
À la veille d’une semaine qui sera à nouveau dominée par le conflit autour de la réforme des retraites et de l’utilisation par le gouvernement français du 49.3, France 24 fait un tour d'horizon de la couverture des événements ces derniers jours par la presse internationale.
Le mouvement de contestation contre la réforme des retraites entamé le 19 janvier en France va connaître une dixième journée de mobilisation mardi 28 mars. Saisi à la fois par la Première ministre Élisabeth Borne et par trois groupes distincts de parlementaires, le Conseil constitutionnel doit pour sa part se prononcer sur le texte de loi.
Depuis la décision du gouvernement, jeudi 16 mars, de recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer sa réforme, les manifestations et les violences ont fait la une de la presse française et beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Parmi les images les plus marquantes, celles du porche de la mairie de Bordeaux incendié, des feux de poubelles menaçant parfois des immeubles d’habitation ou encore de charges de police particulièrement brutales. Les Brav-M, ces brigades motorisées chargées depuis 2019 du maintien de l'ordre, font l'objet de fortes critiques depuis plusieurs jours.
La presse étrangère, elle, n'est pas en reste et suit jour après jour les événements dans l'Hexagone. Pendant la semaine écoulée, elle a notamment relevé l'augmentation significative des violences. Dans son édition du 24 mars, le New York Times indique ainsi que les manifestations deviennent "plus féroces et, dans certaines villes, plus violentes – surtout après la tombée de la nuit". Le quotidien note aussi que les rassemblements ont "moins porté sur la fureur ressentie face au relèvement de l'âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62 ans, et plus sur M. Macron et la façon dont il a fait passer la loi au Parlement sans un vote complet". Il ajoute que le président français fait face à un phénomène "qui s'approche d'une crise constitutionnelle".
Dans un autre article publié le même jour , le journal écrit que les manifestations sauvages "sont devenues un élément incontournable de la vie nocturne parisienne" depuis l'utilisation de l'article 49.3.
Le Washington Post évoque pour sa part le 23 mars "la violence policière envers les manifestants", rapportant que celle-ci "a fait l'objet d'un examen approfondi alors que les manifestants racontent en ligne et aux médias français avoir été battus ou détenus ces dernières semaines".
À propos de la neuvième journée de mobilisation, jeudi, le Guardian écrit le soir-même : "La foule était dense et en colère contre le gouvernement et le président, mais l’ambiance était également festive et motivée par une démonstration de solidarité (...)." Le journal note que l'atmosphère s'est vite détériorée avec l'arrivée de groupes de "casseurs" (en français dans le texte) "habillés de noir et portant des masques". "La journée nationale d'action a été entachée de flambées de violence et de vandalisme", note le journal, qui cite l’incendie du porche de l’hôtel de ville de Bordeaux et ajoute qu’à Paris "la police et des groupes de manifestants se sont affrontés jusque tard dans la nuit".
De son côté, El Pais évoque le 26 mars la radicalisation, "chaque jour", de la colère contre Emmanuel Macron. "La violence – celle des manifestants et celle des forces de l’ordre – s’est introduite cette semaine dans la contestation contre la réforme des retraites", souligne le quotidien espagnol.
"Les journées de grève et de manifestations ont été pour la plupart pacifiques pendant des semaines. Ces derniers jours, les manifestations spontanées sont devenues de plus en plus violentes", remarque également le journal allemand Süddeutsche Zeitung, dans un article daté du 24 mars.
Réactions étrangères
Du côté des institutions internationales et des gouvernements, on garde aussi un œil sur ce qui se passe en France. Côté européen, la commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, s'est alarmée, vendredi 24 mars, d'un "usage excessif de la force" dans le maintien de l'ordre, appelant la France à respecter le droit de manifester.
À des milliers de kilomètres de là, le ministre iranien des Affaires étrangères a appelé sur Twitter le gouvernement français "à respecter les droits de l'Homme et à s'abstenir de recourir à la force contre le peuple de son pays qui poursuit pacifiquement ses revendications". "Nous condamnons fermement la répression des manifestations pacifiques du peuple français", écrit Hossein Amir Abdollahian, alors que son pays fait lui-même face à des manifestations depuis la mort en septembre dernier de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans décédée trois jours après son arrestation par la police des mœurs.
Nous condamnons fermement la répression des manifestations pacifiques du peuple français. Nous appelons le gouvernement français à respecter les droits de l'homme et à s'abstenir de recourir à la force contre le peuple de son pays qui poursuit pacifiquement ses revendications.
— H.Amirabdollahian امیرعبداللهیان (@Amirabdolahian) March 24, 2023