Réunis en urgence à l'initiative de l'Allemagne et de l'Islande, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête internationale sur la répression des manifestations en Iran. Depuis la mort de Mahsa Amini, 15 000 personnes ont été arrêtées selon l'ONU.
Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU veut faire la lumière sur la répression sanglante des manifestations en Iran. Les 47 États membres de la plus haute instance onusienne en matière de droits humains ont voté, jeudi 24 novembre, l'ouverture d'une enquête internationale sur la violation des droits humains depuis la mort de Masha Amini, le 16 septembre à Téhéran.
Selon le projet de résolution présenté par l'Allemagne et l'Islande, cette mission d'enquête internationale indépendante devra inclure "la dimension des violences liées au genre". Il s'agit de collecter les preuves de violations et de les conserver de manière à pouvoir servir à d'éventuelles futures poursuites.
Sans surprise, la Chine, la Russie, le Venezuela et Cuba ont apporté pendant les débats leur soutien à l'Iran, l'ambassadeur chinois Chen Xu défendant comme à son habitude "le dialogue et la coopération (...) pour promouvoir et protéger les droits de l'homme".
Pendant les débats, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, dont la demande de visite en Iran est restée jusqu'à présent lettre morte, a appelé Téhéran à "cesser" son "usage inutile et disproportionné de la force".
"La situation actuelle est intenable", a-t-il dit. Avant de souligner devant les journalistes qu'il est "important qu'il y ait un moratoire sur la peine de mort et que le gouvernement écoute le peuple et entende ce qu'il a à dire, et s'engage dans un processus de réforme car le changement est inévitable".
De nombreux diplomates occidentaux ont aussi dénoncé la répression des manifestations qui, depuis plus de deux mois, a fait au moins 416 morts, dont 51 enfants, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.
Des milliers d'arrestations
Cette vague de contestation – née de revendications pour les femmes après la mort de Mahsa Amini arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique et qui se sont transformées en contestation du pouvoir – est sans précédent par son ampleur et sa nature depuis la Révolution islamique de 1979. Selon Volker Türk, 14 000 manifestants pacifiques qui ont aussi été arrêtés, "un nombre pharamineux".
La justice iranienne a déjà prononcé six condamnations à mort en lien avec les manifestations. En plein débat devant le Conseil, l'agence de presse iranienne Fars a annoncé l'arrestation du célèbre footballeur Voria Ghafouri, accusé d'avoir "insulté et sali la réputation de l'équipe nationale (Team Melli) et de s'être livré à de la propagande" contre l'État.
Téhéran, qui voit dans la plupart de ces manifestations des "émeutes" et accuse notamment des forces étrangères d'être derrière ce mouvement pour chercher à déstabiliser la République islamique, a d'ores et déjà fait part de sa vive opposition à toute enquête. L'une des représentantes iraniennes dépêchées jeudi par Téhéran devant le Conseil, Khadijeh Karimi, a accusé les pays occidentaux de "manquer de crédibilité morale" pour faire la leçon à son pays, dénonçant les sanctions américaines et européennes.
Avec AFP