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Le guide suprême de l'Iran a qualifié lundi l'empoisonnement d'écolières iraniennes au cours des derniers mois de crime "impardonnable" alors que des centaines de jeunes filles ont été hospitalisées dans le pays. De nouveaux cas ont été répertoriés dans plusieurs régions durant le week-end, tandis que l'origine de ces empoisonnements reste mystérieuse. Plusieurs centaines de cas ont été signalés ces trois derniers mois, selon le décompte officiel.

De nouveaux cas d'intoxication d'écolières ont été répertoriés dans plusieurs régions d'Iran, samedi et dimanche, alors que le mystère plane depuis des mois sur l'origine de ces empoisonnements. Lundi 6 mars, l'ayatollah Ali Khamenei a déclaré que "l'empoisonnement d'écolières en Iran est un "crime impardonnable".

Jour après jour, le phénomène se répète : des élèves d'écoles de filles respirent des odeurs "désagréables" ou "inconnues" puis présentent des symptômes comme la nausée, l'essoufflement et le vertige. Certaines d'entre elles sont brièvement hospitalisées mais aucune n'a jusqu'à présent été gravement affectée.

Dimanche, de nouveaux empoisonnements ont été rapportés dans deux lycées de filles des villes d'Abhar et d'Ahvaz, mais aussi dans une école primaire de Zanjan, selon l'agence de presse Isna, citant des responsables sanitaires locaux. Des écolières ont également été intoxiquées dans des écoles de la ville sainte de Machhad, de Chiraz et d'Ispahan, selon les agences Mehr et Ilna.

Au total, plusieurs centaines de cas d'intoxication au gaz ont été signalés dans plus de 52 établissements ces trois derniers mois, selon le décompte officiel.

Le guide suprême de l'Iran a qualifié lundi l'empoisonnement d'écolières iraniennes au cours des derniers mois de crime "impardonnable". "Les autorités devraient se pencher sérieusement sur la question de l'empoisonnement des élèves. C'est un crime impardonnable (...) les auteurs de ce crime doivent être sévèrement punis", a déclaré l'ayatollah Ali Khamenei, cité par les médias d'État.

"Une très mauvaise odeur s'est répandue tout d'un coup, je me suis sentie mal et suis tombée sur le sol", a raconté une écolière à la télévision.

Parastou, une lycéenne de Boroujerd, a indiqué au journal Ham Mihan avoir été hospitalisée après avoir "ressenti la nausée et une douleur intense" dans la poitrine. Un médecin urgentiste de l'hôpital de cette ville a expliqué que "la plupart des élèves" présentaient des "symptômes de maux de tête, de problèmes respiratoires, de léthargie, de nausées et d'hypotension artérielle".

Découverte "d'échantillons suspects"

Alarmée, la mère d'une élève a exhorté les autorités à installer des caméras devant les établissements et à garder la porte pour "savoir qui entre et qui sort" afin de protéger les enfants. Dans plusieurs villes, des parents d'élèves se sont ainsi mobilisés en demandant aux autorités d'agir sans délai.

Lors d'une rencontre avec le ministre de l'Éducation à Qom, le grand ayatollah Abdollah Javadi Amoli a appelé les responsables à "régler au plus vite le problème" afin de "rassurer la Nation". "C'est effrayant de constater que l'origine de l'empoisonnement des élèves n'ait pas été encore déterminée", a-t-il déploré.

La semaine dernière, un responsable du ministère de la Santé avait expliqué que "certains individus" cherchaient, en menant de telles actions, à "fermer toutes les écoles, en particulier les écoles de filles".

Le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, a fait état samedi soir de la découverte "d'échantillons suspects" lors des "recherches sur le terrain". Mais il n'a pas donné plus de précisions permettant d'identifier les substances utilisées.

Pour sa part, le président Ebrahim Raïssi a demandé vendredi aux ministères de l'Intérieur et du Renseignement de "faire échouer le complot de l'ennemi" qui "veut semer la peur, l'insécurité et le désespoir".

Le chef de la Défense civile, le général Gholamréza Jalali, a affirmé dimanche que les écoles du pays étaient "plongées dans une panique sociale". "Je ne veux pas dire que les empoisonnements ne sont pas réels, mais instiller une peur générale pourrait augmenter considérablement le nombre des victimes", a-t-il expliqué.

Le vice-ministre de l'Intérieur, Majid Mirahmadi, a accusé les "auteurs de l'empoisonnement des filles" de vouloir "fermer les écoles", mais aussi de "faire porter le blâme sur le système" afin de "raviver la flamme éteinte des émeutes". Il faisait ainsi allusion au mouvement de contestation déclenché en Iran par la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre..

Avec AFP