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À Memphis, les cinq policiers inculpés pour la mort de Tyre Nichols plaident non coupable

Aux États-Unis, les cinq policiers impliqués dans le tabassage suivi de la mort du jeune Afro-Américain Tyre Nichols ont plaidé non coupable au premier jour de leur procès, vendredi. Les accusés, eux-mêmes noirs, avaient été inculpés pour meurtre, coups et blessures aggravés et abus par personne dépositaire de l'autorité publique. 

Au premier jour de leur procès, les cinq policiers inculpés pour meurtre après le passage à tabac fatal en janvier de l'Afro-Américain Tyre Nichols ont plaidé, vendredi 17 février, non coupable. Cette affaire avait fait craindre un embrasement social et à la Maison Blanche, qui s'était fortement impliquée.

Tadarrius Bean, Demetrius Haley, Justin Smith, Emmitt Martin III et Desmond Mills Jr avaient été inculpés pour meurtre, coups et blessures aggravés, enlèvement avec circonstances aggravantes, faute professionnelle et abus par personne dépositaire de l'autorité publique. Les agents, eux-mêmes noirs et qui ont été licenciés après les faits, ont comparu devant un juge vendredi à Memphis, dans le Tennessee, accompagnés de leurs avocats. Ces derniers ont annoncé leur décision de plaider "non coupable".

La mère de Tyre Nichols, RowVaughn Wells, était présente dans la salle d'audience, tout comme son avocat Ben Crump, très actif dans les affaires de violences policières.

Le droit à un procès équitable

Le juge James Jones Jr a appelé les accusés et l'assistance à la "patience", exhortant les ex-policiers à "travailler" et à "coopérer" avec leurs avocats. "Nous comprenons qu'il puisse y avoir de fortes émotions dans cette affaire, mais nous demandons que vous continuiez à être patients. Toutes les personnes impliquées veulent que le dossier soit clos le plus vite possible", a-t-il ensuite dit à la salle. "Mais il est important que vous compreniez tous que l'État du Tennessee, ainsi que chacun de ces accusés, ont le droit absolu à un procès équitable, et je ne permettrai aucun comportement qui mettrait ce droit en péril", a averti le juge.

Lors d'une conférence de presse après l'audience, Ben Crump a semblé répondre au magistrat en demandant des actes "rapidement". "Nous ne voulons pas que ça dure une éternité. Nous avons des vidéos", a-t-il lancé.

Des images de l'arrestation ont en effet été rendues publiques et diffusées fin janvier sur les plus grandes chaînes du pays, montrant l'étendue du calvaire du jeune homme et l'acharnement des policiers, à coups de poing, de pied et de matraque.

"Toute sa famille mérite une enquête transparente, complète et rapide", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. 

La mère de Tyre Nichols a, de son côté, dit qu'elle assisterait à toutes les audiences "jusqu'à ce qu'on obtienne justice pour mon fils". "Et je veux que chacun de ces policiers puisse me regarder dans les yeux. Ils ne l'ont pas encore fait (...), ils n'ont même pas eu le courage de me regarder dans les yeux après ce qu'ils ont fait à mon fils", a-t-elle ajouté.

La prochaine audience a été fixée au 1er mai.

"Black Lives Matter"

Tyre Nichols, 29 ans, avait été arrêté le 7 janvier par des agents d'une unité spéciale de Memphis, dans le sud des États-Unis, pour une infraction au code de la route, selon la police.

Mais battu sans relâche, à tel point qu'il était devenu méconnaissable d'après sa famille, il est mort trois jours plus tard à l'hôpital.

Ben Crump a tenu, vendredi, à démentir avec force des rumeurs "salaces" faisant état d'une raison "personnelle" (une connexion entre la victime et l'un des policiers) qui aurait causé l'arrestation. "Ces rumeurs qui circulent sont bidon et fausses", a-t-il martelé. L'unité à laquelle appartenaient les agents "avait une tendance systématique à faire cela aux personnes noires à Memphis. C'est tout. Pas besoin d'aller plus loin", a-t-il insisté.

La Maison Blanche s'était fortement impliquée dans le dossier, probablement pour éviter des manifestations contre le racisme et les violences policières comme celles qui avaient embrasé le pays lors de la mort de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc en mai 2020, fédérées autour du slogan "Black Lives Matter" (Les vies noires comptent).

Le président Joe Biden avait appelé les parents de Tyre Nichols, et sa vice-présidente, Kamala Harris, avait assisté à ses funérailles. Les parents du jeune homme avaient aussi été invités au grand discours du président Biden sur l'état de l'Union à Washington.

Avec AFP