Les combats font rage à Bakhmout et la population souffre sous les bombardements. Les habitants de cette ville de l’est de l’Ukraine fuient en masse, évacués dans des véhicules conduits par des volontaires. Plus de 90 % de la population est déjà partie se mettre à l’abri. Nos reporters James André et Mayssa Awad ont suivi un jeune couple qui s’est résigné à abandonner sa ville.
Pilonnée sans relâche par l’armée russe, la ville de Bakhmout s’est vidée de ses habitants. Alors que plus de 90 % de sa population a déjà quitté la ville, Angelina et son petit ami Maxime ont eux aussi décidé de partir, à contrecœur. Il y a trois jours, un obus a frappé l’appartement où vivait la jeune femme.
"J’étais assourdie. L’onde de choc m’a frappée sur le côté droit, je boitais", raconte Angélina. "Il y a du verre partout, et les murs se sont complètement effondrés."
La jeune Ukrainienne avait déjà dû quitter l’appartement de sa famille six semaines plus tôt. Le bâtiment s’était effondré après une frappe de missile, faisant plusieurs morts. Les huit membres de la famille d’Angelina étaient sortis, ils ont survécu.
"On a froid et faim tout le temps"
"À ce stade, toute la famille a évacué. Je veux partir aussi, mais mon père veut rester. S’il quitte la ville, ce sera pour aller en Russie. Nous ne sommes pas d’accord. Moi, je suis une patriote. Dans la famille, on évite ce sujet", déplore-t-elle.
Angelina et son compagnon se sont finalement résolus à quitter la ville. Ils ont pris un véhicule d’évacuation, conduit par des volontaires qui récupèrent les civils dans les villes proches des lignes de front et les emmènent gratuitement vers des zones sûres.
"Hier, j’ai pleuré. C’est vraiment dur, je n’avais aucune envie de partir", confesse la jeune femme avec émotion. "Mais il n’y a pas de travail, pas d’argent. On a froid et faim tout le temps, j’ai envie de vivre, pas juste de survivre."