
La mission d’information parlementaire sur le voile intégral a achevé mercredi ses auditions. Elle doit rendre son rapport fin janvier mais s'orienterait déjà vers une proposition de loi, choix notamment défendu par Brice Hortefeux et Éric Besson.
La mission d’information parlementaire sur le voile intégral a achevé, mercredi, ses auditions. Réunissant 32 députés de toutes tendances, elle a entendu depuis juillet une quarantaine de sociologues, responsables religieux, historiens, juristes, féministes. Ont également apporté leurs contributions, Brice Horetefeux, ministre de l’Intérieur, Eric Besson, ministre de l’Immigration, et Xavier Darcos, ministre de l’Education.
Eric Besson et Brice Hortefeux se prononcent, à quelques nuances près, pour l’interdiction du port du voile intégral dans tous les lieux publics.
Le plus déterminé, le ministre de l’Immigration, a qualifié le port du voile intégral "d’atteinte à la dignité humaine" que la "République doit interdire dans l’ensemble de son espace public". Selon lui, le législateur pourrait se fonder sur "la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d'asservissement", un principe déjà reconnu par le Conseil constitutionnel. Il propose que le port du voile intégral soit systématiquement considéré comme preuve d’une intégration insuffisante pour l’accession à la nationalité française.
Le ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, juge également ce signe de "repli communautaire" incompatible avec la République et privilégie également une loi d'interdiction s'appliquant dans les seuls services publics. "C'est une solution plus solide sur le plan juridique", juge-t-il. Mais sa position reste plus souple : il affirme ne pas avoir "une solution clé en main" et s'est dit "à l'écoute des parlementaires".
Stigmatiser toute la communauté musulmane
Un choix largement soutenu par le ministre de l’Education, Xavier Darcos, qui affiche la position la plus modérée. "Il me semblerait tout à fait souhaitable que [le Parlement] exprime par le biais d’une résolution unanime, le consensus le plus large possible sur la façon dont il convient dans cette circonstance de réaffirmer nos valeurs", a-t-il argumenté.
Face à ces divergences dans les rangs de la majorité, les polémiques enflent : Faut-il légiférer pour réglementer le port du voile intégral ? Sans compter le risque, notamment, de stigmatiser toute la communauté musulmane. Mais la commission semble privilégier l’option d’une "proposition de loi touchant à la notion de l'ordre public", comme l’affirme André Gerin, député communiste du Rhône et président de la mission sur le port du voile intégral.
Quelque 1 900 femmes portent le voile intégral sur l'ensemble du territoire, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Selon Hortefeux, "plus des deux tiers" de ces femmes sont françaises, un quart d’entre elles sont des converties et 90 % sont âgées de moins de 40 ans.
La mission parlementaire doit rendre ses propositions fin janvier.