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Salvador : le président autocrate Bukele contre les gangs

Depuis huit mois, le Salvador vit sous le régime de l’état d’exception. Le président du pays, Nayib Bukele, a déclaré une guerre totale aux gangs ultra-violents, suspendant dans le même temps des garanties constitutionnelles. Les arrestations de masse se multiplient. Près de 60 000 personnes ont été arrêtées depuis mars. Des milliers de délinquants sont désormais en prison. Cette répression soutenue par une grande partie de la population est cependant vivement critiquée par les ONG de défense des droits humains. Reportage de Laurence Cuvillier et Matthieu Comin.

Plusieurs gouvernements étrangers, ainsi que l’ONU, critiquent les nombreuses dérives autoritaires de Nayib Bukele. Depuis mars, le président du Salvador contrôle toutes les instances politiques et juridiques de ce pays de 6,5 millions d’habitants. Face à ces critiques, de nombreux Salvadoriens répondent : "si c'est un dictateur, c'est en tout cas le meilleur dictateur au monde."

Avant l'arrivée au pouvoir de Nayib Bukele, en 2019, le Salvador vivait depuis plus de vingt ans dans la peur des maras, des gangs ultra-violents. Pendant presque toute la décennie 2010, le pays est resté classé parmi les trois les plus dangereux au monde.

Le 15 septembre 2022, le président salvadorien a annoncé qu’il serait candidat à sa réélection lors des élections générales de 2024 où, en plus d'élire le chef de l'État, les Salvadoriens devront voter pour une nouvelle Assemblée législative et les conseils municipaux des 262 municipalités. La Constitution interdit normalement deux mandats consécutifs mais le président peut compter sur le soutien de la Cour suprême de justice, qu'il a remodelé à sa convenance en limogeant cinq juges et le procureur général en mai 2021, pour pouvoir se représenter.