Arrivé vendredi au Soudan du Sud afin de promouvoir la paix et la réconciliation dans le plus jeune pays du monde, déchiré par la guerre civile et l'extrême pauvreté, le pape François a appelé les dirigeants de l'État à un "nouveau sursaut" pour la paix.
"Assez de sang versé !": le pape François a appelé, vendredi 3 février, les dirigeants du Soudan du Sud à un "nouveau sursaut" pour la paix, au premier jour de sa visite dans ce pays déchiré par les luttes de pouvoir et l'extrême pauvreté.
"Les générations futures honoreront ou effaceront la mémoire de vos noms en fonction de ce que vous faites maintenant", a-t-il déclaré lors de son premier discours devant les autorités et le corps diplomatique à Juba.
"Assez de sang versé, assez de conflits, assez de violences et d'accusations réciproques sur ceux qui les commettent, assez d'abandonner le peuple assoiffé de paix. Assez de destructions, c'est l'heure de la construction !", a-t-il lancé.
Selon François, "le processus de paix et de réconciliation exige un nouveau sursaut" et le "chemin tortueux" de la paix "ne peut plus être reporté".
Le jésuite argentin est arrivé vendredi après-midi dans ce pays de 12 millions d'habitants qui a plongé en 2013 dans une sanglante guerre civile de cinq ans, opposant les leaders ennemis Salva Kiir et Riek Machar.
Le conflit a fait quelque 380 000 victimes, des millions de déplacés et laissé une économie exsangue. En dépit d'un accord de paix en 2018, la violence perdure, alimentée par les élites politiques.
Des processus de paix "paralysés"
En 2019, un an après un accord de paix, François avait reçu les deux dirigeants ennemis au Vatican et s'était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste symbolique fort qui avait marqué les esprits.
Mais quatre ans plus tard, "ces promesses de paix restent inaccomplies" et "les processus de réconciliation semblent paralysés", s'est-il désolé.
Sans mâcher ses mots, Jorge Bergoglio a aussi fustigé le fléau de la corruption. "Circuits financiers injustes, intrigues cachées pour s'enrichir, affaires clientélistes, manque de transparence : voilà le fond pollué de la société humaine", a-t-il lâché.
Il a aussi évoqué "l'urgence de prendre soin des citoyens" à travers "des politiques de santé adéquates", "l'alphabétisation et l'éducation" dans le pays indépendant depuis 2011, le plus jeune État du monde.
Conscient de ses mots "francs et directs", le pape a aussi mis en garde les autorités devant "la tentation de servir ses propres intérêts" afin que les "ressources abondantes du pays" profitent à tous.
Avec AFP