logo

Les Vingt-Sept renouent avec la Serbie

Les Pays-Bas, qui bloquaient depuis un an et demi la signature d'un accord commercial avec Belgrade, ont accepté de lever leur objection bien que les deux derniers Serbes recherchés par le TPIY n'aient toujours pas été arrêtés.

AFP - L'Union européenne a décidé lundi de relancer son processus de rapprochement avec Belgrade, bloqué depuis un an et demi par les Pays-Bas qui continuent à insister malgré tout pour que les deux derniers Serbes recherchés par la justice internationale soient arrêtés.

Seul pays à renâcler jusqu'ici, les Pays-Bas ont levé leurs objections à la mise en oeuvre d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Serbie qui était en jachère depuis avril 2008; la décision a été prise lors d'une réunion des ministres des Affaires européennes de l'UE à Bruxelles.

"Les Néerlandais ont dit qu'il fallait faire un geste (à l'égard de la Serbie) tout en maintenant la pression" pour que ce pays continue de coopérer avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI), a indiqué un diplomate européen.

Cet accord commercial, dit "intérimaire", est un avant-goût d'un Accord de stabilisation et d'association (ASA) signé en avril 2008 entre l'UE et la Serbie, mais jamais appliqué, et qui constitue lui-même l'antichambre à l'adhésion pour un pays y aspirant.

Les Pays-Bas se veulent très fermes sur la nécessité d'une "coopération entière" de Belgrade avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) de La Haye. En clair: l'arrestation des deux derniers fugitifs recherchés par le TPI, Goran Hadzic, un ancien chef des Serbes de Croatie, et surtout Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, inculpé de génocide.

Les Néerlandais restent traumatisés par l'impuissance de leurs Casques bleus à empêcher le massacre de musulmans bosniaques, en juillet 1995 à Srebrenica, pour lequel Ratko Mladic a été inculpé.

Même avec la levée du veto néerlandais à l'accord commercial, l'ASA reste lui en suspens. Toute ratification ne sera possible que si Belgrade réalise cette "coopération entière", a souligné une source diplomatique européenne.

Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité de l'ONU, présenté jeudi à New York, le procureur du TPI, Serge Brammertz, a reconnu que la coopération de Belgrade avec le tribunal continuait "de se renforcer", tout en appelant les autorités serbes à poursuivre de façon déterminée leurs efforts pour retrouver Ratko Mladic et Goran Hadzic.

"La balle est dans la camp des autorités serbes", a répété M. Brammertz à son arrivée à Bruxelles. "Je crois qu'il y a des chances réelles d'obtenir les arrestations" des fugitifs, a-t-il toutefois ajouté.

"Le rapport constitue une photographie de l'état des lieux à un moment donné, mais (le rapprochement UE/Serbie) est un processus. Il faut continuer à faire pression" sur Belgrade, a averti un diplomate néerlandais s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Le gouvernement pro-européen en place à Belgrade depuis juillet 2008 pourrait dans la foulée déposer officiellement sa candidature à l'UE d'ici à la fin de l'année ou en janvier.

En visite à Bruxelles le mois dernier, le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, avait indiqué que Belgrade déposerait sa demande d'adhésion à l'UE d'ici la fin de l'année et qu'il espérait que son pays rejoindrait le bloc d'ici 2014.

Les Serbes viennent de bénéficier d'un autre geste concret de l'UE: à compter du 19 décembre, les ressortissants serbes -à l'exception de ceux résidant au Kosovo- pourront voyager sans visa vers les pays européens membres de l'espace Schengen.

"Le mur de Schengen est tombé", s'est réjouie la radio publique serbe tandis que la compagnie aérienne Jat Airways a lancé une campagne promotionnelle baptisée "l'Europe pour nous tous", en proposant des vols à 19 euros pour de nombreuses destinations européennes.