logo

Figure de la dissidence iranienne, le grand ayatollah Montazeri est décédé

Il fut l'un des fondateurs de la République islamique d'Iran, en 1979, puis l'un des principaux opposants religieux au régime en place. Le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri est décédé, la nuit dernière, à l'âge de 87 ans.

Des manifestations ont éclaté en plusieurs endroits de Téhéran en hommage à l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, mort à l’âge de 87 ans des suites d’une maladie, dans la nuit de samedi à dimanche. 

À Qom, où le dignitaire religieux est décédé, des milliers de personnes seraient également en train d'affluer, afin d’assister à ses funérailles qui se dérouleront lundi, selon le site Internet Parlemannews.

Il y a quelques mois, Montazeri, devenu une figure de proue de la dissidence politique, avait pris la parole pour défendre l'opposition iranienne à la suite des manifestations organisées dans la foulée de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République. Il avait qualifié de "dictatorial" le pouvoir en place et prédit la chute du régime.

Ancien dauphin de Khomeiny

Si Hossein Ali Montazeri est aujourd’hui un emblème de l’opposition, il fut, il y a trente ans, l'un des théoriciens de la Révolution islamique. Ses premiers engagements politiques ont lieu dans les rangs de l’opposition au chah - il est emprisonné dans les années 1970. En 1979, il est l'un des principaux promoteurs de la République islamique, participant notamment à la rédaction du "Velayat-e-faqih", le texte fondateur du régime qui affirme la suprématie du pouvoir religieux sur le pouvoir politique. Il fut même, un temps, le dauphin de l'imam Khomeiny, qui le désigne comme son successeur officiel en 1985.

Montazeri avait acquis la notoriété d’un théologien de haut rang. À l’époque où l’actuel Guide suprême, l’ayatollah Khamenei, n’était qu’étudiant, Hossein Ali Montazeri était son professeur.

it

Liberté de parole

À la fin des années 1980, il a pris position contre le durcissement progressif du régime politico-religieux iranien, s’insurgeant notamment contre l’exécution de dizaines d’opposants politiques, en janvier 1988, et contre la fatwa lancée à l'encontre de l’écrivain Salman Rushdie, en février 1989. Il fut écarté du cercle du pouvoir au début de cette année-là, quelques semaines seulement avant le décès de Khomeiny, le 3 juin 1989.

Après avoir été assigné à résidence dans la ville sainte de Qom entre 1997 et 2003, l'ayatollah avait retrouvé une certaine liberté de parole, même si sa mise à l’écart par le régime a durablement affaibli son influence. Ainsi, depuis son assignation à résidence, la presse officielle a cessé de donner son titre de dignitaire religieux et le décrit comme un mollah "simple d'esprit". Toutes les références qui le concernent ont par ailleurs été supprimées des manuels scolaires. Quant aux rues portant son nom, elles ont été rebaptisées.

“Un système politique basé sur la force, l’oppression, le non-respect du vote des citoyens, les arrestations, la torture s’apparentant aux époques stalinienne et médiévale, la censure des journaux, la répression et l’emprisonnement des élites pour de faux motifs en les forçant à de fausses confessions, est condamnable et illégitime", avait-il écrit ces derniers mois sur Internet.

Plusieurs membres de sa famille avaient été arrêtés en septembre dernier, ainsi que des proches. 

it

Tags: Iran,