L'état de santé de Farhad Meysami, médecin et militant iranien, en grève de la faim depuis le mois d'octobre, suscite une vive inquiétude. Des photos de son corps émacié sont devenues virales vendredi sur les réseaux sociaux, alors que son compatriote Jafar Panahi était libéré sous caution.
Un visage émacié, des côtes saillantes, le visage creusé. Ces photos de Farhad Meysami, devenu l'ombre de lui-même, ont choqué des millions d'Iraniens. Le médecin et militant des droits de l'Homme, emprisonné à la prison de Rajai Shahr à Karaj, a perdu 52 kilos. Condamné à cinq ans de prison en 2018, il a entamé sa grève de la faim le 7 octobre 2022 pour protester contre les condamnations à morts des manifestants en Iran.
"La vie de mon client Farhad Meysami est en danger", a tweeté le 2 février l'avocat Mohammad Moghimi. "Il a entamé une grève de la faim pour protester contre les récents meurtres commis par le gouvernement dans la rue."
Attention, ces images peuvent choquer.
Voici une nouvelle photo de l’activiste politique iranien Farhad Meysami, qui mène une grève de la faim depuis plusieurs semaines. Il a été arrêté il y a 4 ans après avoir critiqué le hijab obligatoire en Iran en fabriquant ces badges : "Je suis contre le hijab obligatoire". https://t.co/VFh6HJbd93
— ERSHAD ALIJANI (@ErshadAlijani) February 2, 2023Le médecin de 53 ans, fervent défenseur des droits de l'Homme, est emprisonné pour avoir soutenu des militantes protestant contre la politique iranienne du voile.
"Cette image douloureuse est un symbole de la lutte non violente du peuple iranien pour obtenir les droits fondamentaux de l'Homme", a déclaré Mahmood Amiry Moghaddam, le directeur de l'ONG Iran Human Rights qui a son siège en Novège, lors de la publication des photos sur les réseaux sociaux.
Les images du corps amaigri sont devenue virales lorsque le réalisateur Jafar Panahi, lui même en grève de la faim, a été libéré sous caution le 3 février.
"Les images de Farhad Meysami (...) font penser aux gens d'Auschwitz ou à (Mahatma) Gandhi, puisque Meysami a écrit sur la non-violence", a déclaré Jafar Panahi. Beaucoup sont laissés derrière les barreaux... alors comment puis-je dire que je me sens heureux ?"
What a heartbreaking statement by Iranian film maker Jafar Panahi mins after he is released from Evin prison.
He asks how can I be happy when likes of Dr. Farhad Meysami on hunger strike reminds us of Auschwitz? When the prison I left is full of Univ. Profs & bright students? pic.twitter.com/QGDikzq41U
Les autorités iraniennes affirment que ces clichés ont été pris il y a quatre ans, rejetant ainsi le danger de mort pesant sur le détenu.
Selon les groupes de défense des droits, plus de 500 manifestants ont été tués et près de 20 000 arrêtés depuis la mort de Mahsa Amini, interpellée le 16 septembre dernier à Téhéran pour un voile "mal porté". Au moins quatre personnes ont été pendues, d'autres attendent dans le couloir de la mort.
Le 2 février, le service persan de la BBC a publié une lettre de Farhad Meysami dans laquelle il formulait trois demandes pour mettre un terme à sa grève de la faim : "la fin des exécutions, la libération des prisonniers politiques et civils et la fin du harcèlement par hijab forcé". "Je poursuivrai ma mission impossible dans l'espoir qu'elle puisse devenir possible plus tard grâce à un effort collectif", écrit-il encore.
Avec Reuters