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Iran : l'ONU s'inquiète du sort réservé aux manifestants arrêtés après un premier condamné à mort

L’ONU et l’ONG Human Rights Iran s’inquiètent mardi du sort réservé par les autorités iraniennes aux milliers de manifestants arrêtés depuis le début du mouvement de protestation causé par la mort de Masha Alimi, alors qu’un premier manifestant a été condamné à mort dimanche.

L'ONU a exigé mardi 15 novembre la libération immédiate des milliers de personnes arrêtées en Iran pour avoir participé à des manifestations pacifiques qui émaillent le pays depuis deux mois et dénoncé des peines de plus en plus dures.

"Nous demandons instamment aux autorités de libérer immédiatement toutes les personnes détenues dans le cadre de manifestations pacifiques et d'abandonner les charges retenues contre elles", a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat lors du briefing régulier de l'ONU à Genève, Jeremy Laurence mardi. "Les droits de l'Homme protègent les droits à se réunir pacifiquement et à la liberté d'expression ", a-t-il ajouté.

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme s'insurge contre "les autorités qui répondent à ces protestations sans précédent avec une dureté croissante", a souligné Jeremy Laurence.

Un premier manifestant condamné à mort

Dimanche, un tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran a condamné à mort un manifestant anonyme jugé coupable de "faire la guerre à Dieu" et de "corruption sur terre", "pour avoir prétendument endommagé des biens publics", indique le Haut-Commissariat, rappelant que la peine de mort doit être réservée "aux crimes d'une extrême gravité impliquant la volonté de tuer".

Selon Jeremy Laurence, "au moins neuf autres manifestants ont été inculpés pour des motifs qui sont tous punis de la peine de mort".

Au moins 326 manifestants ont été tués dans la répression du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis septembre, a affirmé samedi Iran Human Rights, une ONG basée à Oslo. 

Plus de 2 000 personnes ont été inculpées en deux mois, selon la justice iranienne. Des organisations de défense des droits humains à l'étranger font état de 15 000 arrestations, un chiffre contesté par les autorités.

L'Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique.

La contestation, partie du rejet des restrictions vestimentaires imposées aux femmes et de l'indignation soulevée par la mort de la jeune femme, a évolué en un mouvement dirigé contre la théocratie au pouvoir en Iran depuis la révolution islamique de 1979.

Nouvelles manifestations 

Dans ce contexte, l'appel à commémorer les personnes tuées lors de la répression des manifestations de 2019, qui ont éclaté il y a trois ans jour pour jour, a donné lieu à de nouvelles manifestations ce mardi.  

À Téhéran, le vacarme des klaxons des voitures a retenti lorsque les manifestants ont bloqué un grand rond-point, place Sanat, en criant "Liberté, liberté", selon des vidéos en ligne vérifiées par l'AFP.

"Cette année est l'année du sang, Seyed Ali sera renversé", a scandé une foule nombreuse devant une station de métro de Téhéran, dans une vidéo vérifiée par l'AFP, en référence au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

Les gens ont également afflué dans les rues d'autres villes, dont Bandar Abbas et Shiraz, où l'on a vu des femmes brandir pacifiquement leur foulard au-dessus de leur tête. Les ouvriers ont démonté leurs outils et les étudiants universitaires ont boycotté les cours dans la province du Kurdistan, dans l'ouest de l'Iran, dont est originaire Masha Amini, a indiqué le groupe de défense des droits de l'homme Hengaw, basé à Oslo.

Avec AFP et Reuters