
La commercialisation de la pilule abortive est désormais possible en Italie malgré les réticences du gouvernement et de l'Église catholique. La RU486 ne pourra être administrée que dans un cadre hospitalier.
AFP - La pilule abortive RU486 a reçu mercredi un feu vert définitif à sa commercialisation en Italie avec la publication au Journal officiel de l'autorisation de l'Agence italienne du médicament (AIFA), malgré les réticences du gouvernement et de l'Eglise catholique. L'Aifa avait autorisé le 31 juillet la commercialisation de la pilule au terme de près de deux ans de procédure, mais face aux critiques émises par des responsables catholiques et des membres du gouvernement, une commission du Sénat avait demandé un nouvel avis à l'Aifa, qui a confirmé le 2 décembre sa première décision. Cette décision est publiée au Journal officiel daté de mercredi, qui ne sera disponible dans sa version papier que jeudi et est dans l'immédiat consultable uniquement sur le site internet officiel du JO. L'utilisation de la pilule abortive sera fortement encadrée: la RU486 ne pourra être administrée que dans un cadre hospitalier, alors que dans la plupart des pays l'hospitalisation est jugée inutile. "Le débat n'est pas encore terminé, dès demain il faudra se demander pourquoi les Italiennes sont contraintes à rester à l'hôpital", a déclaré à l'AFP la sénatrice radicale Donatella Poretti, qui était montée plusieurs fois au créneau pour dénoncer la lenteur de la procédure d'autorisation de mise sur le marché. "Pour une procédure qui prend normalement 90 jours, il aura fallu attendre 763 jours", s'est-elle indignée, tout en se disant néanmoins "contente". Au moment du premier vote de l'Aifa, le sous-secrétaire à l'Intérieur, Alfredo Mantovano, avait déclaré: "On prend une décision comme s'il s'agissait d'un quelconque médicament contre la fièvre et non d'un instrument pour supprimer une vie, même si elle en est à son stade initial". Le président émérite de l'Académie pontificale pour la Vie du Vatican, Mgr Elio Sgreccia, avait de son côté réaffirmé comme sanction "l'excommunication pour le médecin, la femme et tous ceux qui poussent à l'utilisation" de la RU486. Cette pilule "n'est pas un médicament mais un poison mortel", avait-il ajouté. En septembre, l'inventeur français de la pilule abortive RU486, le Pr Etienne Baulieu, était venu à un congrès de gynécologie à Rome pour dénoncer le fait que l'Italie soir le "seul pays important d'Europe" où elle ne soit pas encore disponible. Le chef du gouvernement italien Silvio "Berlusconi n'était pas au mieux avec l'Eglise avec ses frasques, alors il a fait déclarer à ses ministres que la pilule abortive ce n'était pas bien, pour s'en rapprocher", avait-il estimé. C'est en novembre 2007 que le laboratoire français Exelgyn avait déposé une demande de mise sur le marché italien de la RU486, un médicament autorisé en France depuis 1988. La RU486 --à ne pas confondre avec la pilule du lendemain, le Norlevo, commercialisée en Italie depuis 2000-- permet de ne pas recourir à l'avortement chirurgical et d'interrompre par voie médicamenteuse une grossesse non désirée, inférieure à cinq voire sept semaines selon les pays. La loi italienne de 1978 autorisant l'avortement permet aux médecins d'user de leur droit à "l'objection de conscience" pour refuser de pratiquer l'acte, une possibilité appliquée par 70% des gynécologues dans le pays, selon les chiffres officiels.