L'imbroglio juridique en cours depuis le début de la semaine au Liban a pris une nouvelle tournure avec l'annonce par le procureur général, mercredi, du lancement de poursuites contre le juge Tarek Bitar, le magistrat chargé de l'enquête sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth en 2020. Ce dernier avait lui-même inculpé mardi le procureur Ghassan Oueidate, au lendemain de la reprise de l'enquête après une suspension de plus d'un an.
Le bras de fer judiciaire se poursuit au Liban, où le procureur général a annoncé mercredi 25 janvier avoir décidé de poursuivre le magistrat chargé de l'enquête sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth en 2020.
Le juge Tarek Bitar, qui avait décidé lundi de reprendre son enquête suspendue pendant 13 mois en raison de pressions politiques, est poursuivi pour "rébellion contre la justice", et "usurpation de pouvoir", a précisé à l'AFP le procureur Ghassan Oueidate.
Il est en outre frappé d'une interdiction de quitter le territoire libanais, a ajouté le procureur général près la Cour de cassation. Tarek Bitar est appelé à comparaître jeudi matin, selon un responsable judiciaire ayant requis l'anonymat.
En réaction, le juge Tarek Bitar, qui a décidé mardi d'inculper plusieurs personnalités de haut rang, notamment le procureur général Ghassan Oueidate et deux hauts responsables de la sécurité, a assuré mercredi à l'AFP qu'il refusait de se dessaisir de l'investigation.
"Je suis toujours chargé de l'enquête et je ne me dessaisirai pas de ce dossier. Le procureur n'a pas la prérogative de me poursuivre", a-t-il affirmé.
Libération de l'ensemble des personnes arrêtées
Outre la convocation du juge Bitar, Ghassan Oueidate a également ordonné la libération des 17 personnes détenues sans jugement depuis la gigantesque explosion le 4 août 2020, qui avait fait plus de 215 morts et dévasté des pans entiers de la capitale.
Parmi ces 17 personnes figurent un ressortissant américain ainsi que les directeurs des douanes et du port. Ces trois personnes ne figuraient pas parmi les cinq détenus dont Tarek Bitar avait ordonné la libération lundi, lorsqu'il avait décidé de reprendre l'enquête de son propre chef.
L'explosion avait été provoquée par le stockage sans précaution de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium dans un entrepôt au port.
Elle a été imputée par une grande partie de la population à la corruption et la négligence de la classe dirigeante, accusée également par les familles de victimes et des ONG de torpiller l'enquête pour éviter des inculpations.
Avec AFP