
Allergies, maladies, malnutrition : selon le docteur Sandrine Segovia-Kueny, membre de l’Association santé environnement France, la santé humaine est, elle aussi, gravement menacée par le réchauffement climatique.
L’Agence américaine de protection de l’environnement a déclaré, lundi, que les émissions de gaz à effet de serre étaient dangereuses pour la santé. Alors que la conférence de l'ONU sur le climat se déroule au Danemark jusqu’au 18 décembre, le docteur Sandrine Segovia-Kueny, médecin généraliste et présidente de l’Association santé environnement France pour la région Ile-de-France, déplore que les conséquences sanitaires du réchauffement climatique ne soient pas suffisamment prises en compte.
Quel est l’impact du réchauffement climatique sur la santé ?
Dès 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) expliquait que, chaque année, 150 000 décès - qui n'auraient pas eu lieu dans un contexte normal - étaient liés à la hausse des températures sur la planète. Malgré cela, l’impact du réchauffement sur la santé apparaît toujours comme un sujet marginal. C’est encore le cas à Copenhague. Or, d’ici à 20 ans, on s’attend à ce que le phénomène provoque la mort de 500 000 personnes par an.
Quels sont les pays les plus concernés par ces risques sanitaires ?
Les pays pauvres sont les plus vulnérables. Le réchauffement favorise les catastrophes naturelles, mais aussi le développement des maladies vectorielles, qui se transmettent par le biais d'organismes vivants, comme les moustiques ou les tiques. Les insectes qui les portent se reproduisent, en effet, beaucoup plus quand il fait chaud et humide. Or, la dengue, le paludisme, le chikungunya touchent déjà de nombreux pays en développement, notamment en Afrique.
En outre, si les précipitations augmentent dans certaines régions, ce n'est pas le cas dans les pays les plus arides, où la sécheresse est chaque année plus intense. Conséquences : leur production agricole diminue, la malnutrition des populations s'aggrave et le problème de l’accès à l’eau s'intensifie.
Les pays développés sont-ils également concernés ?
Dans les pays développés, les inondations causent déjà de nombreux morts et blessés. Si, en Europe, elles sont liées, pour la plupart, à une hausse des précipitations, en Chine, c’est plutôt la fonte des glaces qui en est responsable.
Les vagues de chaleur vont également poser problème : en France, on en prévoit une tous les deux ans d'ici à la fin du XXIe siècle. Or, pour les personnes fragiles, comme les enfants et les asthmatiques, la multiplication des périodes de canicule, pendant lesquelles la pollution atmosphérique s'accroît, représente un danger.
Le risque de voir les maladies vectorielles se développer en Europe n'est pas absent non plus. Avec le réchauffement, les insectes qui les véhiculent ont de nouveaux terrains de chasse. Transportée par les tiques, la maladie de lyme s’installe partout en Europe, par exemple. Certaines voix affirment également que le paludisme pourrait y faire son apparition, ce qui pourrait avoir de graves conséquences dans les pays méditerraéens qui n'auront pas le moyen de lutter efficacement contre la maladie.
Enfin, le réchauffement favorise le développement des allergies. Plus il fait chaud, plus la période de pollinisation des plantes s’allonge, et plus celles-ci évoluent dans un milieu pollué, plus elles produisent de pollen. Entre 2030 et 2050, les allergies devraient ainsi concerner une personne sur deux en France.
Jusqu’au 18 décembre, Sandrine Segovia-Kueny interviewe chaque jour un médecin sur le site de l’Association santé environnement France, évoquant avec lui l’impact du réchauffement climatique sur la santé.
Plus d’infos sur le site de l’OMS.