Un Iranien de 38 ans vivant en France s'est suicidé, lundi, à Lyon, afin d'attirer l'attention sur la situation en Iran, qui connaît depuis plus de deux mois une vague de contestation sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979.
"Quand vous regarderez cette vidéo, je serai mort" : un Iranien s'est suicidé, lundi 26 décembre, en se jetant dans le Rhône à Lyon afin, dit-il dans une vidéo posthume, d'attirer l'attention sur la situation de son pays secoué par des manifestations contre le pouvoir.
Cet Iranien a été retrouvé noyé, lundi en fin de journée, a indiqué mardi la police à l'AFP, confirmant une information du journal local Le Progrès.
L'homme, âgé de 38 ans selon sa vidéo, n'a pas pu être réanimé malgré l'intervention des pompiers, qui l'ont ramené sur la berge, a-t-on appris de même source.
Selon plusieurs membres de la communauté iranienne, Mohammad Moradi était étudiant en licence d'histoire et travaillait dans un restaurant. Il vivait à Lyon avec sa femme depuis trois ans.
"La police attaque les gens, on a perdu beaucoup de fils et de filles, on doit faire quelque chose", affirme d'une voix calme l'homme dans cette vidéo publiée sur plusieurs réseaux sociaux, avant de commettre l'irréparable.
"J'ai décidé de me suicider dans le fleuve Rhône, c'est un challenge pour montrer que nous, peuple iranien, nous sommes très fatigués de cette situation" annonce-t-il. "Quand vous regarderez cette vidéo, je serai mort", poursuit-il, avant d'appeler à soutenir le peuple iranien dans sa lutte contre "des policiers et un gouvernement extrêmement violents".
"Notre voix n'est pas propagée par les médias occidentaux"
L'Iran connaît depuis plus de deux mois une vague de contestation sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Elle est née de revendications sur les droits des femmes après la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique, qui se sont muées en protestation contre le pouvoir.
Dans un bilan publié mardi, Iran Human Rights (IHR), une ONG basée à Oslo, a fait état de 476 manifestants tués depuis mi-septembre.
Le parquet de Lyon a annoncé, mardi, à l'AFP avoir "diligenté une enquête en recherche des causes de la mort, afin de vérifier l'hypothèse d'un suicide au vu notamment des messages publiés par l'intéressé sur les réseaux sociaux annonçant son intention". "L'enquête s'attachera également à déterminer le mobile des faits", a-t-il ajouté.
"Mohammad Moradi s'est donné la mort pour faire entendre la voix de la révolution en Iran, notre voix n'est pas propagée par les médias occidentaux", a fustigé mardi Timothée Amini, porte-parole de quelque 3 000 membres de la communauté iranienne de Lyon lors d'un rassemblement sur les lieux du drame, pont Gallieni (entre les 7e et 2e arrondissements).
Devant de nombreux journalistes, une quarantaine de personnes ont déposé bougies, bouquets de roses et photos du défunt sur les rambardes, avant de prononcer discours et chants.
"On a droit tous les matins à l'Ukraine, mais l'Iran on n'en entend parler que très peu. C'est difficile à vivre pour nous, Iraniens de la diaspora", a insisté Timothée Amini, réfugié politique travaillant dans l'informatique. "Son cœur battait pour l'Iran, il ne supportait plus ce régime", se désole-t-il.
Avec AFP