n’avez pas idée de l’importance de la pierre à l’édifice que vous venez d’apporter dans ce combat qui m’est cher !"

Cher @Herve_Renard_HR je tenais à vous faire part de mon chaleureux remerciement pour votre prise de parole sur les mamans athlètes de haut niveau.🙏🏾👌🏾🙌🏾

Vous n’avez pas idée de l’importance de la pierre à l’édifice que vous venez d’apporter dans ce combat qui m’est cher!✊🏾🫶🏽🙏🏾

— AGBÉGNÉNOU Clarisse (@Gnougnou25) April 3, 2023

Sébé Coulibaly, attaquante du club de Nîmes Métropole Gard, espère que le cas d’Amel Majri servira d’exemple. "En France, les mamans footballeuses comme Amel Majri sont des exceptions mais elle montre que c’est possible", témoigne celle qui est très engagée dans le développement de la pratique auprès des jeunes filles avec son application mobile Ladies Squad. "Certes, c’est un luxe qu’elle peut se permettre car elle a un contrat, mais il faut que les autres clubs fassent la même chose et appliquent un suivi plus adapté des jeunes mamans." 

Pour la joueuse de 29 ans, ces changements "permettent aux jeunes générations d’espérer et de rêver de devenir des joueuses professionnelles. Elles n’auront plus les mêmes peurs que nous." 

Une petite révolution menstruelle 

Dans le même temps, la Fédération et son équipementier Nike ont révélé les nouveaux maillots et shorts pour le Mondial-2023. Les joueuses seront désormais équipées de shorts bleus plutôt que blancs afin d’éviter tout gêne vis-à-vis des menstruations. Les shorts sont équipés d'une doublure ultrafine et absorbante, intégrée au short, qui aide à protéger contre d’éventuelles fuites menstruelles, selon le site de la marque.  

Nouveaux 𝒎𝒂𝒊𝒍𝒍𝒐𝒕𝒔, nouvelle 𝒆̀𝒓𝒆 👕🇫🇷
🔜 𝘋𝘪𝘴𝘱𝘰𝘯𝘪𝘣𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘤𝘩𝘢𝘪𝘯𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 #FiersdetreBleues pic.twitter.com/nngy9n00XF

— Equipe de France Féminine (@equipedefranceF) April 3, 2023

Fin octobre, l'équipe féminine de foot de Manchester City avait elle aussi annoncé que ses shorts ne seraient plus blancs dès l’année prochaine.

La crainte de voir les règles s'exposer aux yeux de tous, qui nuit aux performances physiques et mentales, s'était déjà invitée dans le monde du tennis lors du tournoi de Wimbledon. Si bien que le tournoi londonien a fini par assouplir son code vestimentaire en autorisant les joueuses à porter des shorties de couleur sombre dès l'édition 2023. 

Dans le judo, Clarisse Agbegnenou s’était aussi engagée contre le tabou des règles, allant jusqu'à s'associer à la marque française de culottes menstruelles Réjeanne. "Moi qui ai fait du judo en kimono blanc, c’est compliqué", expliquait-elle à FranceInfo. "De nombreuses fois entre les entraînements, j’ai dû aller aux toilettes pour tout changer (…) toutes les femmes en ont besoin et dans le sport, on a beaucoup de difficultés." 

Les Bleues porteront leurs nouvelles tenues pour la première fois lors de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août.