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En rappelant sa position sur Jérusalem, l'UE veut jauger l'influence de sa diplomatie à l'étranger

Préoccupée par le blocage du processus de paix au Proche-Orient et soucieuse de mesurer le poids de sa diplomatie à l'étranger, l'Union européenne réaffirme le principe selon lequel Jérusalem doit être la capitale de deux États indépendants.

REUTERS - Désireux de reprendre la main au Moyen-Orient, les chefs de la diplomatie de l'Union européenne ont appelé mardi Israéliens et Palestiniens à négocier un statut de Jérusalem visant à en faire la capitale de deux Etats indépendants.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept avaient été appelés à renouveler les principes défendus par les Européens au Proche-Orient par la présidence suédoise de l'UE, à un moment décisif des deux régions.

Stockholm espérait ainsi à la fois oeuvrer à une relance du processus de paix et mettre le bloc communautaire sur les rails d'une diplomatie commune ambitieuse, une semaine après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne.

"S'il doit y avoir une paix véritable, une solution doit être trouvée à travers des négociations pour résoudre le statut de Jérusalem comme la future capitale de deux Etats", est-il indiqué dans le texte.

Les Européens se disent profondément préoccupés par la situation à Jérusalem-Est et rappellent qu'ils n'ont jamais reconnu l'annexion de la partie orientale de la ville sainte. Ils demandent également au gouvernement israélien de "cesser les "traitements discriminatoires à l'égard des Palestiniens de Jérusalem-Est".

La déclaration, même si elle ne fait que reprendre des positions défendues de longue date, coïncide avec de vives pressions internationales pour que l'Etat hébreu mette un terme à l'expansion des colonies juives, en particulier à Jérusalem-Est, et reprenne langue avec les Palestiniens.

La partie orientale de Jérusalem est considérée par les Palestiniens et la communauté internationale comme la capitale d'un futur Etat Palestinien, dont le statut devra faire l'objet de négociations.

Mais Israël, qui l'a occupée en juin 1967 puis annexée, considère la ville sainte des trois religions monothéistes comme sa capitale "une, indivisible et éternelle" et l'actuel Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, refuse catégoriquement d'inclure une discussion sur son statut futur dans des discussions de paix.

Influence internationale

Réagissant à la déclaration européenne, le ministère israélien des Affaires étrangères s'est félicité "qu'à la fin du processus, la voix des Etats européens responsables et raisonnables (ait) prévalu".

Depuis Ramallah, en Cisjordanie, le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a de son côté déclaré à Reuters qu'il s'agissait d'un "grand jour pour le droit international, pour la légitimité internationale, pour la justice et pour que notre peuple commence à avoir un sentiment d'espoir envers le futur".

Au-delà de son influence au Moyen-Orient, c'est aussi sa place sur la scène internationale que l'Union européenne a cherché à mesurer lors de cette discussion.

"Les discussions de ces derniers jours montrent que la voix de l'Europe compte, qu'elle ne s'évanouit pas dans le désert", s'est félicité le ministre suédois des Affaaires étrangères, Carl Bildt, à l'issue de la réunion.

"Cette voix, qui milite pour une reprise la plus rapide possible du processus de paix, compte et saura être entendue", a-t-il ensuite ajouté face à la presse.

Le bloc vient de se doter d'un nouveau Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, Catherine Ashton, qui, à la tête d'un service d'action diplomatique et forte d'une puissance de frappe financière, a pour mission de donner un visage à l'UE sur la scène internationale.

Cette dernière, qui présidera à partir du mois prochain les réunions des ministres européens des Affaires étrangères, a insisté mardi sur sa volonté de faire jouer à l'Union "un rôle capital" sur les grands dossiers du monde.