
Les cadres français demeurent pessimistes. Pourtant, concernant l’avenir de l’entreprise dans laquelle ils travaillent, 70 % des cadres s’estiment "confiants" pour 2010.
Les interviews utilisées pour ce sondage ont été effectuées du 19 au 25 novembre 2009, par téléphone, sur un échantillon de 402 personnes représentatif de la population des cadres résidant en France métropolitaine.
La représentativité est assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, statut d’activité (salarié du secteur public ou du secteur privé). Sondage Viavoice réalisé pour HEC, Le Figaro Réussir, L’Express Réussir, France Inter et France 24.
Analyse de François Miquet-Marty, Viavoice
La ministre de l’Economie affiche quelques motifs d’optimisme pourtant, cet optimisme ne semble pas partagé par les cadres français : l’indice synthétique de notre baromètre est stable, et arrimé à des niveaux très négatifs. Pour autant, apparaissent également plusieurs signaux positifs, souterrains par rapport à la moyenne que constitue notre indice synthétique, mais d’une grande importance : ils constituent autant d’améliorations occultées.
Persistance d’une morosité globale
Globalement, les cadres français demeurent pessimistes. L’indice synthétique de notre baromètre est rivé à -30, confirmant le piètre niveau enregistré le mois dernier.
Cette stabilité globale s’explique par un double phénomène :
Les tendances à la hausse sont ténues et ciblées : les deux seuls indicateurs en progression sont les anticipations concernant le niveau de vie en France (13 %, +3) et concernant la situation financière des cadres (14 %, +2) ;
En parallèle, apparaissent des dégradations sur d’autres indicateurs : en particulier la motivation des collaborateurs enregistre un repli de 3 points, à 59 %.
Qui plus est, les signaux de fragilité demeurent : 43 % des cadres estiment que leur entreprise a une stratégie à moins d’un an ; ce résultat est particulièrement révélateur du manque de visibilité d’un grand nombre d’entreprises, que ce soit en termes commercial ou en termes financier.
Perspectives encourageantes et occultées
Mais par ailleurs, au-delà de ces données manifestes, notre enquête révèle plusieurs perspectives encourageantes :
Concernant l’avenir de l’entreprise dans laquelle ils travaillent, 70 % des cadres s’estiment « confiants » pour 2010 ; au registre des secteurs d’activité les plus sereins apparaissent le commerce et les services marchands ; demeurent, en revanche, de fortes inquiétudes dans les secteurs des transports et des télécommunications qui ont, il est vrai, particulièrement souffert depuis le développement de la crise ; en outre cette confiance constitue une bonne nouvelle, puisqu’elle augure des démarches volontiers plus volontaires en termes d’investissements et de plans de croissance.
En matière d’emploi, la proportion de cadres qui considèrent que le nombre de chômeurs « augmentera nettement » au cours des mois qui viennent est en baisse notable : seul un quart des cadres exprime aujourd’hui cette opinion, soit une diminution de 10 points par rapport aux données enregistrées le mois dernier ; surtout, en évolution sur la plus longue durée, cet indicateur est en baisse de 45 points par rapport au record enregistré en mars (70 %) ; cette perception des cadres est frappante alors que le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a déclaré que les prochains mois seraient difficiles sur le front de l'emploi et que des mesures « plus offensives » seraient nécessaires ;
Sur un plan matériel, 47 % des cadres pensent que le « niveau de vie » se dégradera d’ici un an, soit un repli de cinq points par rapport aux données recueillies le mois dernier, et de 26 points par rapport au record connu en février (73 %).
En l’état actuel des choses, les cadres sont très majoritairement confiants pour l’avenir de leur entreprise, et de moins en moins inquiets pour deux composantes majeures de l’économie française en général (emploi et niveau de vie).
Le catalyseur, qui permettrait à la psychologie collective des cadres de renouer avec une véritable dynamique, consisterait en une convergence de ces deux perceptions : un espoir micro-économique conjugué à un espoir macro-économique seraient les deux termes qui, ensemble, nourriraient le moteur d’une confiance reconquise. C’est là, pour une large part, l’enjeu des prochains mois.