logo

Rugby : Bernard Laporte finit par quitter la présidence de la Fédération française

La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a annoncé vendredi la démission de Bernard Laporte de la présidence de la Fédération française de rugby, dont il s'était mis en retrait après sa condamnation pour corruption en première instance. Inculpée dans une affaire de corruption, cette figure centrale du rugby français depuis plus de vingt ans n'a pas réussi à se maintenir aux commandes. 

"Je peux vous confirmer la démission de Bernard Laporte", a déclaré, vendredi 27 janvier, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, à des journalistes présents devant les locaux de la Fédération française de rugby (FFR) à Marcoussis, près de Paris.

Une réunion du comité directeur de la FFR devait se tenir pour tirer les conclusions du vote organisé cette semaine auprès des quelque 1 500 clubs de rugby français, qui a abouti à un désaveu pour le président sortant. La question qui leur était posée, après la mise en retrait de Bernard Laporte, était simple : "Approuvez-vous la proposition de M. Bernard Laporte de désigner M. Patrick Buisson en qualité de président-délégué de la FFR ?"

La réponse l'a été tout autant : 51,06 % des votants ont dit "non" à cette option, avec une participation proche de 91 %. Patrick Buisson est un proche de Bernard Laporte, qui s'était mis en retrait après sa condamnation de décembre, tout en conservant son titre.

La ministre des Sports avait aussitôt salué "la très forte participation des clubs à ce temps démocratique, qui était indispensable après la condamnation en première instance de Bernard Laporte et sa mise en retrait".

"Stabiliser rapidement une gouvernance claire et légitime"

"J'ai confiance dans le fait que ces échanges permettront de trouver un chemin pour stabiliser rapidement une gouvernance claire et légitime, tout en continuant à préparer efficacement et sereinement (...) la Coupe du monde 2023 que notre pays a l'honneur d'accueillir", avait ajouté la ministre, en allusion au comité directeur de vendredi.

De nouvelles élections fédérales pourraient désormais être organisées, après la désignation d'un président par intérim. Cette option est celle privilégiée par l'opposition à Laporte, dont Florian Grill, selon qui "les clubs veulent tourner la page".

Depuis sa condamnation le mois dernier à deux ans de prison avec sursis pour corruption, la ministre poussait vers la sortie celui qui avait occupé ce même poste au gouvernement entre 2007 et 2009, après avoir été entraîneur des Bleus (2000-2007) et avant de s'emparer de la présidence de la fédération fin 2016. Ayant fait appel de la décision, la peine de Bernard Laporte, assortie d'une interdiction d'exercer son activité de président de la FFR, n'était pas immédiatement exécutoire.

L'ancien sélectionneur des Bleus avait donc refusé de démissionner mais accepté, sous la pression conjointe de la ministre des Sports, de la Ligue nationale de rugby (LNR) et du comité d'éthique de la FFR, de se mettre en retrait derrière un président délégué jusqu'au procès en appel, qui ne devrait intervenir qu'après le Mondial-2023.

Mais sa position avait été encore fragilisée par sa garde à vue de quelques heures, mardi 25 janvier, au lendemain de l'ouverture du vote, dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée. Même s'il en était ressorti libre sans poursuite à ce stade.

"Il est parfaitement scandaleux que le parquet ait choisi la date de l'élection de M. Patrick Buisson pour fixer celle de l'audition et que la divulgation de cette audition ait été faite le jour-même", avait protesté l'un des avocats de Bernard Laporte, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, fustigeant auprès de l'AFP "un acharnement du PNF".

Avec AFP