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Les crimes du régime communiste hantent toujours la mémoire roumaine

Vingt ans après la chute du régime communiste, les Roumains tentent de se réconcilier avec leur passé. La nouvelle génération se plonge dans l'histoire douloureuse de son pays avec un objectif avoué : tourner la page.

Vingt ans après la chute de la dictature de Nicolae Ceausescu, un homme a décidé de remuer le passé douloureux de son pays. Surnommé le "chasseur de la Securitate", Marius Oprea traque les membres de l'ex-police politique du régime communiste roumain.

"D’après nos estimations, entre 8 000 et 10 000 personnes ont été exécutées illégalement par la Securitate, sans avoir été jugées", explique-t-il.

Après la Seconde Guerre mondiale, le communisme est arrivé en Roumanie dans le sillage des tanks soviétiques. Du jour au lendemain, les paysans se sont vus dépossédés de leurs terres et de leurs biens, et des dizaines de milliers d’entre eux ont pris le maquis. La Securitate leur a déclaré une guerre sans merci et la majorité d’entre eux a été massacrée, sans aucune forme de procès. La plupart du temps, les partisans ont été enterrés à la va-vite après leur exécution, certains sur le bord des routes, d’autres dans les bois.

L’enquête de Marius Oprea conduit son équipe dans le village de Teregova, l'un des bastions de la résistance anticommuniste où vit Elena Ionascu, fille du partisan Petru Anculia. Elle avait 7 ans quand son père a été exécuté. Aujourd’hui, elle en a 67 mais n’a toujours pas fait son deuil. La dépouille du partisan Petru Anculia refait surface dans le village de Teregova. L’équipe de Marius Oprea le retrouve exactement comme il a été jeté il y a soixante ans. L’archéologie de la mort que pratique Marius Oprea en Roumanie n’en est qu’à ses débuts.

Vingt ans après la chute de la dictature communiste, les Roumains commencent enfin à tourner la page. "C’est un procès semblable à celui de l’Holocauste, affirme Marius Oprea."

Soixante ans après, Elena Ionascu a enfin retrouvé la paix. "Quand j’ai vu les os, j’ai eu l’impression que je voyais mon père, avoue Elena Ionascu. C’était lui en personne, et moi je le regardais."

À l’image d’Elena, tout le peuple roumain souhaite en découdre avec les démons du communisme. Il aura fallu vingt ans pour parler ouvertement des souffrances endurées, vingt ans pour que la plaie ouverte laissée par la dictature de Nicolae Ceausescu commence tout juste à se refermer. Elena a retrouvé son père. Les familles de 10 000 autres Roumains attendent leur tour.